
Macron - Villiers: Erreurs de communication, erreurs de gouvernance
L’épisode très théâtralisé qui a conduit à la démission du général de Villiers va fournir l’occasion de nombreuses « études de cas » dans les écoles de management et de communication.
Incontestablement, c’est un premier couac dans une mécanique extrêmement bien huilée, qui pour le moment, plaçait le locataire de l’Elysée au top de l’efficacité en matière de communication.
La démission de Pierre de Villiers pourrait ne constituer qu’un épisode parmi d’autres de la vie politique française, s’il n’avait pas concerné un domaine archi-régalien pour lequel les français avaient justement reviré leur cuti antimilitariste.
On aurait discuté de l’amputation du budget des armées il y a 10 ans, tout le monde s’en serait foutu. Aujourd’hui, chacun a conscience que la deuxième armée la plus déployée dans le monde a besoin de moyens.
Aussi, quels que soient les excès de caractère attribués à Pierre de Villiers, cette manière qu’a eue Emmanuel Macron de le rabrouer apparaitra à bien des décideurs comme une faute de gouvernance. Et elle restera incomprise du grand public.
Dans la forme, le Président a donné une audience publique démesurée à ce qui apparaît à première vue comme une querelle d’égos. Pour rappeler qu'il est le chef, fallait-il prendre le risque d’humilier le général devant ses pairs ? Subsidiairement, un chef déjà légitimé a-t-il besoin de rappeler aussi ostentatoirement qu’il est le chef ?
Sur le fond, cette querelle rend l’objectif budgétaire illisible. On parle d’amputation en 2017, puis d’augmentation de la dépense dès 2018. C’est déjà une ambiguïté sur les promesses chiffrées. Et ça créé un doute sur la capacité de consensus, dans le rang des armées comme au gouvernement.
D’un point de vue purement managérial, il est logique de rappeler le prima du politique sur le militaire. Mais, par cette bévue, Emmanuel Macron installe lui-même une querelle des chefs. Il rentre tête haute dans le piège institutionnel qu’il avait pourtant dénoncé : restaurer la grandeur de la fonction, sortir de l’épisode de « président normal » pour réaffirmer les fonctions régaliennes n’implique ni le retour à une république monarchique, ni l’absence de bienveillance. Il aurait exprimé son autorité avec plus de fraternité d’armes, il n'en aurait que plus gagné le cœur de ses soldats et de ses citoyens.
Un exemple à ne pas suivre, ni à transposer...
10 Commentaires
C'est l'histoire d'un homme sans bilan, qui donne des leçons à quelqu'un qui a tout prouvé.
Ça pose la question du mérite, et c'est la un point qui peut facturer la confiance que chacun peut avoir dans son supérieur. Suis promu pour mes compétences et mon expertise ou bien...pour ma capacité à suivre...le leader du moment...
Le ménage commence. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs...
Ce Macron a des petits côtés Valls, le coup de menton facile et finalement un autoritarisme qui espérons le ne cache pas un manque abyssal de fond! A suivre de très près, car il vient de commencer, et dans les 100 1ers jours, ça fait un peu désordre qui ajouté à celui d'une AN un peu folklo...
Quand il faut faire des économies, c'est pareil pour tout le monde, au niveau de l'armée, sans toucher aux moyens, on peut s'attaquer aux gaspillages.
Il suffit d'ouvrir les yeux et de changer certaines pratiques : Les couverts en argent massifs pour les officiers existent toujours dans la marine ?
Tout cela, j'en suis d'accord, était bien évitable et pourrait, dans le temps, s’avérer être néfaste pour la suite de son mandat et donc pour nous !
Notre CEMA a fait un travail de fond dans les Armées depuis 3 ans sans faille et toujours avec beaucoup de tact et d'humanisme...
Connaissant mon Ami Pierre de Villiers depuis 30 ans, je peux vous assurer qu'il a préférer démissionner que d'être éjecté par ce jeune lapin de 6 semaines, pour sauver son honneur...
Les vérités concernants les problèmes financiers des Armées sont une partie de la colère du président, il faut pas oublié que les de Villiers sont anti Macron...!
Major NICOLLE, conseiller technique militaire de la Défense