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Martine Pinville, Stéphane Le Foll, Ségolène Royal, Bruno Lasserre, LSA & le Galec : c’est la rentrée !

L’exercice médiatique est, on le sait, un art de plus en plus difficile. Aborder en toute sincérité et rationalité économique, la réforme du code du travail, l’avenir de la PAC ou l’impact du CICE sur l’emploi, revient dans les trois-quarts du temps à passer la tête dans la ligne de mire de quelques journalistes qui vous y ont habilement amené !

Les messages contradictoires du gouvernement

J’aime bien ces retrouvailles avec les grandes voix du Club de la presse (Europe 1). Au moins je n’ai pas l’impression de vieillir, si ce n’est avec elles ! Il n’y a guère qu’Arlette Chabot qui résiste au temps. L’essentiel des échanges a porté sur les questions générales et macroéconomiques car personne ne doutait que sur le prix du porc, le quartier de bœuf ou la valorisation de la poudre de lait, Serge July ou Olivier Duhamel pouvaient être un peu à sec.

J’ai pu ainsi partager la perplexité de tous les chefs d’entreprise à l’annonce surprise par le gouvernement du report de trois mois des allègements de cotisations patronales.

Alors qu’avant l’été on nous parlait de pause fiscale, de stabilisation législative et de simplification administrative, ça la fout mal. Michel Sapin a beau dire que sur le fond rien ne change, en affichage c’est catastrophique et ça embrume à nouveau l’horizon.

OK, je sais bien qu’il n’y a plus de commissariat au Plan, mais quand même !

J’espère que les prévisions budgétaires de la nation et les dépenses des ministères sont gérées avec plus de fiabilité et une meilleure visibilité, sinon il y a de quoi s’angoisser…

Où est la ministre du Commerce ?

J’en profite aussi pour remettre une couche sur la formidable absence de notre ministre du commerce dans le débat interprofessionnel de l’été (et de la rentrée).

Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, quoi qu’il ait dit ou fait, a été hyper présent pendant cette crise, auprès des agriculteurs comme auprès des industriels et des distributeurs. Il faut lui reconnaître ce courage et cette façon de mouiller la chemise qui, par effet de miroir, souligne l’inexistence de la ministre du commerce durant cette période.

A quoi sert un ministre du commerce s’il n’est pas capable de rassurer les troupes, de fédérer et de créer les conditions d’un dialogue équilibré entre les parties prenantes, alors que toutes les enseignes sont saccagées ?

Les GMS sont certainement le premier employeur privé de France, les premiers mécènes des activités culturelles, associatives, caritatives et sportives locales… elles figurent parmi les premiers contribuables de France (plus de 80 taxes qui les visent, premier collecteur de TVA pour l’Etat)… malgré tout cela, on n’aura pas entendu une seule fois le ministre de l’Intérieur condamner les attaques de magasins.

Au contraire même. Pendant une étape du Tour de France et en plein cœur de la crise agricole, le Président de la République a eu comme seule préconisation politique de renvoyer dos à dos les agriculteurs et les distributeurs pour recalculer leurs prix. Pas un mot sur l’embargo russe, le dumping intra-européen… quant au ministre de l’Intérieur, il devait être très occupé à parquer les forces de l’ordre. Un adhérent a même failli faire une crise cardiaque quand des policiers casqués ont exigé de lui qu’il ouvre ses frigos pour permettre à deux cagoulés de procéder à des contrôles sur l’origine des viandes !

Peut-être qu’au fond, mon inélégance dans l’interpellation un peu rude de Martine Pinville lui donnera l’idée de rencontrer (enfin) les distributeurs en cette rentrée ? En tous les cas, si les centres E.Leclerc peuvent l’aider à retrouver le sens de la fonction, nous serons ses serviteurs…

Gaspillage alimentaire, la suite

Même message à Ségolène Royal. Je n’ai fait qu’enfourcher l’expression irritée de Serge Papin après qu’elle eut cru devoir « convoquer » autoritairement les distributeurs pour les obliger à faire, en matière de gaspillage alimentaire, ce qu’ils font déjà depuis un certain nombre d’années !

Certes, j’en ai rajouté, mais c’est bien elle qui a menacé les distributeurs de les jeter en pâture à l’opinion publique pour nuire à leur image s’ils ne participaient à cette mise en scène. D’une manière générale, nous n’aimons pas le chantage. Il fallait mettre un terme à cet hallali.

Je relève que Ségolène Royal s’est excusée en début de réunion sur la méthode et les propos utilisés pour médiatiser sa réunion. L’incident est donc clos, en tous les cas pour les centres E.Leclerc. L’ampleur du sujet et son lien avec l’aide alimentaire pour les plus démunis ne souffre pas de plus de polémique et mérite qu’on travaille ensemble, sans nier le rôle de chacun.

