SOCIÉTÉ
Actus / Débats
L’inflation, la concurrence, les prix
Ah qu’en termes savants ces choses-là sont dites ! Lisez les éditoriaux dans les revues financières, décryptez la gourmandise avec laquelle, presque ostentatoirement, certains économistes ou commentateurs boursiers appellent désormais au « retour de l’inflation ».
Personne ne conteste, même si c’est par artifice, qu’un chiffre d’affaires gonflé par la hausse des prix met du baume au cœur de l’entreprise. Annoncer une croissance de 3 ou 4 points, même si en volume, ça n’en fait qu’un, ça présente mieux pour tout le monde !
Mais ce qu’on ne dit pas assez, c’est que l’inflation s’attaquera principalement au pouvoir d’achat de nos concitoyens.
Je ne crois pas à l’efficacité d’une politique de rigueur qui s’accommoderait d’une baisse de pouvoir d’achat des salariés (il faut continuer à nourrir la croissance). Les politiques doivent en prendre conscience.
En tout cas, pour ce qui est de ma responsabilité d’entrepreneur, j’engagerai résolument les centres E. Leclerc à faire, en 2012, la même politique de prix bas qu’en 2011.
Même si le contexte rend la chose plus financièrement risquée. Même s’il nous faudra subir les hurlements de quelques lobbies industriels.
Comparateur de prix : l’enseigne a mis en ligne, la semaine dernière, une nouvelle version actualisée des relevés de prix comparés sur « quiestlemoinscher.com ». Les écarts restent substantiellement les mêmes entre enseignes. Ils recouvrent quasiment les mêmes classements obtenus dans les relevés professionnels (qui ne sont pas accessibles au public).
A cette occasion (nous l’avions promis), nous étendons de plus en plus la comparaison à des marques de distributeur. Ce sont des produits qui ne sont pas de marque identique, mais qui correspondent à des compositions et à des besoins comparables.
Relevés de prix : l’une des difficultés pour publier un comparateur, c’est d’effectuer des relevés de prix. Le site « quiestlemoinscher.com » publie plus de 300 000 prix à chaque vague de comparaison.
Les panélistes professionnels qui vivent de la manne de tous les distributeurs s’opposent à ce que nous publions les résultats de leur enquête. Alors, il nous faut les récolter par nous-mêmes ou acheter ces relevés. Ça coûte très cher (c’est évidemment un problème), mais surtout les concurrents n’aiment pas qu’on leur rende visite !
La Cour de cassation vient de nous rendre un sacré service.
Un magasin Carrefour, dans la zone de Montpellier, s’était opposé à ce que des salariés du E.Leclerc de Saint-Aunés (même zone de chalandise) viennent relever les prix dans les rayons. La Cour d’appel avait suivi notre concurrent en vertu « de son droit de propriété ». Pas question d’accepter des relevés de prix « au moyen de lecteurs optiques ».
La Cour de cassation n’a pas vu la chose du même œil. Elle considère que « la pratique du relevé de prix entre commerces concurrents découle d’une bonne gestion d’une activité commerciale et de la libre concurrence et ne porte pas atteinte à la propriété du commerçant ». Mieux, elle rappelle que « la fixation des prix par le libre jeu de la concurrence commande que les concurrents puissent comparer leurs prix et en conséquence en faire pratiquer des relevés par leurs salariés dans leurs magasins respectifs ».
Voilà donc un droit bien établi.
14 Commentaires
Ca, c'est le bon côté de la route. C'est bien. Merci, il faut continuer.
Et pourtant:
Là je m'adresse au chef d'entreprise: Quand on ne peut plus consommer, même moins cher.
J'accompagne M. dans sa recherche d'emploi, c'est mon métier. Elle est depuis plus d'un an sans emploi elle a plus de 50 ans.Elle a travaillé toute sa vie, cadre associatif puis commerciale. sans ressources aujourd'hui.
Lundi matin elle me téléphone "j'ai fait une connerie samedi soir, j'ai pris tous mes cachets et je me suis retrouvée aux urgences..."
"Qu'est-ce qui s'est passé?"
