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Prix agricoles : Xavier Beulin (FNSEA) propose l’indexation sur les cours des matières premières

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Dans les centres E. Leclerc, on n’est pas fermé à cette idée. C’est même une initiative que, cette année, nos acheteurs ont mis en pratique. Chaque produit a été « déshabillé » et son coût de production analysé. On a ressorti la proportion de la matière première dans le tarif final. On regarde sur la base de données Mintec les variations de cours pendant la période où le fournisseur s’est approvisionné. Et on tient compte de l’impact du prix des matières premières dans l’appréciation de la hausse tarifaire proposée. Proposition : Mais la proposition de Xavier Beulin ne se limite pas à ce type de pratique. Elle ne vise pas les pratiques individuelles. C’est là le problème ! Si j’ai bien compris, le président de la FNSEA propose de faire adopter un indicateur unique par une filière (porc, viande) et de répercuter automatiquement à chaque stade de la revente ou de la transformation un même taux de hausse aux produits concernés. (Et, il faut lui en être gré, il propose l’inverse en cas de baisse des cours). Je vois bien la soupape que cette indexation représenterait. Et je conçois que, psychologiquement, ça déstresserait pas mal de vendeurs (les éleveurs, par exemple). Critique juridique : Les juristes que j’ai consultés sont unanimement réticents. Ils puisent leur opposition dans le droit européen de la concurrence. Pour eux, la généralisation d’une pratique d’indexation serait immédiatement interprétée comme « ayant le même effet qu’une entente ». J’égrène rapidement les arguments : a)      L’impact du coût des matières premières est très variable selon les entreprises. Les unes peuvent amortir une partie du choc (celles qui transforment le plus), les autres moins. Plusieurs grosses coopératives sont multi-produits. Faut-il les laisser s’enrichir sur les grains, les laisser revendre à prix fort aux éleveurs de volailles sous contrat et réclamer la hausse aux consommateurs sous prétexte que, seule, la branche « volailles » batte de l’aile (sic) ? D’une manière générale, automatiser l’indexation consisterait à s’aligner sur les coûts du moins performant et, a contrario, offrir une rente à l’entreprise la plus débrouillarde. Je prends l’exemple des farines ce mois-ci : certains meuniers se contentaient (sic) de hausses de 15 % quand d’autres disaient avoir besoin de 28, et l’un d’eux de 35 !!! Les fournisseurs étant concurrents entre eux, imposer une indexation, ce serait enlever au plus productif son avantage concurrentiel ! b)      D’autre part, une indexation appliquée aux seuls produits français créerait une discrimination à rebours par rapport aux fournisseurs espagnols, allemands ou italiens. En clair, en voulant faire du bien aux producteurs français, on laisserait les autres Européens jouir d’une plus grande flexibilité. Il leur suffirait de placer leur offre juste en-dessous des tarifs français indexés pour emporter la mise. c)      J’ajoute, personnellement, un troisième type de critique, plus éthique : si l’on part du principe qu’il y a une bulle spéculative sur le marché des matières premières agricoles, alors indexer la hausse, c’est donner quitus à la spéculation. C’est faire payer au consommateur français le prix du maintien de la bulle !!! Contreproposition : Faut-il donc rejeter l’idée au motif qu’elle serait illicite et susciterait trop d’effets pervers ? Ce n’est pas mon opinion. En fait, si j’adhère à la plupart des critiques ici émises, je considère néanmoins qu’il faut dissocier les pratiques de la vie courante (régies par le droit de la concurrence)…de la gestion de crise (qui ressort d’une régulation d’exception).  -    En temps normal, la répercussion automatique d’un indice matières premières aurait pour effet de priver les consommateurs du bénéfice d’une saine concurrence entre fournisseurs. C’est indéniable.  -    Mais tout le monde peut comprendre qu’en période de crise, les jeux sont faussés et les acteurs inégaux dans la gestion de cette volatilité consensuellement dénoncée. Après tout, Xavier Beulin a raison de rappeler que les compagnies aériennes, et je crois aussi les transporteurs, ont obtenu la possibilité (le droit ?) de répercuter automatiquement les variations du prix des carburants. Et ne justifie-t-on pas la hausse du gaz et de l’électricité en rappelant qu’elle est corrélée à celle du pétrole ? Sur une période courte (quelques semaines, quelques mois), les pouvoirs publics devraient pouvoir, sous leur contrôle, mettre en place ce type de système d’indexation. « Retour à l’économie administrée », disent mes confrères ? Eh, diable, pourquoi pas, si la loi du marché n’est pas supportable. Ne faisons donc pas semblant d’invoquer l’idéologie quand la nôtre n’est plus capable de répondre à la situation.

6 Commentaires

Salut Mel!

Il existe une demande et une offre.
Les entreprises produisent chaque année un bilan qui démontre l'état de leur santé.

Les distributeurs sont les premiers après le fisc à s'intéresser aux bilans, ils sont à même de proposer un juste prix d'achat suivant la santé de leurs fournisseurs habituels tout comme un juste prix de revente.
Alors pourquoi faire intervenir l'administration?
L'économie de marché montre ses limites de partout.. Elle montrera ses limites dans un secteur vital.. Dommage.
Je pense qu'il faut préserver une pérennité de l'agricole au niveau local, et au plus près. L'Europe c'est bien joli, mais dans ce système, un pays deviendra un jour l'unique fournisseur de denrées alimentaires. Et si une crise survient ? Bon courage pour aller chercher à manger à 2000 kilomètres de chez nous...
L'agriculture est un enjeu VITAL. Et les politiques feraient bien de s'y intéresser et de traiter les dossiers comme s'il s'agissait d'une arme de guerre. Car cela pourrait le devenir très bientôt.
NON, aucun pays au monde ne peut subvenir aux besoins alimentaires de sa population + celle d un autre.il faut avoir a l esprit les volumes mis en jeu chaque jours. ou alors la Chine peut nourrir la Corse, .dans touts ces argumentaires où est la vérité où est le chantage et la manipulation?
Salut Mel!

Il existe une demande et une offre.
Les entreprises produisent chaque année un bilan qui démontre l'état de leur santé.

Les distributeurs sont les premiers après le fisc à s'intéresser aux bilans, ils sont à même de proposer un juste prix d'achat suivant la santé de leurs fournisseurs habituels tout comme un juste prix de revente.
Alors pourquoi faire intervenir l'administration?
L'économie de marché montre ses limites de partout.. Elle montrera ses limites dans un secteur vital.. Dommage.
Je pense qu'il faut préserver une pérennité de l'agricole au niveau local, et au plus près. L'Europe c'est bien joli, mais dans ce système, un pays deviendra un jour l'unique fournisseur de denrées alimentaires. Et si une crise survient ? Bon courage pour aller chercher à manger à 2000 kilomètres de chez nous...
L'agriculture est un enjeu VITAL. Et les politiques feraient bien de s'y intéresser et de traiter les dossiers comme s'il s'agissait d'une arme de guerre. Car cela pourrait le devenir très bientôt.
NON, aucun pays au monde ne peut subvenir aux besoins alimentaires de sa population + celle d un autre.il faut avoir a l esprit les volumes mis en jeu chaque jours. ou alors la Chine peut nourrir la Corse, .dans touts ces argumentaires où est la vérité où est le chantage et la manipulation?

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