SOCIÉTÉ
Actus / Débats
Chalmin, Le Maire, Lefebvre : les distributeurs ne leur disent pas « merci » !
Je l’avais annoncé dans LSA (23/06) : « avec les élections…le secteur de la distribution va redevenir une variable d’ajustement politique ». Voilà, c’est fait !
Rapport Chalmin 1 :
Publié dans une première version, en décembre dernier, on y lisait qu’il n’y avait pas de bons et de méchants. Le rapporteur constatait un transfert de la valeur ajoutée de l’amont vers l’aval (une évidence !), il concluait à l’impossibilité d’admonester quiconque : ni les industriels, ni les distributeurs.
Le Maire, Sarkozy :
Rappelant leur volonté pacificatrice, l’un et l’autre s’évertuaient à nous convaincre : « c’est fini le temps des boucs émissaires ». Et de fait, on nous a épargné depuis un an l’ancien numéro de duettiste « Lemétayer/Barnier ». Cela valait bien quelques engagements de la part de la distribution. Comme celui signé à l’Elysée pour bloquer les marges des fruits et légumes en cas de crise, et l’accord d’indexation des tarifs sur le coût des matières premières, sur lesquels je me suis déjà exprimé ici.
Rapport Chalmin 2 :
La paix, ça ne dure jamais ! Interpellé par le secteur agricole sur l’inefficacité politique du premier rapport, le professeur Chalmin a donc affiné son diagnostic. Il est maintenant dit que la marge brute des distributeurs a augmenté et qu’on n’est pas sûr de savoir pourquoi.
Les médias n’ont sans doute pas vu la phrase de Chalmin disant qu’il fallait encore creuser la question avant de tirer sur le commerce. Sans prendre le temps de décortiquer le pensum, on a fait la fête aux épiciers, dans toutes les gazettes, ces trois derniers jours.
Rapport Chalmin 3 ?
Le problème, c’est que personne (ou si peu) dans le public ne fait la différence entre « marge brute » et « marge nette ».
Nos collègues de la FCD ont bien essayé de faire un peu de pédagogie. Mais le mal est fait. Dans la défense médiatique, le plaideur est forcément mauvais. C’est vaine tentative que de vouloir argumenter sous cette pression. D’ailleurs, Philippe Chalmin entretient le suspense. Pour répondre à la juteuse question qui fait saliver les rédactions (qui empoche ?), il publiera une suite à son rapport. Trois mois avant les Présidentielles ?
Rapport Chalmin 2 :
Quelqu’un a cru devoir souffler au Président cette information : E.Leclerc et Intermarché auraient refusé de participer au groupe de travail présidé par Ph. Chalmin.
- C’est faux. A ma connaissance, aucun adhérent, aucune structure de notre groupement n’ont été sollicités. Et Jean-Pierre Meunier, Président de la Société Civile des Mousquetaires (Intermarché), m’a dit être dans la même situation.
- Et de toute façon, qu’avons-nous à regretter : quel intérêt pour un discounter d’aller noyer sa performance au milieu d’une masse statistique qu’on jettera de toute façon en pâture à l’opinion.
Sarkozy, Le Maire, et d’autres :
Il fallait donc les entendre, hier et avant-hier. Le Président s’interrogeant sur les écarts entre le prix du porc et le prix du jambon. Et notre ministre de l’agriculture, en séance publique à l’Assemblée, faisant semblant de croire qu’on pouvait prendre 50 % de marge sur du porc, sans qu’il y ait eu quelques frais pour le transformer en saucisses, jambon, rôtis et autre pâté…
Nos hommes politiques sont forcément des hommes intelligents. Ils sont sortis des Grandes Ecoles de la République, certains sont passés par Bercy, et savent que pour alimenter le budget, le fisc épluche au plus près les liasses des commerçants pour collecter la TVA.
Alors pourquoi faire semblant de découvrir, juste le temps d’un rapport, l’ampleur de la « valeur ajoutée » créée par la distribution, d’en suspecter la transparence et les montants.
Tout ceci est bien hypocrite !
Et sauf à imaginer le retour des soviets (le déshabillage de Pierre pour habiller Paul), on ne voit pas qui va gober que le thème du « partage de la valeur ajoutée » puisse servir d’ersatz à une politique publique de soutien aux revenus agricoles.
A suivre…
4 Commentaires
Il faut reconnaître que les prix sont orientés à la hausse. Il faut bien admettre que ce n'est pas avec la marge dégagée sur le poisson que les magasins vont pouvoir payer les impôts et les taxes...
La filière porcine va connaître une hausse naturelle des tarifs puisque le jambon origine france devient une obligation.
Mais qui va payer? Peut être que l'état pourrait considérer que la suppression de la TVA pourra amortir l'augmentation du tarif.
Avec toutes les usines à pognon au bord des routes de type contrôle de vitesse, il est possible de faire un geste dans ce sens!
Il faut reconnaître que les prix sont orientés à la hausse. Il faut bien admettre que ce n'est pas avec la marge dégagée sur le poisson que les magasins vont pouvoir payer les impôts et les taxes...
La filière porcine va connaître une hausse naturelle des tarifs puisque le jambon origine france devient une obligation.
Mais qui va payer? Peut être que l'état pourrait considérer que la suppression de la TVA pourra amortir l'augmentation du tarif.
Avec toutes les usines à pognon au bord des routes de type contrôle de vitesse, il est possible de faire un geste dans ce sens!