
Leclerc, les pharmaciens et la santé
J’étais invité lundi sur France Inter à débattre de l’ouverture du monopole de la délivrance de médicaments, aux côtés de Mathieu Escot (chargé d’études à l’UFC-Que Choisir) et d’Isabelle Adenot (Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens).
Chacun est resté ferme sur ses positions, mais tout le monde a été très courtois. Je remercie Madame Adenot d’avoir clarifié certains propos et notamment d’avoir reconnu que personne dans le débat ne prétendait remettre en cause le rôle expert du pharmacien, même dans le projet E.Leclerc.
Malgré cela, sur le net, certaines personnes essaient de brouiller les cartes et entretiennent bien des confusions. Je tiens donc à préciser deux points.
1) E.Leclerc ne demande pas le droit de vendre des médicaments au milieu des conserves
Dur dur de faire accepter à nos interlocuteurs que si la contestation porte sur le monopole officinal, elle ne concerne nullement le monopole pharmaceutique.
Pour preuve, l’enseigne E.Leclerc emploie déjà des centaines de docteurs en pharmacie, parfaitement au fait des produits de santé en général, et des médicaments en particulier.
Malgré cela, « on » laisse entendre (pour faire peur aux politiques et à l’opinion publique bien sûr) que les médicaments seraient vendus au milieu des petits pois par une caissière lambda ou - si elle n’est pas disponible - par le poissonnier de l’hyper.
Stop à l’intox !
La demande du Mouvement E.Leclerc porte bien sur la vente de médicaments dans des parapharmacies (des lieux fermés, spécialement dédiés à la santé) et sous le contrôle de docteurs en pharmacie.
Rien de plus. Et rien de moins non plus.
2) E.Leclerc a bien un projet santé
Ils me font bien rire ceux qui font semblant de s’émouvoir quand j’évoque ce sujet. Ce serait si facile de limiter les projets d’E.Leclerc à des aspects mercantiles. Et si ça avait été le cas, les mêmes auraient fait valoir le faible enjeu économique de la libéralisation du secteur.
Tout le monde sait qu’il y a 20 ans déjà, les Leclerc se sont battus pour implanter des parapharmacies. Ce sont les laboratoires et les professionnels qui ont conditionné leurs livraisons à la présence de diplômé(e)s de pharmacie. Ca ne date donc pas d’aujourd’hui et ce sont eux qui ont obligé E.Leclerc à s’intéresser au secteur.
Depuis, les adhérents du Mouvement ont évidemment étoffé, avec leurs pharmaciens, un véritable projet « santé », au même titre qu’ils élaborent par exemple un projet culturel.
Notre métier, c’est de faire corps avec la société, ses attentes, ses besoins et ses contraintes. On vit de plus en plus longtemps et c’est tant mieux. Cette réalité fait émerger de nouveaux besoins, en services, en soins, en matériel.
Pour cette dernière catégorie, des adhérents E.Leclerc, notamment à Pont l’Abbé, se sont penchés sur le marché de la location ou de la vente de matériel médical. Ils sont parvenus à proposer des produits à prix plus accessibles. Les infirmiers libéraux sont nombreux à venir s’approvisionner chez eux.
Créditée de cette volonté d’investissement dans le secteur santé, l’enseigne est approchée par des médecins (généralistes ou spécialistes), des nutritionnistes, des kiné, des ostéo, des infirmières…qui souhaitent pouvoir bénéficier de l’attractivité de l’enseigne E.Leclerc, et cherchent à s’installer au sein de la galerie commerciale pour y tenir des consultations.
Ils y voient entre autres avantages, un accroissement de notoriété, de trafic, de sécurité, une baisse de coûts et même l’association à un projet qui parle au public.
Certains proposent donc de se rassembler pour créer des « maisons de santé » (le terme semble avoir été mal interprété, intentionnellement ou pas d’ailleurs…) au sein des galeries, comme il y a déjà des opticiens, ou des pharmaciens d’officine.
Oui ce sont des chantiers sur lesquels avancent des centres E.Leclerc, je le confirme. Tout comme je confirme la volonté de l‘enseigne de travailler en bonne intelligence avec les professionnels de santé.
20 Commentaires
Je suis assez fan de ce blog, au même titre que d'autres blog qui traitent de ce qui se passe chez nous : ce qui se passe de façons évidentes ou plus masquées (les signaux faibles), bref la vie d'aujourd'hui telle qu'on la vit et la vie de demain telle que peut-être on la vivra...
Ce sujet a l'avantage de conjuguer les deux aspects, et il me semble que l'alimentaire comme la santé font partie des besoins fondamentaux de l'être humain et qu'il n'est absolument pas choquant de les trouver sous le même toit.
Les pharmacies vendent de l'eau minérale (pas uniquement pour les biberons), des substituts ou des compléments alimentaires, que sais-je encore, des couches sans doute (pour tous les âges), des bas et des chaussettes de contention...beaucoup d'articles qui tournent autour de la santé avec une proximité à géométrie variable et dont la vente requiert une technicité là encore également variable...