"J'avais postulé sur une offre d'animatrice commerciale pour une marque de café, toute la semaine l'entreprise m'a appelée pour me brieffer sur la marque, les dosettes etc..J'ai pris des notes je me suis renseignée sur internet pour être fin prête. Vendredi soir elle m'appelle pour l'entretien final, tout se passe bien et puis elle me demande "quel âge avez vous ce n'est pas mentionné sur le CV?" Je lui réponds qu'elle peut évaluer à peu près selon les dates des diplômes, premiers postes et que j'ai 57 ans "aaah ça ne va pas être possible, l'âge moyen de l'équipe... dynamique...fatigue", je ne sais plus. j'en ai été malade toute la nuit, je me suis sentie inutile, au rebut, plus bonne à rien...Je voulais que ça s'arrête"
Chronique ordinaire, on ne peut plus ordinaire...entre autres tout aussi ordinaires.
Qu'est-ce qui se passe dans les entreprises?
Je comprends votre point de vue. Impossible d'accepter le retour de l'inflation si les salaires et les pensions restent bloqués.
Et pourtant tout augmente! Combattre les hausses de tarif c'est aujourd'hui fragiliser l'emploi dans l'industrie.
Si le prix n'augmente pas il faut espérer compenser par du volume additionnel. Alors l'automatisation, la meilleure gestion des sites et le rapprochement des activités détruit l'emploi et le pouvoir d'achat.
L'administration a l'avantage de reclasser en interne le personnel ou de supprimer des postes avec les départs à la retraite.
Dans le privé le système n'est pas aussi bien huilé.
Notre système est en danger il est peut être temps de remettre en question certains modèles économiques. Que proposez vous pour maintenir l'emploi dans l'industrie agroalimentaire?
La solution serait peut être d'indexer le nombre d'emploi par rapport au chiffre d'affaires réalisé dans chaque entreprise avec une réflexion à mener par secteur d'activité. Ainsi la performance de chaque entreprise sera mesurée avec un taux de masse salariale obligatoire. L'effet bénéfique de ce système sera de rendre inutile le recours à la main d'oeuvre non déclarée et de faire rentrer des recettes dans les caisses de l'état sans pénaliser le pouvoir d'achat.
Je lis actuellement la biographie de Steve Jobs et je dois dire que vous avez certains points communs.
- Une science et un instinct du commerce hors du commun
- Un "champ de distorsion de la réalité" extrêmement puissant
Je citerais un exemple:
"Les panélistes professionnels qui vivent de la manne de tous les distributeurs".
Vous occultez que ces panélistes réalisent la quasi totalité de leur chiffre chez les fournisseurs. Qui sont ensuite invités à vous communiquer les informations utiles et chères…
Vos matrices que vous faite compléter par les fabricants sont célèbres dans toutes la distribution française.
Personne ne remet en cause votre engagement sur les prix par contre faire croire que c’est vous qui fournissez les plus gros efforts relève vraiment de la déformation de la réalité...
Demain, vous serez peut être tenté d’expliquer que c’est vous qui financez la promotion sur les marques…
Ingénieur dans l'industrie depuis 18 ans(PMI et groupe international) à différentes positions (dont managerial), je dispose aujourd'hui d'une certaine expérience de la relation client-fournisseur.
Je comprends votre souhait d'equité en matière de prix pour soutenir le pouvoir d'achat, je soutiens vos initiatives de consommation responsables et d'alliances locales.
Je pense cependant qu'il faille aller encore plus loin, qu'il faille réinventer la notion de relation client-fournisseur, qui s'est selon moi considérablement dégradée au cours de ces 2 dernières décennies.
La guerre des prix dont vous vous êtes fait le porte drapeau national, a désormais envahi toute l'industrie. Il est devenu le maître mot de tous les groupes et a désormais conquis les PMI. Les contrôleurs de gestion contrôle le moindre coût, le moindre écart et demande des rapports et justifications heure par heure.
La conséquence de cela; la rigueur (nécessaire à toute industrie) a balayé la créativité, l'enthousiasme, l'imagination, le travail d'equipe, le partage de connaissance, la pédagogie, l'entraide, le plaisir,la fierté et la dignité.
