
Médicaments OTC : Familles rurales pointe la mascarade
Chaque année depuis 2010, l'association de consommateurs "Familles rurales" a publié son rapport sur le prix des médicaments.
Elle salue la plus grande mise à disposition des médicaments en accès libre au sein des officines. Mais elle pointe des tendances lourdes qui persistent :
- une augmentation de 4% des tarifs de ces produits depuis 2010,
- des difficultés pour obtenir un ticket de caisse dans de nombreuses officines,
- des écarts de prix considérables d'une pharmacie à une autre,
- des écarts de prix importants selon que le médicament est ou non en accès libre.
Les années passent, et on a l'impression d'une interminable redite en lisant les rapports de Familles rurales, comme ceux de l'UFC Que Choisir.
Année après année, aucun resserrement des écarts de prix n’est constaté (l’écart moyen reste compris entre 1,6 et 2,7).
Pour illustrer son propos, l'étude prend l'exemple de l'Activir qui peut être vendu entre 1,95 € et 9,80 €, soit un rapport de un à cinq selon l'officine. Pas mal!
Imaginez un instant que votre pack de 6 bouteilles Evian varie de 3,5€ à 17,5€, selon le centre Leclerc où vous feriez vos courses. Vous trouveriez cela acceptable vous ?
De tels écarts ne sont durablement possibles que parce que le patient-consommateur n'a aucun repère de prix sur ces médicaments. L'absence d'étiquettes sur les boîtes, la non remise systématique du ticket de caisse, l'encadrement très strict de la publicité, le défaut d'affichage sur les étagères… voilà autant de facteurs qui empêchent au final les Français de se faire une idée du prix des choses.
Les médicaments ne sont certes pas des produits de consommation comme les autres, mais le slogan a bon dos quand une telle opacité sert en réalité à enfumer l'acheteur.
Le pire, c'est que les politiques se sont montrés invariablement complices de cette stratégie. On l'a d'ailleurs encore vu récemment au Sénat en réaction à l'amendement d'Olivier Cadic.
La tartufferie de la vente en ligne
L'étude de Familles rurales est encore plus intéressante sur son volet "vente en ligne". On a déjà rappelé ici la vaste mascarade que constituait cette pseudo-ouverture.
Je reprends les principaux griefs de Familles rurales sur la vente en ligne :
- La nécessité pour l’acheteur de remplir un questionnaire santé n'est pas respectée,
- La mise à disposition et la validation de la lecture des notices des médicaments avant achat ne sont pas toujours explicites,
- Les règles du commerce électronique ne sont toujours pas respectées, ce qui fait craindre des mésusages…
Je puis vous assurer que la DGCCRF nous tombe sur le paletot pour moins que ça dans la distribution alimentaire !
L'arroseur arrosé…
Enfin, sur la question du prix, Familles rurales rappelle que la différence faciale de prix entre un médicament vendu sur le net et un médicament vendu en pharmacie s'évanouit souvent au moment d'inclure les frais de livraison (5.77€ en moyenne).
Les distributeurs ne seront guère étonnés, la problématique du dernier kilomètre concerne autant Amazon que n'importe quelle pharmacie on-line.
Le plus tragique reste à venir. Il se situe dans un petit nota bene du rapport :
"plus de la moitié des sites visités (29) proposent d’offrir les frais de port pour l’achat d'une somme minimale de produits achetés. Cette somme s’élève de 35 à 99 € avec une moyenne de 57,16 €. On peut s’interroger sur la validité de cette proposition avec la recommandation « d’absence d’incitation à la consommation abusive de médicaments (art. R. 4235-64 du code de la santé publique) ». Certes, les sites vendent également des produits de parapharmacie, mais seuls quelques sites spécifient clairement que l’on ne peut acheter plus de 5 boîtes de chacun des médicaments".
Voilà donc que les pharmaciens d'officine sont pris sur le fait, au risque d'entrer en contradiction avec le code de la santé publique, ce même code qu'ils invoquent sans cesse pour contester toute légitimité aux docteurs en pharmacie d'E.Leclerc ? On en rirait presque si ce n'était pas si grave.
Autrement dit, l'Ordre des pharmaciens couvre un système contrôlé par ses membres qui présente les défauts suivants :
- Pousse à la consommation en conditionnant la réduction des frais de port en fonction du nombre et du coût total des médicaments commandés,
- S'abstient de questionner systématiquement l'internaute sur ses antécédents médicaux et de l'alerter sur des interactions médicamenteuses contradictoires,
- S'abstient de fournir un conseil systématique aux internautes susceptibles d'acquérir des médicaments via leur site web.
Certains viennent ensuite nous faire la leçon alors que l'on demande à pouvoir vendre des médicaments dans des espaces physiques dédiés (les parapharmacies E.Leclerc) et sous le contrôle de docteurs en pharmacie diplômés. Vraiment, on marche sur la tête !
9 Commentaires
quand à moi je sais par intuition que nous reviendrons aux plantes, comme cela fut le cas il y a des decennies, d ailleurs sur Arras certaines pharmacies ont un rayon avec les tisanes de plantes marquées pour quelle pathologie, et, voilà la solution pour Mel commencer par cela et oui mettre des bâtons dans les roues. je croise les doigts pour lui. cordialement L.REPPERT
Des enquêtes qui vont dans le sens de l'enseigne. Elles ont le mérite d'en parler, de faire réfléchir le consommateur, les fournisseurs.... Bonnes fêtes de fin d'année à vous ainsi qu'aux équipes de travail et internautes.
Tchao MEL
Quand a l'exemple du pack d'eau, j'ai deja vu des ecarts de *3 frequemment. Les promos 1 acheté 1 offert sont nombreuses. Donc deja dans le meme hyper on voit du *2. Et ne me dites pas qu'un sherpa de montagne est au meme tarif qu'un hyper de zone co.
Pour les officines de pharmacie c'est pareil, on voit des grosses structures qui font penser a un hypermarché avec des prix bas, et des sherpa qui ont peu de debit et des prix du simple ou double. Mais celui qui gagne mieux sa vie n'est sans doute pas le sherpa pour les officines et les hypermarchés....
En clair la conclusion sur cette brochette de produits et sur l’intervalle est que les prix n’ont pas augmenté en officine. C’est le seul seul fait objectif quand on veut informer!
sans quoi vous resterez un éternel marchand de patates à des années lumières de ce que le diplôme de docteur en pharmacie représente
ce diplôme ne s'achète pas même avec tout l'or du monde
le pouvoir de l'argent a parfois ses limites, vous vous en rendrez compte un jour peut-être
mes patients atteints de maladies incurables le savent bien, eux
votre fortune construite sur une politique d'achat sans pitié pour les producteurs ne vous mets pas au dessus des lois