« Eleveurs de Bretagne », un très bon bilan !

Il n’y avait que les élites parisiennes pour s’étonner que distributeurs et paysans, patrons et ouvriers, défilent côte à côte durant les manifestations contre l’écotaxe ! On se dispute et même on s’engueule souvent entre nous. Mais les Bretons savent aussi faire front commun.

Pour preuve : les initiatives régulières de la Scarmor, coopérative régionale des Centres E.Leclerc. Il y a quelques semaines, ses adhérents lançaient « Breizh Mod » une marque de prêt à porter 100% made in local.

Cette semaine, ils font écho concrètement à la tribune sur le « Made in régional » que je publiais en début de mois dans Le Télégramme en présentant un bon bilan du label « Eleveurs de Bretagne », marque distribuée dans les 42 magasins E. Leclerc de la région.

L’agriculture en Bretagne, c’est du lourd : 40% du chiffre d’affaires des entreprises bretonnes est réalisé dans ce secteur et la région fournit plus de la moitié de la production nationale de porc, plus du tiers de celle de la volaille de chair et 45% de la production nationale d’œufs… C’est quand même 5% des emplois régionaux (le double par rapport à la moyenne nationale, excusez du peu !).

Pour autant, la mobilisation des « bonnets rouges » a révélé au grand public certaines fragilités du modèle breton.

On parle souvent d’une opposition agriculteurs-transformateurs-distributeurs.En fait, s’il y a opposition, c’est entre les partisans d’un vieux modèle nourri de subventions, et les promoteurs d’une indépendance revigorée par la maîtrise du marketing et des signes de qualité.

« Eleveurs de Bretagne », c’est l’aboutissement tant d’oppositions musclées et de manifs un peu rudes, que d’une histoire vieille et forte de coopération entre le Mouvement E.Leclerc et les producteurs novateurs de cette région.

Ceux qui connaissent les dossiers savent le rôle majeur qu’a joué mon ami Jean-Michel Bordais (adhérent de Concarneau et patron de la Scarmor entre 1987 et 2007) dans l’émergence de marques locales (qui deviendront des succès commerciaux incontestables) comme « Produit en Bretagne », « Lait de Bretagne » ou « Cochon de Bretagne ».

Philippe Cousyn puis Rémy Jestin (ses successeurs à la tête de la Scarmor) ont eu l’intelligence de poursuivre et d’amplifier de telles initiatives, tout en en créant de nouvelles avec l’aide des nouvelles générations d’adhérents.

A l’heure où j’entends dire qu’on veut « botter les fesses des distributeurs » pour qu’ils créent des rayons « Made in France » (lire le dossier "Made in France" d'EcoSocioConso), je peux dire que de Crozon à Pontivy, les adhérents E.Leclerc font le job... et depuis longtemps !

"Eleveurs de Bretagne", c’est : 190 tonnes de dinde, 290 tonnes de poulet, 4,4 millions d'œufs fermiers et même 1t de foie gras de canard. Et la croissance continue.

Bretons ou pas Bretons, les Français ont besoin de trouver dans les rayons de plus en plus de produits issus de leur terroir, parce qu’ils aiment savoir ce qu’ils mangent et qu’ils connaissent la qualité de leurs productions locales.

En cela, la marque « Eleveurs Bretons » avec sa garantie « né, élevé et abattu en Bretagne » fait écho à leurs aspirations et génère de la réassurance. Produits certifiés, filières courtes et régionales, éleveurs bretons acteurs d’une marque dédiée… tous les ingrédients sont réunis pour amplifier le succès.

En 2014 les magasins vont poursuivre sur leur lancée et prévoient même de la truite fumée, des fruits et des légumes !

C’est Byzance au pays du Gwenn ha Du :-)