
Etats généraux de l'Alimentation : circuits courts et partenariats gagnants
Voilà deux fois qu'il m'interpellait pour que je vienne visiter son abattoir régional à Autun.
Rendez-vous fut pris avec Remy Rebeyrotte, député LREM du pays autunois et avec les adhérents E.Leclerc du coin qui sont d'ailleurs plus que parties prenantes dans le projet. En effet, Stéphane Adam (adhérent E.Leclerc à Autun) et André Huguet (adhérent E.Leclerc au Breuil) sont engagés depuis quelques années dans ce projet d'abattoir local. Pour ce dernier, la filière locale lui fournit même pour son seul magasin quelque 230 bêtes par an, le tiers du débouché de l'abattoir !
J'ai apprécié la journée que j'ai passée hier en compagnie des éleveurs, responsables syndicaux locaux (Bernard Lacour, président de la FDSEA 71 et Joffrey Beaudot, Président des JA 71, ainsi que leurs équipes), représentants d'organisation (Christian Decerle : Président Chambre d'agriculture départementale et régionale, Bernard Joly - Président de l'abattoir d'Autun). Nous avons passé près de deux heures à parler franchement et sincèrement de la situation de l'agriculture. Bien sûr nous avons échangé sur le revenu des éleveurs, sur les coûts de production, sur le prix de la viande ou du lait. C'était une discussion directe, sans filtre, et d'entrepreneurs à entrepreneurs, bien loin des clichés habituels. Avec les représentants des JA j'ai apprécié de confronter nos idées sur le marketing de l'offre, la stratégie de segmentation, la conquête des nouveaux marchés...ou de nouveaux consommateurs sur des marchés matures.
Devant le député Rebeyrotte, j'ai aussi pu leur expliquer nos réticences sur la loi en préparation relative aux Etats généraux de l'alimentation (EGA) dans laquelle je reconnais une solution qu'il faut tenter (l'inversion de la construction du prix en partant des coûts de production) et une fausse solution (la réforme du seuil de revente à perte qui enrichira le distributeur mais qui n'apportera strictement rien aux éleveurs tout en ponctionnant le consommateur). A ma grande surprise, j'ai trouvé un auditoire beaucoup moins acquis à l'utilité de cette dernière mesure que je ne le pensais... Côté recherche de la qualité, bien être animal, amélioration des conditions de production, on est complètement en phase eux et nous, afin de répondre aux attentes des consommateurs (malheureusement un peu négligées d'ailleurs dans la loi EGA, mais c'était écrit par avance...).
Nous nous sommes rendus ensuite sur le site de l'abattoir d'Autun, qui sera bientôt détruit pour être modernisé. Coût du projet : 5 millions d'euros. Les pouvoirs publics prennent des risques financiers (pas simple de faire fonctionner un petit abattoir) mais ils assument leur stratégie de soutien au monde agricole. Nos adhérents prendront également leur responsabilité en poursuivant le travail mené depuis 6 ans avec les producteurs du coin, et avec pour ambition de continuer à accompagner la montée progressive de la rémunération des éleveurs.
3 Commentaires
Plus sérieusement, l'ambiance a l'air plutôt bonne et le partenariat entre commerce et éleveurs plutôt serein? Au-delà de mettre en évidence le caractère parfois artificiel et excessif des propos de certains syndicats surtout représentatifs d'eux-mêmes, il parait clair que la solution aux problèmes agricoles passe par des partenariats de filière entre amont et aval.
Une nouvelle preuve de faite.
Bravo à tous les acteurs donc.
Il est évident que vous avez besoin les uns des autres et que le consommateur a besoin de trouver de la viande de bonne qualité dans vos rayons. Ca a l'air de pouvoir se faire... Continuez!