
Stations (hors) service !
Cette histoire de pénurie d'essence aura quand même été dingue ! Les Français qui aiment se prendre la tête sur l'histoire de l'œuf et de la poule ont, avec le carburant, de quoi animer quelques discussions familiales pour la Pentecôte.
À l'origine, un mouvement social chez certains transporteurs de carburant. Le conflit est entré aujourd'hui dans sa septième journée (fin possible aujourd'hui). Jusqu'à il y a trois jours, vous n'en aviez pas vraiment entendu parler. Et puis, soudainement, il y a eu un emballement médiatique.
E.Leclerc est le deuxième distributeur de carburant en France. Dans notre vie, nous avons déjà été confrontés à des situations de pénurie sur l'essence, nées de mouvements sociaux.
Mais contrairement aux crises précédentes (2010, 2013 et 2016), nous avons cette fois été confrontés à une situation nouvelle où toutes les raffineries fonctionnaient et expédiaient à peu près normalement, et où tous les dépôts pétroliers étaient approvisionnés, que ce soit par cargo, barge ou pipeline.
Malgré cela, le mot a tourné en boucle ces 48 dernières heures dans de nombreux médias : PÉ-NU-RIE !
À quelques jours d'un week-end prolongé, il n'en fallait pas plus pour affoler des automobilistes qui ont alors commencé à se ruer sur les pompes, 'au cas où'.
Sur les trois premiers jours de la semaine, nous avons enregistré au niveau national une augmentation moyenne des volumes d'environ +80 % par rapport à une période comparable normale. Les consommateurs de la région parisienne ont même surréagi, avec une augmentation de plus de +100 % !
Cet afflux soudain de véhicules assoiffés a surpris tout le monde. Rien qu'hier, nos stations ont servi deux fois plus de carburant qu'un jour normal.
Du coup, cette peur de la panne sèche (infondée à l'heure où elle prenait de l'ampleur) a clairement contribué à vider les cuves d'un nombre croissant de stations devenues 'hors-service', tout cela de manière irrationnelle.
On appelle ça la prophétie auto-réalisatrice. Un exemple de crise à méditer, à l'heure où les réseaux sociaux amplifient les phénomènes de foule !
4 Commentaires
Tout à fait d'accord avec ce commentaire. Faire des réserves est un sujet qui provoque souvent bien des malentendus. L'un de ces malentendus entretient l'idée que la pratique du stockage viendrai d'une profonde peur nous menant a croire qu'un manque serait inévitable. Que la pratique du stockage n'est que l'expression d'une certaine paranoïa.
Cordialement
Alain Chéreau
En effet, ce retour du rationnel sur un dossier qui s'emballe est plutôt rassurant.
Je ne suis par vraiment l'actualité, juste la radio d'une oreille distraite. En revanche les messages et photos postés par mes contacts sur les réseaux sociaux fleurissaient de photos de stations prises d'assaut et de message de type "c'est comme comme en 68" ou bien "va falloir ressortir les vélos!!". La valeur statistique semble inversement égale à la valeur anxiogène!
Je peux donc attendre assez sereinement la fin de ce délire.
Bonne journée à vous
Vous avez bien raison d'en appeler ainsi...à la raison!
Carlos
ps : j'apprécie beaucoup votre blog