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La loi Macron et les coopératives : stop ou encore ?

Ce matin dans Le Figaro, Libération, cet après-midi dans Le Monde, dimanche dans Le JDD et lundi dans L’Equipe, je signe pour les adhérents E.Leclerc, une campagne d’interpellation contre la disposition de la loi Macron (article 10A) qui veut fragiliser les coopératives et les groupements de commerçants associés.

Pour beaucoup de néophytes, ce débat peut sembler abscons, en tous les cas trop technique. Mais il faut savoir que de son issue dépend le sort de plusieurs enseignes de distribution, et surtout de la diversité des formes de commerce qui assurent la concurrence dans notre pays.

Confondant le statut de commerçant franchisé et celui de commerçant associé, ce texte prétend limiter la libre association des commerçants entre eux à une durée arbitraire de 9 ans. L’amendement initial prévoyait même 6 ans. Ne me demandez pas pourquoi 6 ans, 9 ans ou même s’ils disent demain 12 ans, ça n’a de toute façon aucun sens. Même les initiateurs de ce projet ne savent pas l’expliquer rationnellement (voir la note « Loi Macron : au profit de qui va-t-on faire la peau des coopératives de commerçants indépendants ? »).

L’amendement a été adopté en 1ère lecture à l’Assemblée nationale. Mais il n’avait mobilisé qu’une poignée d’élus puisqu’il s’agissait de voter à toute vitesse, sans argumentaire sérieux, un texte déposé en séance publique. Débat impossible au Palais Bourbon donc, à ce moment-là.

Hier, au Sénat, les échanges ont été autrement plus fournis. L’article contre lequel nous bataillons aux côtés des membres de la Fédération du commerce associé (Intermarché, Intersport, Atol…) a finalement été abordé vendredi après-midi.

Et dans leur grande sagesse, les Sénateurs (tous groupes confondus) ont carrément décidé de supprimer cet article 10A, porteur de trop d’incertitudes pour le commerce associé et générateur d’une inacceptable distorsion de concurrence en faveur du commerce intégré…qui, lui, pouvait s’associer jusqu’à 99 ans !

Les propos tenus en séance par les Sénateurs Olivier Cadic, Dominique Estrosi-Sassone,  Marie-Noëlle Lienemann, François Marc, et Yannick Vaugrenard ont démontré la qualité du travail parlementaire et les échanges sur le fond ont illustré la bonne connaissance qu’avaient les intervenants de l’écosystème coopératif.

A l’heure où j’écris ces lignes, les Sénateurs ont donc décidé d’écarter la menace sur les coopératives et le commerce associé. C’est clair, c’est net. Evidemment, je me réjouis de cette décision.

Ce vote du Sénat est déjà très important : il rassure les banquiers du secteur coopératif qui ne cachaient plus leur inquiétude depuis quelques semaines, quant à la volonté du gouvernement de  fragiliser les groupements de commerçants.

Reste que dans la Constitution française, c’est l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot. J’ai rencontré avec des adhérents et mes proches collaborateurs, de nombreux Députés et Sénateurs de tous les partis. Si certains d’entre eux conviennent qu’il y a matière à mieux protéger les commerçants indépendants de leur franchiseur, aucun, je dis bien aucun, ne comprend pourquoi on s’en prendrait à l’organisation même du commerce associé.

Il appartiendra donc  à l’Assemblée nationale de les entendre et d’écouter, comme l’ont fait les Sénateurs, les arguments qui permettraient de sortir de cette polémique inutile.

Je vois aussi comme un signal positif les propos rassurants du Ministre Emmanuel Macron, qui s’est dit finalement attaché à ne pas vouloir pénaliser le système coopératif, et soucieux de ne pas déstabiliser les entreprises du commerce associé.

Mais enfin ! Sans vouloir faire procès d’intention, les adhérents E.Leclerc constatent que malgré de tels propos en apparence rassurants, le gouvernement a maintenu son amendement au Sénat. Je suis bien placé pour savoir qu’on nous a déjà menti. Et au demeurant, le gouvernement n’a, malgré ses promesses, toujours pas donné un gage de sa bonne volonté.

Nous ne cherchons évidemment pas l’affrontement. Mais dans ce contexte d’incertitude volontairement entretenu, et alors qu’ils vont investir un milliard d’euros et créer 10.000 emplois, on voudra bien comprendre que les Centres E.Leclerc ne désarment pas.

La coopérative, ou le groupement de commerçants associés constitue l’alternative, voire l’antidote, au mouvement actuel de concentration des entreprises capitalistes, dans la distribution, comme d’ailleurs dans l’agriculture et l’industrie. E.Leclerc, première coopérative mondiale de distribution, se doit d’en défendre le modèle.

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3 Commentaires

La campagne est géniale!
Bien dans l'esprit de votre enseigne, bien dans l'esprit de ce que votre enseigne fait pour les consommateurs, votre père puis vous, et les magasins là où ils se trouvent! Que l'on veuille veuille faire taire Leclerc et d'autres commerçants indépendants au profit d'entreprises plus faciles à comprendre, à maîtriser, à noyauter et finalement à museler n'est pas pour surprendre! Visiblement les sénateurs n'ont pas apprécié la tentative de manipulation tentée par un quarteron douteux de "hauts" fonctionnaires combinards et, une fois n'est pas coutume, montre la voie aux députés. Ces derniers ont la chance de se refaire après s'être faits engourdis. J'invite chacun à aller regarder sur le site du Sénat le CR de l'audition d'Emmanuel Macron au Palais du Luxembourg le 4 mars! Ils se fait "gentiment" -pour l'instant encore- botter les fesses par messieurs Bizet et Raison notamment à propos du principal inspirateur de son texte dont il est dit qu'il "échappe au contrôle parlementaire et à l'autorité de l'état"...
Je n'ose croire que les députés, même après de longues séances de nuit, n'aient fini par s'en rendre compte, s'indigner d'être considérés comme une chambre d'enregistrement et finalement se ressaisir afin que le profit du plus grand nombre, ce lui des consommateurs, des électeurs, l'intérêt général en quelque sorte, reviennent au centre des débats ET de décisions de nouveau instruite dans la transparence.
Continuez d'être vigilant MEL, continuez le combat!
EG
Bonjour MEL,
Je viens de lire la synthèse de la note de Merrill Lynch telle que présenté par Option Finance. C'est proprement hallucinant!
Que le ministre des finances, jusqu'à très récemment encore banquier d'affaire chez Rothschild, joue aussi ouvertement la carte d'opérateurs économiques -Carrefour, Casino & co- au détriment d'autres -Leclerc, Intermarché & co- est tout simplement scandaleux!
Ce type d'agissements est beaucoup, et de très loin, plus inquiétant que les propos resservis réchauffés et toujours nauséabonds d'un politicien octogénaire que les médias ont cru utile de monter en épingle! On sait maintenant pour cacher quoi.
Cela dit, Merrill Lynch au moins elle, est bien dans son rôle de banque américaine d'investissements, elle documente ses recommandations d'investissements.
Décidément, s'"il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark", c'est très en deçà de ce qui se passe ici!!!
Bonne soirée.
Votre article de ce jour(14 avril2015): le porc,le gaspillage (phénoménale) et le Rafale ( rien de signé;des promesses) a été transféré dans la "boite"SPAM;bizarre,voue avez dit bizarre.! Je fait simple...."un peuple n'a qu'un ennemi dangereux,c'est son gouvernement."( Antoine-Louis de Saint-Just guillotiné en 1794) Je suis loin du pouvoir;dans un placard. Si si si !!!!

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