
Brune Poirson : la secrétaire d'Etat et le bout de la lorgnette ?
On peut évidemment toujours considérer que les petits ruisseaux font les grandes rivières. C’est sûrement vrai, mais quand on prétend faire de la politique et orienter le destin d’une nation, mieux vaut cranter son ambition un peu au-delà.
Hier, sur Twitter, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Brune Poirson m’interpelle au sujet d’une boîte d’œufs durs sous-vide vendue dans un magasin Leclerc breton. Initiative pas super, j’en conviens aisément. Un coup de téléphone à l’adhérente suffit d’ailleurs à mettre un terme à la pratique (tant pis pour les pique-niqueurs).
Je découvre que la secrétaire d’Etat a voulu faire de son tweet un "acte fort" de sa rentrée médiatique. Communiqués et éléments de langage sont distillés à la presse, et les fameux "entourages" expliquent que ce "Name and Shame" sur E.Leclerc sert à illustrer la nouvelle méthode de la Ministre.
Le "Name and Shame" ne me pose pas de souci. Il est pratiqué depuis des années par les ONG et permet souvent de faire bouger les choses. Mais quand une secrétaire d'Etat décide de l’utiliser contre une entreprise pour dénoncer une erreur dans un point de vente (parmi 1.200 autres pour ce qui est d’E.Leclerc), je m’interroge sur l’adéquation des moyens à la réalité. En procédant de la sorte, ne fait-elle pas ce qu’elle reproche à ses nombreux détracteurs : l’approche d’un problème par le bout de la lorgnette ?
J’ai voulu vérifier en lui signalant quelques heures plus tard que 3 jours auparavant, E.Leclerc avait annoncé avoir remplacé l’emballage de ses glaces BioVillage en choisissant désormais le carton, ce qui permettait au passage de se passer désormais de 14 tonnes de plastique par an. Et sur le carton, il y a toute l’info consommateur : le lieu de fabrication, l’origine des ingrédients et le Nutri-Score. Bien en vue sur la face avant ! Le début d’une longue série de changements dans le cadre de notre plan E.Leclerc pour la planète.
Et que croyez-vous que fit la ministre ? A-t-elle salué l’annonce ? A-t-elle encouragé la démarche ou même simplement "liké" le twitt ? Que nenni évidemment ! Indifférence totale.
Quand le "Name and Shame" n’a pas pour contrepartie le "Name and Fame" alors cela porte un autre nom : le bashing. Et à ce sport, les politiques doivent se méfier, ils finissent généralement par y perdre plus de plumes que les autres !
4 Commentaires
Et dire qu'on paie une fortune cette racaille pour débiter de telles âneries !!
La coquille est certes une magnifique invention, mais pour ce qui est de la vente, cette coquille ne permet pas de différencier un œuf classique d'un œuf dur. Et pis j'imagine que l'initiative visait à proposer du prêt à l'emploi sans devoir écaler l'œuf.
Ya que ceux qui n'ont jamais d'idée qui ne pondent jamais de mauvaise idée !
Au lieu de chercher des poux sur une initiative locale malencontreuse, Madame la secrétaire d'état ferait mieux de garder sa remarque sur la coquille pour les métiers de bouche qui utilisent du blanc, du jaune ou de l'œuf entier conditionné dans des bidons plastiques de 5 litres. Mais j'imagine que les publics ainsi visés se chargeraient vite fait bien fait de lui apprendre la recette pour aller se faire cuire un œuf.
Si j'en crois Olivier de Kersauson, à n'en point douter, il pleuvra sur Brune Poirson s'il lui prend l'idée de se rendre en Bretagne.
Ce qui serait intéressant c’est de connaître la démarche de la patronne qui l’a conduit à proposer le produit en rayon. J’imagine que c’est sans doute lié à la loi sur le gaspillage alimentaire et que c’est œufs allaient se retrouver directement à la benne avec la date limite approchant. Les recycler en œufs durs, avec les beaux jours et le déconfinement propice aux pique-niques dehors ou au bureau, relève du bon sens et évitent la taxe sur le gaspillage. Pas de bol, écologiquement c’est la catastrophe et c’est une taxe qui tombe bravo aux ministères pour jouer une partition chacun de leur côté plutôt que collectivement.
Je ne peux qu’encourager la patronne à continuer à vendre des œufs durs aux clients qui viendront avec leur propre contenants comme cela se fait déjà dans le groupe Carrefour et chez certains adhérents Leclerc.?