NB : à ceux (Jean-Michel Apathie ou l’anonyme de Libération) qui ont, de manière très pavlovienne, voulu voir dans ma sortie sur Europe 1, la démonstration d’un machisme beauf, je les prie de croire que j’aurais servi le même ton s’il s’était agi de répondre aux outrances des camarades Montebourg ou Lefebvre !

Corporations et coopération ?

Toujours sur Europe 1, j’ai tenté d’interpeller le politique pour que généralement il cesse d’opposer les corporations les unes aux autres, quand il ne les laisse pas tout simplement se fritter. Il est improductif et dangereux de laisser les taxis et Uber, se taper entre eux, ou les agriculteurs mener bataille contre les industriels et les distributeurs.

Il n’y a pas de solutions dans ces pugilats. Si chacun doit prendre sa part de responsabilité, là aussi il appartient au politique de dire « sa » Vision, et d’œuvrer pour fédérer. Bon, ne nous faisons pas d’illusion, les régionales de décembre feront probablement attendre l’an prochain pour la réalisation de cette promesse.

LSA et la fausse centralisation du Galec

Dans cette cacophonie inter-corporatiste, et à travers le rôle ambigu d’un politique qui se débine, il n’était pas la peine que certains journalistes en rajoutent. Quelle mouche a donc piqué Sylvain Aubry en forçant ainsi le trait dans le compte rendu des rencontres FEEF-PME, en présentant l’évolution du Galec (groupement d’achat des centres E.Leclerc) d’une manière telle qu’elle serait évidemment la cible d’une Autorité de la concurrence qui plaide depuis longtemps pour couper les têtes (de réseau) ?

J’accepte souvent d’être un peu ballotté au rythme des interprétations de certains journalistes (chacun doit pouvoir faire son métier…), mais me retrouver ainsi poussé sous les fourches caudines ou le joug millimétré de Bruno Lasserre, c’était quand même impossible. Merci à Yves Puget d’y avoir remédié.

3 Commentaires

"Il fallait mettre à terme à cet hallali."

Ne faut-il pas plutôt mettre UN terme à cet hallali?

" j’aurais servi le même mon ton "

Michel, Michel votre défense légitime est enfiévrée et vous avez l' air avec ce " même mon ton" d' affirmer encore avec force votre moi.
Vous qui avez chanté de la musique polyphonique, du grégorien par exemple, vous savez bien qu' il ne faut pas forcer la note.

Michel, on vous a compris!

Bien cordialement.

N.B. Quel regret qu' aucune réponse ne vienne à votre message sur Giacometti.
Lire le Giacometti du poète Yves Bonnefoy chez Flammarion est un régal de rencontre entre deux grands créateurs.
Mieux encore, le Alberto Giacometti, écrits ( par lui-même ) est des plus profond témoignage d' un homme sur sa création.
bien vu merci Patrick ! :-) MEL
(PS : de quelle réponse parlez-vous ?)
Bonjour MEL,
Je lis avec constance, régal parfois, intérêt toujours, votre blog. J'y lie également certains commentaires. Je ne sais plus ni qui, ni quand y parlait de votre courage de continuer à affronter ou être obligé de fréquenter une classe politico-énarcho-médiatique à l'ineptie de plus en plus en plus abyssale! A moins plus probablement que vous n'ayez pas vraiment le choix dans la fonction qui est la vôtre. C'est vrai, Stépahene Le Foll semble faire preuve d'un courage qui nous ramène des décennies en arrière s'agissant du personnel politique...
Je pense que votre blog a été mis à jour avant la farce Macron sur les "vrais-faux" -depuis la triste affaire Chalier-Nucci, le propos à fait florés, en version cycliste cela donne "à l'insu de son plein gré"...- les vrais-faux propos sur les statuts de la fonction publique. Il l'a dit -ie. que le statut des fonctionnaires n'était plus adapté!!!- puis "non" puisque Hollande a dit que ce n'était pas bien de dire cela, puis que c'était "off et que ça n'avait pas à être rapporté", puis aussi "que ça avait été déformé". Le mieux serait sans doute de réfléchir avant de parler devant des journalistes, ou de ne rien dire. Mais à l'impossible nul journaliste, politique ou énarque n'est tenu puisque leur métier s'est réduit à l'expression commune de leur impuissance et manque d'imagination : s'agiter et bavasser!
Je ne sais pas s'il s'agit de courage ou d'obligations vous concernant à leur égard, en ce qui concerne les électeurs et les consommateurs à leur encontre, il s'agit de plus en plus de dégout!
Bon "courage" quand même s'agissant de vos obligations.

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