CULTURE Actus - Débats

Louis Bertignac : un Grizzly au Carrousel du Louvre

Il ouvre ce soir les festivités : à l’occasion de la création du 200ème espace culturel sous notre enseigne, toute l’équipe en charge de la musique, des livres, des jeux vidéo et de la com, a conçu un méga évènement. Le point d’orgue d’une centaine de concerts, de débats, de rencontres et d’expos qui font la vitalité du réseau en province.

photo : Philippe Matsas

A 18 heures donc, Louis Bertignac se balade dans le food court du Carrousel du Louvre. Je le trace, histoire de savoir si tout est ok. Peine perdue, il n’est même pas au rayon disques de Virgin. Il faut pourtant assurer, le concert démarre à 19h45. Deux jours avant, j’étais allé le rencontrer au Pré-Saint-Gervais. Petite maison, jardin, pas trop d’entretien (euphémisme !). On rentre chez le rockeur par la cuisine : la vaisselle, ni le rangement ne sont une préoccupation. On est accueilli dans un salon qui fait studio, entre guitares et pianos, par un poète, timide, extrêmement doux et gentil. A croire que ce troubadour ne s’est jamais branché sur du haut voltage. Adorable Bertignac qui scrute, jauge ses interlocuteurs, puis baisse les yeux, et s’exprimant avec une naïveté joliment feinte, veut vous faire croire qu’il n’y connaît rien question business. Il est pourtant fier de ses ventes : « C’est 100 000 et non 50 000 » rétorque-t-il à Georges de Souza (Universal), malicieusement renvoyé dans ses buts. Puis, comme si de rien n’était, il plonge dans son bazar, ouvre précautionneusement l’écrin de sa Gibson SG 1963, parle de musique, de son ex et de l’histoire d’un groupe à la reformation improbable, même si, cette année, les Vieilles Charrues auraient fait la fête à « Téléphone ». Oui mais, lui, c’est Bertignac. Il a son nouveau cercle, les jeunes pousses qu’il produit (Joyce Jonathan). Il est actuellement en tournée partout en France et il sera près de chez moi, à Fouesnant, en juillet. Plein de projets perso aussi dont celui d’offrir une ferme, avec des poules et des lapins, à ses deux princesses. Et un méga studio pour lui avec encore plus de guitares pour travailler avec plus de potes. 19h40 : Louis Bertignac est dans sa loge. Concentré, joyeux, porté tout simplement par l’ivresse d’être là. 19h45 : Ça démarre très fort, sous l’ovation des 600 personnes (invitées gracieusement sur Internet). Il nous avait dit : « trois quarts d’heure, c’est pas assez ». Alors il en a donné pour plus d’une heure et demie : des titres de son dernier opus, des vieilles chansons (« J’adore attaquer les petites vieilles »), des « Téléphone », et des reprises magistrales : John Lee Hooker, les Rolling Stones, du rock, encore du rock. Et là, pas de doute, c’est du « 2 en 1 ». Poète, disais-je, mais électron. C’est ample, c’est quasi majestueux, et pourtant tout reste fin et délicat, qu’il investisse les graves ou qu’il pourchasse les aigus de l’extrême. Le public l’aime et lui aussi aime ça. Oh, rien d’exhibitionniste, juste une quête de tendresse. Il vient à la rencontre de la foule et s’agenouillant pour mieux caresser la guitare, uni avec elle dans une sorte de prière, l’aîné (il a 57 ans) se laisse déborder et envelopper par une trentaine de jeunes venus partager un grand moment de fraternité musicale. Une vraie découverte pour moi, une belle rencontre, et peut-être l’émergence d’une amitié aussi. 21h00 : Backstage avec Oussey et Philippe, les pros du disque dans la Maison qui sont sur un petit nuage. On assiste, mi incrédules et franchement amusés au débriefing du chef à ses complices. Alors que je me risque à féliciter le bassiste (Marco Bravin) et le batteur (Eric Lebailly), Louis, d’un air très sérieux, commente à leur intention : « C’est pas encore ça, les gars, faut vous lâcher. On dirait que soit vous vous emmerdez sur scène, ou alors c’est pire, on a l’impression que vous travaillez ». Le batteur ne sait si c’est du lard ou du cochon. C’est son premier concert avec Louis. Mais le grand frère lui tape sur l’épaule : « Eh, les gars, devant MEL, faut quand même que je montre que je dirige la baraque ». Il est plié de rire. Alors, il plonge sous la table, ressort un paquet (Mouse Trap). Il se tourne vers moi : « Paraît que tu m’as cherché, c’t’aprèm. Ben voilà, j’ai été faire une course ». Des pièges à souris, voilà ce qu’il a ramenés. « Parce que les tapettes, ça les tue pas. Et moi, j’aime le public, mais trop, c’est trop. Pour faire de la bonne musique, faut pouvoir se concentrer, même la nuit ». Hilare, il se lance dans un trip un peu gore sur le thème « On achève bien les souris ». Le sachant ainsi envahi au Pré-Saint-Gervais, on compatit sincèrement. Nous, du moment qu’il continue sur sa lancée musicale, on est prêt à l’accompagner dans toutes ses aventures. Et promis, juré, on ne dira rien à la SPA.

