Quand Marine Le Pen fait ses courses, ça flingue !

Compte tenu du recrutement du FN dans le monde du commerce et de son passé poujadiste, on n’imaginait pas une autre thèse dans la bouche de Marine Le Pen : « Un autre poison pour le pouvoir d’achat se situe au niveau de la grande distribution et de leurs centrales d’achat hyperconcentrées. En plus d’écraser nos agriculteurs et nos petits producteurs, la grande distribution impose des prix élevés malgré ses centrales d’achat. »… Pas très créative finalement cette logorrhée ! On la retrouve aujourd’hui dans les discours de beaucoup de centristes, d’élus UMP ou PS. Pour nos élites, la fonction commerciale reste au mieux un mystère, au pire un repoussoir. Ce qui serait intéressant (je lui lance le défi), ce serait que Marine Le Pen nous dise quelle est la forme de commerce qui aurait ses faveurs, quel est son modèle de référence, et s’agissant de la politique de prix, qui, selon elle, est performant ? Je serais aussi curieux de savoir qui elle vise dans sa dénonciation des ententes dans la distribution et quand elle affirme que « 1/3 du pouvoir d’achat serait absorbé par les ententes ». La phrase se vend bien ! Nul doute qu’il s’en trouvera pour applaudir. Mais un cartel, vraiment ? Certainement pas dans le monde des hypers. Vu la castagne actuelle sur le front de vente et la pugnacité avec laquelle chaque enseigne dispute à l’autre sa part de marché, je doute fort qu’on obtienne des prix plus bas du fait de l’intervention de la DGCCRF. Ah ! Elle veut aussi « interdire les liens d’exclusivité entre une centrale et une enseigne de grande distribution ». Aie, auprès d’elle aussi l’Avis contesté de l’Autorité de la concurrence aura fait quelques dégâts. Voilà donc qui fera réfléchir, s’ils souhaitaient adhérer au FN, les dizaines de milliers de franchisés, concessionnaires, commerçants associés ou coopérateurs. Excusez-moi pour cette provocation, mais finalement, sur ce thème de l’inflation et des prix, Marine Le Pen a-t-elle des idées si différentes de celles qu’émettait récemment Ségolène Royal. J’en doute. Elles n’arrivent pas, toutes les deux, à sortir de cette contradiction : elles dénoncent le libéralisme et le marché, mais c’est pour appeler à plus de concurrence ! Et quand il y a plus de concurrence, elles en stigmatisent les acteurs au nom de la défense « des petits » (commerçants ou agriculteurs). Pas étonnant que tout ça aboutisse à une seule recommandation pratique : l’encadrement des prix. Eh bien, encadrez, mesdames ! Faites vos paniers, dites à combien de marge les commerçants doivent travailler vos « articles essentiels », vos chariots-types, vos paniers du pauvre. Question subsidiaire : êtes-vous si sûres que le petit commerce survivrait à un encadrement des prix ? Marine Le Pen dit ne faire confiance qu’à « un Etat fort qui n’hésite pas à taper du poing sur la table quand nécessaire ».  Super. Et il est où cet Etat où les commerçants sont moins chers que nous autres, distributeurs français ?