
CULTURE
Actus - Débats
BB Brunes, Catherine Ringer, deux générations...un même enthousiasme
Toujours dans le cadre des festivités organisées pour l’ouverture du 200ème espace culturel E. Leclerc, et cette fois-ci avec la complicité des labels Warner Music et Because Music et des producteurs Nous Prod et Corida.
En termes d’âge ou de référence musicale, tout les sépare.
Dans BB Brunes, il y a bien sûr « BB ». Bon, fastoche, tous mes amis répliquent : « C’est un groupe d’ados pour ados ». Mais même si la maman d’Adrien, le chanteur, est toujours là, présence affectueuse et encore managériale, les « petits » ont grandi. Le show est hyper pro, ça roule comme sur une autoroute. Et même si à 25 ans, ils ont encore l’air de jouer « pour jouer », les BB Brunes sont devenus de grands professionnels.
Ils ne joueront pas sur beaucoup de scènes avant « Rock en Seine », fin août à Paris. Alors, c’est une chance de les avoir juste pour nous. Ce groupe est la vitalité même. Tout le monde les attendait au tournant après le succès de « Blonde comme moi ». Pari gagné avec « Nico Teen Love ».
Même après la prestation de Louis Bertignac, la veille, il faut reconnaître ici la parfaite maîtrise instrumentale. Le jeune batteur (Karim) a déjà des airs de Yannick Noah ou de vieux soiffard de Reggae. Il domine largement le fond d’écran devant lequel piétinent frénétiquement Adrien, Félix et Bérald.
Evidemment, à leur âge, ce n’est pas facile d’exprimer de la « densité ». J’avais eu, il y a quelque temps, la dent un peu dure pour « Artic Monkeys », et peut-être ai-je été plus conquis par le groupe franco-belge « Puggy », tout aussi jeune, mais d’un rapport au public plus déjanté ! C’est l’époque qui veut ça, ni rupture culturelle, ni révolution politique. Alors, quitte à rester dans le moule, BB Brunes l’habite sagement mais habilement. A mon avis, la plus grosse promesse du rock français.
Catherine Ringer qui lui succède, a connu, elle, des blessures. Et avec la vie qu’elle a eue, notre Diva a gagné en muscles, en tempérament. Marie-José C., grande prêtresse du livre chez E. Leclerc, a raison quand elle me dit, enthousiaste : « Ringer, c’est plus qu’une chanteuse, c’est une grande actrice ».
La dame, en tout cas, n’a pas mesuré sa prestation. Deux reprises seulement des « Rita Mitsouko ». Et pleins feux désormais sur son nouvel album. Le passé lui est acquis, le présent lui vaut régénération d’elle-même et de son public. Ah, il fallait le voir, ce public, samedi soir, sous le Carrousel du Louvre. Un « Je te donne, tu me donnes », espiègle, enthousiaste et la chaleur d’un dialogue dont la qualité professionnelle du spectacle n’a en aucune façon altéré la sincérité.
Oui, depuis l’autre soir à la Boule Noire, elle a merveilleusement progressé. Son groupe est au point, scéniquement et musicalement. Elle est résolument prête à se lancer sur sa propre partition. Parce que, comme elle le dit avec beaucoup de poésie, si elle a « un rendez-vous là-haut, il va falloir désormais « faire semblant ». Mais dans le monde du rock, on ne leurre personne. Alors elle y va franchement, sans jeunisme (« j’enlève les lunettes pour la photo ? ») et full contact.
Samedi soir, après le concert, et tandis que fiston, bassiste et batteur, s’enfonçait au fond du canapé, elle distribuait les bons mots aux uns et aux autres. Gentiment disponible, tantôt sauvageonne, tantôt policée : « Je suis parfois grossière, mais je ne veux pas être vulgaire ». Une bonne-femme d’exception.
photo : Philippe Matsas

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