CULTURE Actus - Débats

« The Wall » (Bercy) : Retour sur Roger Waters par Philippe Violeau

Personnellement, j’en ai repris deux fois. Je suis allé le voir le 31 mai : un public de fans, beaucoup de quinquas, et même les plus jeunes connaissaient les paroles. J’y suis retourné le 1er juillet. Génial ! Parmi le public, Philippe V., normand, pro des télécoms, complètement dévoué à la cause du rock. Il connaît tout des Pink Floyd, possède tous les albums, c’était son 6ème Waters. Il est sorti de Bercy complètement stone. Comme précédemment à Wolfoni et Replikant, je lui ai proposé de poster son commentaire passionné. « The Wall, c’est l’idée de Waters, son œuvre, même si d’autres membres des Pink Floyd ont aussi collaboré à son écriture. Depuis 1979 (sortie de The Wall sous la forme d’un album vinyle), The Wall n’avait été joué « live » que peu de fois. Peu de salles peuvent recevoir l’immense scène qui, même pour l’époque, nécessitait déjà beaucoup de moyens. The Wall, version 2010/2012, c’est aujourd’hui un méga show qui a mobilisé le meilleur de la technologie pour obtenir des effets sonores, visuels et graphiques époustouflants ». Philippe cite Gerald Scarfe : « C’est le fidèle créateur des personnages et des animations de The Wall. Notamment les fameux marteaux défilants… L’idée géniale, c’est de construire le mur brique par brique, tout au long du spectacle. Il sert de support à toutes les animations, jeux d’ombres et messages. Chaque nouvelle brique (Another Brick In The Wall) s’approprie une image projetée qui finit par se fondre dans l’immensité du mur. Il faut voir la complexité du système de projection : parfois, autant d’images que de briques ! Mais c’est fluide, géré avec une dextérité exceptionnelle. Pour tout voir, il faudrait revenir ! ». (Ce qu’il a fait !). Pas de temps mort. « De l’ouverture (une époustouflante salve sonore et pyrotechnique, In the Flesh !) jusqu’à l’explosion du mur, le spectacle est conçu en deux parties. Avec même un entracte, « intermission » inscrit en grand sur le mur, comme lors des projections des plus beaux péplums hollywoodiens (Les Dix Commandements, Cléopâtre…) ». Le contenu aurait vieilli ? Pacifisme rouillé ? Trop « peace and love » ? « Pas du tout. La guerre reste la guerre et le système continue à produire ses folies dévastatrices. Les messages politiques ont été actualisés. Au portrait du père de Waters, pilote décédé pendant la guerre 39-45 (campagne d’Italie), on a rajouté ceux de victimes des bombardements en Irak, en Indonésie, ou ceux des pompiers du 11 septembre. Des gouvernements et de grandes compagnies internationales en prennent pour leur grade ! Tout cela reste d’actualité et le show risque d’être mal accepté, voire interdit dans certains pays. Après l’Amérique du Nord en 2010, Roger Waters doit se produire en 2012 en Asie, en Australie, Nouvelle-Zélande et en Amérique du Sud ! J’ai été stupéfait de la réaction positive du public. Il siffle et hue avec Waters : « Mama, should I trust the government ? ». Vous imaginez ça en Chine ? Philippe raconte encore : « Waters est un vieux briscard. Certains albums des Pink Floyd étaient déjà interdits en URSS (The Final Cut). Certes, on peut reprocher à Waters de jouer les opportunistes. The Wall n’a de commun avec l’oppression politique du monde communiste que la dénonciation du totalitarisme dans son aspect liberticide. Mais cette version parle aux tripes. C’est pour cela que The Wall Live est un chef-d’œuvre. Comment rester insensible au procès du personnage principal (The Trial) ou au regard des enfants (projection vidéo) retrouvant leur père de retour du front. 30 ans que j’attendais ça. The Wall avait été joué une fois, en 1990, sur Potzdamer Platz à Berlin pour fêter la chute du mur. Mais le choix des acteurs était discutable (limite burlesque). Il n’y avait pas ce recul. Musicalement, Bercy est parfait. On aurait rêvé retrouver les Pink Floyd au complet, mais Rick n’est plus, Nick et David n’ont fait qu’une apparition fortuite lors d’un concert londonien (pour ne jouer qu’un seul morceau !). Qu’importe ! L’acteur Waters mène le show (sauf au début de la seconde partie, lors de la sublime interpellation « Hey you » où rien ne se passe sur scène, le public faisant face au grand mur blanc). Il s’est assuré le renfort de chanteurs et de choristes. Pas de femmes (Waters s’en est excusé dès l’annonce de cette tournée, mais c’est dommage car The Wall était admirablement chanté par P.P. Arnold lors de la précédente production) ». Philippe est intarissable. On ne lui souhaite qu’une chose : revenir à Bercy fin 2012 si la trajectoire de The Wall passe par l’Europe.

0 Commentaires

Laisser un commentaire

Cette adresse n'apparaîtra pas à la publication
CAPTCHA