Je continue de ne pas comprendre ce qui pourrait être choquant/ou dangereux en matière de santé publique dans le projets de Leclerc de vendre des médicaments dans les conditions indiquées : univers clos et personnel qualifié?!?!
Mais sans doute n'ai-je pas tout compris dans l'argumentaire des détracteurs de la mise en oeuvre inéluctable de l'extension des services proposées aux consommateurs par les grandes surfaces.
Si je peux faire mes courses et avoir accès à des professionnels de santé tels que médecin, Kiné, etc... pour moi et mes enfants, sans avoir à me soucier de trouver une place, de me demander comment je pourrais mieux utiliser le temps d'attente dans la salle du même nom, etc... en bénéficiant de l'espace d'un centre commercial, alors évidemment et comme beaucoup beaucoup d'autres consommateurs et citoyens : je dis oui!
Peut-être même que j'irai jusqu'à dire merci ;-))...
Bonne continuation.
Quand les officines de centre ville ou des petits villages seront fermées, quelles solutions proposerez-vous aux personnes ne pouvant pas se déplacer ?
Pourquoi voulez-vous vous arrêter aux médicaments disponibles sans ordonnance ?? Pourquoi ne pas vous attaquer aux produits listés ? Ah, oui, une boite de fervex à 5€ est plus intéressante qu'un traitement à 800€/mois/boite. Le premier a un meilleur rapport marge/CA que le second.
D'ailleurs, serez-vous contraint comme les officinaux à embaucher des pharmaciens en fonction de votre CA ??
Vous ne m’enlèverez pas de la tête que vous avez trouvé une source de revenu supplémentaire et que vous ne faites pas cela par altruisme. Mais je vous rassure, je peste contre vous, j'évite autant que possible vos enseignes, mais je sais pertinemment que les autres attendent comme des charognes pour venir chercher leur part du gâteau ....
Est-ce que l'action du gouvernement concernant la taxation supplémentaire des pharmaciens a un impact dans votre stratégie?
Tout simplement, ma chère UNEPREPA, que cela coûte moins cher à l'état de laisser des pharmaciens libéraux (ou d'ailleurs Mr Leclerc) délivrer les médicaments que de payer des fonctionnaires pour le faire (35 heures, RTT et tout le toutim).
Par ailleurs, ne vous vendez pas trop vite aux supermarchés; je ne suis pas sur qu'ils soient plus philantropiques que les pharmaciens concernant vos prétentions salariales! Cela dit, vous avez raison de faire marcher la concurrence ;-)
Bien cordialement,
ce qui permet à la plupart des hypers d'être en position de quasi monopole,
étant donné la situation et afin de redonner du pouvoir d'achat aux ménages ne faudrait il pas libéraliser ce secteur afin d'avoir une véritable concurrence sur les prix ?
Votre dévoué
là pourquoi changer ce qui fonctionne . je sais très bien que ce commentaire ne sera pas publié car il dérange et les pharmaciens n'ont pas les memes moyens que mr leclerc grande fortune de france .
Bien à vous
Je ne suis que simple cliente de Leclerc mais un sujet me préoccupe.
Je fais partie de ceux qui ont vu avec effroi l’homéopathie mise au ban de notre système de santé mais qui pense que, si on ne peut prétendre soigner un cancer avec, pour la « bobologie » et de nombreuses affections, c’est topissime !
C’est à dire qu’au lieu d’absorber des molécules chimiques pour des pathologies simples, on peut résoudre toutes les affections bénignes sans effet secondaire et sans entamer notre capital de résistance aux antibiotiques.
Que penseriez-vous de distribuer l’homéopathie dans vos parapharmacies ?
Le ministère de la Santé, en la dé-remboursant, à l'a reléguée au rang de "sous médecine' inutile et inefficace et essaye clairement de la faire disparaître.
Plusieurs universités ont déjà supprimé le diplôme de leur cursus. C'est juste dramatique.
Je pense que l'occasion de s'engouffrer dans la brèche serait parfaite et de drainer ainsi vers vous une palanquée de clients potentiels en plus de faire oeuvre utile pour ceux, dont moi, qui nous en servons au quotidien.
Jusqu’à quand aurons nous la possibilité de nous en procurer ?
Si demain l’homéopathie est aussi chère qu’en Angleterre, c’est certain qu’elle disparaitra ou ne sera accessible qu’à un très petit nombre.
Nous sommes nombreux à attendre une alternative.
Que pensez-vous de cette idée ?
Bien à vous
Au 01/01/21 l'homéopathie n'est plus remboursée par la sécurité sociale (15% dira-t-on c'est peu) MAIS et SURTOUT en conséquence les mutuelles (la mienne en tout cas) ne remboursent plus les (100-15) %, ce qui fait un coût énorme pour qui se soigne quasi exclusivement par homéopathie. J'imagine que les labos type Boiron ne souhaitent pas traiter avec vous mais je ne doute pas que vous trouverez une solution pour approvisionner vos clients en produits homéopathie.
Merci pour votre action à ce sujet,
Cdlt,
RL