
Macron remet la ferme au milieu du village
J'ai écouté attentivement le Président de la République en conclusion de la première phase des Etats généraux de l'alimentation.
Premier sentiment : un grand soulagement.
Ouf ! Emmanuel Macron n'est pas tombé dans le piège que lui tendaient les représentants des multinationales en réclamant une réforme du seuil de revente à perte sur l'ensemble des produits de grande consommation.
Vous vous souvenez de ma question : "En quoi augmenter le prix du savon fera-t-il les affaires du paysan breton ?". Le Président connaissait donc la réponse : en rien. Bonne nouvelle !
En annonçant qu'il était favorable au relèvement du seuil de revente à perte sur les seuls produits alimentaires et selon les filières, Macron a dû décevoir pas mal d'actionnaires de nos concurrents ou des multinationales.
On verra dans quelques mois quel est le périmètre de ce qu'il appelle "produits alimentaires" et comment tout cela sera calculé (quelle part de lait dans l'Actimel ou dans le Ricoré ?), mais on en revient à des bases de discussion bien plus saines.
Deuxième satisfaction : le discours sur l'indispensable montée en gamme de la production agroalimentaire française. Emmanuel Macron fait preuve de volontarisme en voulant insuffler la réforme dans l'ensemble du secteur.
Aucune difficulté à me reconnaître dans le discours du Président sur les montées en gamme de produit, la hausse de la qualité, l'indispensable accélération sur la bio, la meilleure prise en compte du bien-être animal, les productions à label. Oui, trois fois oui. Tout cela est d'ailleurs dans la Charte E.Leclerc 2020.
C'est ce qu'attendent nos consommateurs quand ils sont prêts à payer un peu plus certains produits alimentaires : c'est pour de la qualité supérieure et avec la garantie que cela améliore le revenu des producteurs.
Troisième satisfaction : l'entrée dans les interprofessions des distributeurs. Voilà une bonne décision, que nous réclamons depuis de nombreuses années.
Reste à voir ce que le Président entend par là car évidemment pas question d'y jouer les rôles de figurants auxquels certains voudraient nous cantonner, en étant seulement invités à co-décider du seul plan de communication publicitaire sur le lait. On veut pouvoir dialoguer avec tous les acteurs, producteurs et transformateurs, pour mieux anticiper les demandes consommateurs (quantités, qualités, diversités…) et calibrer l'offre.
Sur l'encadrement des promotions, ce n'est pas une satisfaction mais une position issue d'un consensus devant une situation devenue - c'est vrai - un peu incontrôlée. Nous avions exprimé une position favorable à cette proposition lors des ateliers des EGA, même si nous avons quelques réserves.
Enfin, sur le prix de production choisi comme prix de départ, qui pour être contre ? Personne n'a à se réjouir de la situation du revenu de nombre de paysans. Donc évidemment le consensus peut se faire sur le principe. Il restera à savoir comment gérer quand les coûts de production français décrocheront du marché.
Finalement ce qui a manqué dans ce discours, c'est une approche plus globale sur la PAC. Car c'est quand même 10 milliards d'euros par an en plus du prix ! Ce devrait être un vrai levier de transformation et d'accompagnement. Européen convaincu et militant, je suis surpris que notre Président n'y ait pas consacré le temps que cela méritait. Peut-être qu'il y reviendra. Je l'espère car c'est indispensable.
13 Commentaires
Certains lobbyistes devraient se faire un peu de mouron car l'angle de l'entente n'est de toute évidence pas le bon.
A suivre...
Merci pour votre réponse.
CD
Le président a insisté énormément sur les filières, actuellement qui compose ces filières ? essentiellement la FNSEA.
Sans faire d'anti syndicalisme primaire, si nous en somme la aujourd'hui c'est essentiellement de sa responsabilité.
Si elle n'évolue pas dans son comportement anti distribution, je ne vois pas comment les objectifs pourront être remplis.
D'accord avec vous pour la PAC, pas de précisions, pour l'instant c'est quand même elle qui maintient (artificiellement) le revenu agricole des exploitants.
A suivre...
Continuez à ne rien lâcher svp, car c'est pas encore gagné.
Des prix fixés à priori par la puissance publique et non plus selon les principes de l’offre et de la demande , un prix de vente minimal imposé de fait par l’Etat … ETRANGE
DEFINIR LES PRIX à partir des couts de production c’est … du Karl Marx dans le texte
La loi de la valeur, énoncée par Marx, indique que la valeur d'échange d'une marchandise est déterminée par le temps de travail socialement nécessaire à sa production. Ainsi, plus la production
d'une marchandise demande de temps, plus cette marchandise aura une valeur importante
.Oui mais comment déterminer le coût de production à l’échelle du pays ??? Les planificateurs soviétiques n’y sont jamais parvenus malgré les efforts de Staline.
Les planificateurs marconiens parviendront-ils à fixer ces fameux Couts, On peut en douter… DANS LE DOMAINE ALIMENTAIRE CE QUI EST ABONDANT ET PEU DEMANDE PAR LES CONSOMMATEURS SERA CHER ET CE QUI SERA RARE ET DEMANDE AURA UN PRIX FIXE PAR .. LES COUTS DE PRODUCTION
Vérifiez vous-mêmes à la source :
http://www.communisme-bolchevisme.net/marxisme_leninisme_pb_eco_socialisme.htm#notes2
1. La juste évaluation des coûts de production agricole
2. La juste évaluation de la part des coûts de production agricole dans les coûts de production industriels
À suivre donc.....
Ps/ tu ne publieras pas ce message mais ça m’a fait du bien de te l’ecrire !!!!!!! Ahaha
Le monde rural est capable d'initiatives, mais il faut mes encourager, et ne pas les juger à l'aune des critères urbains.