2 Commentaires

Le louvre, nouveau panthéon du Rock Français?

Ravis de voir le Rock rentrer par la grande porte (le Louvre c’est quand même pas rien) je file rejoindre les veinards qui verront sur scène Bertignac, « Le » crédit Rock’n’roll des ex Téléphone. Loin des sirènes des Enfoirés et autres manifestations promotionnelles Bertignac a choisit Leclerc pour lancer son dernier album. Merde alors ! les « vrais disquaires » risquent de faire la tronche. Ambiance jet set, l’écrin est d’un luxe dont le Rock n’a pas l’habitude. Serions nous en train de momifier cette musique née de la contestation d’une jeunesse sans le sous ? Loin de toutes ces réflexions qu’accompagnent cet évènement je rejoins, quelques amis venus supporter l’ultime Rocker depuis les disparitions de Bashung et de Fred Chichin. L’ambiance un peu froide d’avant concert est vite balayée par les riffs émanant de la légendaire SG du Papa de « ça ( c’est vraiment toi) ».
En véritable zicos, Bertignac n’aura de cesse pendant son set de balancer des Standards de Téléphone et d’autres classiques tels que « La grange » de ZZ Top, sans oublier les Rokers parmi les Rockers j’ai nommé les Stones. Peu de titres de son dernier album, une interactivité honnête avec un public qui finira par monter sur scène, Louis Bertignac nous aura livré une vraie leçon de Rock’n’roll et surtout l’impression de rentrer dans l’intimité d’un Bœuf entre potes. Ce mec n’est décidément pas là ou les dictâtes de la promo l’attendent. En bref la soirée fut réussie, et pour un ayatollah du disque, remercier les mouvements Leclerc pour leur implication dans notre survie paraît complètement barge, mais faut bien l’avouer ils ont fait fort avec cet événement.

Raoul Wolfoni
Le louvre, nouveau panthéon du Rock Français?

Ravis de voir le Rock rentrer par la grande porte (le Louvre c’est quand même pas rien) je file rejoindre les veinards qui verront sur scène Bertignac, « Le » crédit Rock’n’roll des ex Téléphone. Loin des sirènes des Enfoirés et autres manifestations promotionnelles Bertignac a choisit Leclerc pour lancer son dernier album. Merde alors ! les « vrais disquaires » risquent de faire la tronche. Ambiance jet set, l’écrin est d’un luxe dont le Rock n’a pas l’habitude. Serions nous en train de momifier cette musique née de la contestation d’une jeunesse sans le sous ? Loin de toutes ces réflexions qu’accompagnent cet évènement je rejoins, quelques amis venus supporter l’ultime Rocker depuis les disparitions de Bashung et de Fred Chichin. L’ambiance un peu froide d’avant concert est vite balayée par les riffs émanant de la légendaire SG du Papa de « ça ( c’est vraiment toi) ».
En véritable zicos, Bertignac n’aura de cesse pendant son set de balancer des Standards de Téléphone et d’autres classiques tels que « La grange » de ZZ Top, sans oublier les Rokers parmi les Rockers j’ai nommé les Stones. Peu de titres de son dernier album, une interactivité honnête avec un public qui finira par monter sur scène, Louis Bertignac nous aura livré une vraie leçon de Rock’n’roll et surtout l’impression de rentrer dans l’intimité d’un Bœuf entre potes. Ce mec n’est décidément pas là ou les dictâtes de la promo l’attendent. En bref la soirée fut réussie, et pour un ayatollah du disque, remercier les mouvements Leclerc pour leur implication dans notre survie paraît complètement barge, mais faut bien l’avouer ils ont fait fort avec cet événement.

Raoul Wolfoni

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