CULTURE
Actus - Débats
Muse, nouvel héros de sa génération
Beaucoup d’articles avant les concerts, peu de critiques dans les journaux à l’issue de leur prestation. Et pourtant…
Pari gagné. Les 11 et 12 juin derniers, Muse a rempli et conquis le Stade de France. Le trio avait sorti l’artillerie lourde, enchaînant pendant 2 heures hit sur hit, avec une mise en scène impeccable. Enorme, génial !
Au début, j’ai cru à une vraie manif, genre « intermittents du spectacle », quand un groupuscule de contestataires, en bas de la scène, a fait voler haut bannières et drapeaux rouges et noirs. Mais c’était de toute façon tellement dérisoire par rapport à la monstruosité du podium multi-écrans, sorte d’antre sidéral abritant matériel et musiciens ! Eh oui, en matière d’ouverture, Muse ne propose pas d’apéro. C’est tout de suite que l’on passe à la surmultipliée avec « Uprising » et « Supermassive Black Hole ».
Pendant les 2 concerts, mêmes sensations. Tant que le jour persiste, « l’effet Stade » s’oppose à toute intimité. Le public sautille, chacun dans son coin, public de fans, public bon enfant. Mais on en sent peu le pouls. Il faut dire que la scène est loin des tribunes opposées, et les écrans trop petits malgré leur démultiplication. Avec des images très rapides, morcelées, rythmées, mais difficiles à apprécier ! Même « Hysteria » ne soulève pas les foules, si ce n’est dans les premiers rangs de la fosse.
Mais vient la nuit. Et là, c’est une totale et belle communion : parterre de lucioles pour « Soldier’s Poem ». Emerveillement partagé au survol d’un danseur féérique, sous sa capsule argentée, le temps d’un majestueux « Exogenesis Symphony ».
La dernière demi-heure fut « de folie ». Gigantesque, émouvante, sans jamais de faiblesse. Matthew Bellamy est un grand chanteur, en plus que d’être un génial compositeur. Chris Wolstenholme ne se départit pas de ses airs de bûcheron appliqué et jouisseur. Howard, lui, apparaît plus que jamais comme le chef d’orchestre, l’animateur de qui dépend essentiellement la relation avec le public.
« Resistance Tour » était le titre de leur album et de ces pérégrinations qui, de l’Europe à l’Australie, préparent leur reconnaissance américaine. Mais les résistants ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
Sur les blogs de fans, le succès populaire entraîne aussi des frustrations, une sorte de jalousie : « Ils se sont embourgeoisés, ils font du showbiz…façon Futuroscope du pauvre ». C’est aussi la nature du public qui est visée : « On ne peut plus triper ».
Remarques injustes et pourtant compréhensibles.
A l’origine, Muse était un groupe discret : premiers concerts français devant 200 personnes à l’initiative de MTV, diffusion par, ce qui n’était encore qu’un petit label, Naïve. Même encore à Bercy, les équipes de Warner me faisaient remarquer que l’enthousiasme des fans était bien supérieur aux ventes. Et le mois dernier, au concert privé organisé par Orange (Casino de Paris), Bellamy avait voulu limiter les invitations aux seuls fans…en reconnaissance.
Désormais, ils sont au sommet, et crédités d’une musique intelligente, complexe, notamment pour ses rifts, ses préludes glamours, ses réminiscences classiques, ses astucieux collages et les arrangements les plus fous.
Au Stade, Muse a démontré l’étendue de sa démesure. Il leur fallait « se mesurer à la gloire » (Matthew Bellamy).
Je ne doute pas un seul instant qu’un jour, ils reviendront en salle !
4 Commentaires
Vive le mainstream...
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