Pour autant, je suis tout sauf pessimiste, et je pense que la société est prête pour changer de modèle. Et comme vous le dites si souvent c'est le consommateur qui fera changer la société et non le politique.
La consommation responsable est le défit de ces prochaines années, et c'est par elle que changeront les relations intra-professionnelles, les relations clients-fournisseurs, pour remettre les hommes et les femmes qui sont la richesse des industries au centre des objectifs et stratégies de nos entreprises.
J'ai bien trop participé à des audits fournisseurs pour savoir qu'elles en sont les excès et les travers.
Désormais l'Homme doit être au centre des préoccupations des centrales d'achat, et être clairement identifié lorsque le consommateur s'approprie un produit, comme c'est le cas pour les oeuvres d'art par exemple.
Pour le vivre au quotidien depuis de longues années maintenant, je puis vous assurer, qu'il suffirait d'une toute petite étincelle pour redonner la lumière à tous ces hommes et femmes qui oeuvre avec coeur dans nos industries grandes ou petites.
Et comme vous le dites vous même ce ne sont pas de simples labels ou autres normes qui sont aujourd'hui vus comme de simples instruments du marketing, qui permettront de regagner cette confiance.
Il faut aller bien plus loin, avec force et courage.....
je voudrais alerter quelques internautes sur le contenu qui pourrait se trouver en filigrane sur ce blog, au demeurant sérieux.
Il s'agit d'une dérive forte de nos valeurs vers le tout pognon :
Liberté => pouvoir d'achat
Egalité => libre concurrence
Fraternité => croix rouge
L'argent pour le pouvoir, la libre concurrence pour la légitimité, les donations pour la conscience. mercibonsoir !
Ca, c'est le bon côté de la route. C'est bien. Merci, il faut continuer.
Et pourtant:
Là je m'adresse au chef d'entreprise: Quand on ne peut plus consommer, même moins cher.
J'accompagne M. dans sa recherche d'emploi, c'est mon métier. Elle est depuis plus d'un an sans emploi elle a plus de 50 ans.Elle a travaillé toute sa vie, cadre associatif puis commerciale. sans ressources aujourd'hui.
Lundi matin elle me téléphone "j'ai fait une connerie samedi soir, j'ai pris tous mes cachets et je me suis retrouvée aux urgences..."
"Qu'est-ce qui s'est passé?"
"J'avais postulé sur une offre d'animatrice commerciale pour une marque de café, toute la semaine l'entreprise m'a appelée pour me brieffer sur la marque, les dosettes etc..J'ai pris des notes je me suis renseignée sur internet pour être fin prête. Vendredi soir elle m'appelle pour l'entretien final, tout se passe bien et puis elle me demande "quel âge avez vous ce n'est pas mentionné sur le CV?" Je lui réponds qu'elle peut évaluer à peu près selon les dates des diplômes, premiers postes et que j'ai 57 ans "aaah ça ne va pas être possible, l'âge moyen de l'équipe... dynamique...fatigue", je ne sais plus. j'en ai été malade toute la nuit, je me suis sentie inutile, au rebut, plus bonne à rien...Je voulais que ça s'arrête"
Chronique ordinaire, on ne peut plus ordinaire...entre autres tout aussi ordinaires.
Qu'est-ce qui se passe dans les entreprises?
Je comprends votre point de vue. Impossible d'accepter le retour de l'inflation si les salaires et les pensions restent bloqués.
Et pourtant tout augmente! Combattre les hausses de tarif c'est aujourd'hui fragiliser l'emploi dans l'industrie.
Si le prix n'augmente pas il faut espérer compenser par du volume additionnel. Alors l'automatisation, la meilleure gestion des sites et le rapprochement des activités détruit l'emploi et le pouvoir d'achat.
L'administration a l'avantage de reclasser en interne le personnel ou de supprimer des postes avec les départs à la retraite.
Dans le privé le système n'est pas aussi bien huilé.
Notre système est en danger il est peut être temps de remettre en question certains modèles économiques. Que proposez vous pour maintenir l'emploi dans l'industrie agroalimentaire?
