SOCIÉTÉ
Actus / Débats
Matières premières et hausse des prix : il faut trier le bon grain de l’ivraie !
Tous les médias nous interpellent sur les hausses de prix. Je me garde bien de mettre de l’huile sur le feu connaissant les crispations actuelles.
Vu les pressions contradictoires auxquelles ils sont soumis, les négociateurs commerciaux n’ont pas la partie facile. Qu’ils soient salariés d’une coopérative agricole, de l’industrie de transformation ou d’une enseigne de distribution, il est difficile pour eux de ne pas devenir schizophrène.
Je sors d’une réunion avec les adhérents et les cadres en charge de boucler, d’ici fin février, le round des négociations annuelles prévues par la loi.
Les convictions sont claires s’agissant des demandes du secteur agricole ou de la plupart des PME qui commercialisent des produits peu transformés : la hausse des tarifs est inéluctable mais doit rester proportionnelle à l’inflation des coûts d’approvisionnement.
Mais derrière « les petits », il y a des fournisseurs dont les prétentions sont énormes. Ca va de 8 à 17 % d’augmentation pour les produits à base de volaille, 6 à 15 % pour les denrées à base de laitage et de fromage, 18 à 49,5 % pour les cafés, 25 à 48 % pour les farines, mais aussi de 8 à 12 % pour les détergents, les produits d’hygiène-beauté. Le textile sera impacté par la hausse du coton et du transport avec des hausses de 15 à 20 %.
Dans le collimateur des pouvoirs publics depuis le vote de la LME, les acheteurs de E. Leclerc sauront agir en responsables. Ils savent de toute façon qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur. Entourés de juristes, dépouillant les informations en provenance des marchés amont et tenant compte des situations financières et sociales des entreprises, ils doivent procéder à des arbitrages dont ils devront rendre compte.
Nous ne pouvons rester insensibles aux appels du Ministre de l’Agriculture invoquant la nécessité d’apprécier l’ampleur de la crise. (Nous serons d’ailleurs présents à la réunion organisée par Monsieur Le Maire et Monsieur Lefebvre, mercredi prochain). Mais faut-il, pour autant, lâcher le barrage devant la grande industrie ?
Dans cette crise, certains ont choisi la surenchère. Mais au jeu du poker menteur, les dindons risquent de ne pas être ceux que l’on croit. C’est la consommation qui va tirer la croissance en 2011 comme elle l’a fait en 2010. Un regain d’inflation casserait complètement la machine. On peut encore la contenir à 2 ou 3 % (moyenne annuelle intégrant des pics de hausse des produits agricoles à 2 chiffres parfois). Mais au-delà, la frustration et la revendication pourraient surprendre tant la préoccupation du pouvoir d’achat focalise l’attention de l’ensemble des Français. Et croire que les émeutes seraient réservées aux autres…
Avec humilité, je rappelle à nos décideurs politiques ce sondage Viavoice, publié dans Les Echos du 27/01. A la question posée aux Français : « A qui faites-vous le plus confiance pour améliorer votre pouvoir d’achat ? », la réponse est : « Personne » à 45 %. Les acteurs économiques sont crédités de 16 % (grandes surfaces) et de seulement 11 % (politiques et syndicats).
Chacun a raison de défendre les intérêts de son entreprise, de son secteur. Mais sans une volonté collective de maîtriser les dérapages inflationnistes, tous les secteurs pourraient y perdre !
6 Commentaires
La solution au pouvoir d'achat est de donner un travail à chaque français en âge de travailler et d'augmenter les petites retraites à un niveau acceptable.
Si les prix augmentent avec en contrepartie de la vrai création d'emploi en France, pourquoi pas?
D'autre part la grande distribution achète des produits "tout faits" ou fabriqués à sa demande (produits 1er prix et MDD) pour lesquels elle a une bonne connaissance des prix de revients "industriels", hors publicité et frais de commercialisation.
Enfin Elle a certainement des équipes (internes ou externes), qui savent lire les comptes détaillés des grandes entreprises.
l'incidence de la hausse, même spéculative, des matières premières + énergie, qui ne constituent qu'une part très minoritaire du prix de vente de l'indutrie/ des importateurs à la grande distribution est donc calculable par les Acheteurs des grandes enseignes.
Donc, sauf révolution, la grande distribution française saura atteindre le "juste prix" ou perdra des parts de marché
Que pensez vous de la récente déclaration de Papin concernant Carrefour et vous-même ?
M'est avis qu'il vous copie question com', mais qu'il joue le "gentil" en allant dans le sens du "la grande distrib' sont des salops", "mais pas nous"
Non?
La solution au pouvoir d'achat est de donner un travail à chaque français en âge de travailler et d'augmenter les petites retraites à un niveau acceptable.
Si les prix augmentent avec en contrepartie de la vrai création d'emploi en France, pourquoi pas?
D'autre part la grande distribution achète des produits "tout faits" ou fabriqués à sa demande (produits 1er prix et MDD) pour lesquels elle a une bonne connaissance des prix de revients "industriels", hors publicité et frais de commercialisation.
Enfin Elle a certainement des équipes (internes ou externes), qui savent lire les comptes détaillés des grandes entreprises.
l'incidence de la hausse, même spéculative, des matières premières + énergie, qui ne constituent qu'une part très minoritaire du prix de vente de l'indutrie/ des importateurs à la grande distribution est donc calculable par les Acheteurs des grandes enseignes.
Donc, sauf révolution, la grande distribution française saura atteindre le "juste prix" ou perdra des parts de marché
Que pensez vous de la récente déclaration de Papin concernant Carrefour et vous-même ?
M'est avis qu'il vous copie question com', mais qu'il joue le "gentil" en allant dans le sens du "la grande distrib' sont des salops", "mais pas nous"
Non?