La solution serait peut être d'indexer le nombre d'emploi par rapport au chiffre d'affaires réalisé dans chaque entreprise avec une réflexion à mener par secteur d'activité. Ainsi la performance de chaque entreprise sera mesurée avec un taux de masse salariale obligatoire. L'effet bénéfique de ce système sera de rendre inutile le recours à la main d'oeuvre non déclarée et de faire rentrer des recettes dans les caisses de l'état sans pénaliser le pouvoir d'achat.
Je lis actuellement la biographie de Steve Jobs et je dois dire que vous avez certains points communs.
- Une science et un instinct du commerce hors du commun
- Un "champ de distorsion de la réalité" extrêmement puissant
Je citerais un exemple:
"Les panélistes professionnels qui vivent de la manne de tous les distributeurs".
Vous occultez que ces panélistes réalisent la quasi totalité de leur chiffre chez les fournisseurs. Qui sont ensuite invités à vous communiquer les informations utiles et chères…
Vos matrices que vous faite compléter par les fabricants sont célèbres dans toutes la distribution française.
Personne ne remet en cause votre engagement sur les prix par contre faire croire que c’est vous qui fournissez les plus gros efforts relève vraiment de la déformation de la réalité...
Demain, vous serez peut être tenté d’expliquer que c’est vous qui financez la promotion sur les marques…
Ingénieur dans l'industrie depuis 18 ans(PMI et groupe international) à différentes positions (dont managerial), je dispose aujourd'hui d'une certaine expérience de la relation client-fournisseur.
Je comprends votre souhait d'equité en matière de prix pour soutenir le pouvoir d'achat, je soutiens vos initiatives de consommation responsables et d'alliances locales.
Je pense cependant qu'il faille aller encore plus loin, qu'il faille réinventer la notion de relation client-fournisseur, qui s'est selon moi considérablement dégradée au cours de ces 2 dernières décennies.
La guerre des prix dont vous vous êtes fait le porte drapeau national, a désormais envahi toute l'industrie. Il est devenu le maître mot de tous les groupes et a désormais conquis les PMI. Les contrôleurs de gestion contrôle le moindre coût, le moindre écart et demande des rapports et justifications heure par heure.
La conséquence de cela; la rigueur (nécessaire à toute industrie) a balayé la créativité, l'enthousiasme, l'imagination, le travail d'equipe, le partage de connaissance, la pédagogie, l'entraide, le plaisir,la fierté et la dignité.
Pour autant, je suis tout sauf pessimiste, et je pense que la société est prête pour changer de modèle. Et comme vous le dites si souvent c'est le consommateur qui fera changer la société et non le politique.
La consommation responsable est le défit de ces prochaines années, et c'est par elle que changeront les relations intra-professionnelles, les relations clients-fournisseurs, pour remettre les hommes et les femmes qui sont la richesse des industries au centre des objectifs et stratégies de nos entreprises.
J'ai bien trop participé à des audits fournisseurs pour savoir qu'elles en sont les excès et les travers.
Désormais l'Homme doit être au centre des préoccupations des centrales d'achat, et être clairement identifié lorsque le consommateur s'approprie un produit, comme c'est le cas pour les oeuvres d'art par exemple.
Pour le vivre au quotidien depuis de longues années maintenant, je puis vous assurer, qu'il suffirait d'une toute petite étincelle pour redonner la lumière à tous ces hommes et femmes qui oeuvre avec coeur dans nos industries grandes ou petites.
Et comme vous le dites vous même ce ne sont pas de simples labels ou autres normes qui sont aujourd'hui vus comme de simples instruments du marketing, qui permettront de regagner cette confiance.
Il faut aller bien plus loin, avec force et courage.....
je voudrais alerter quelques internautes sur le contenu qui pourrait se trouver en filigrane sur ce blog, au demeurant sérieux.
Il s'agit d'une dérive forte de nos valeurs vers le tout pognon :
Liberté => pouvoir d'achat
Egalité => libre concurrence
Fraternité => croix rouge
L'argent pour le pouvoir, la libre concurrence pour la légitimité, les donations pour la conscience. mercibonsoir !