Prix des médicaments, la campagne chox de Médecins du Monde
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Prix des médicaments : que dit l’Etat ?

Prix excessif du médicament : qui est responsable ? L’échange spectaculaire par voie publicitaire entre représentants d’usagers et laboratoires pharmaceutiques pose en fait deux problèmes : celui du coût de l'accès à la santé, et celui de la fixation du prix et de son opacité.

1/ Le premier problème est celui du coût d’accès à la santé, et notamment pour les thérapies les plus complexes comme celle contre l’hépatite C. On nous dit, dans une imprécision totale que 30 000 à 90 000 Français nécessitent ce type de soins. On nous dit que les nouveaux traitements coûtent environ 46 000 € sur 12 semaines pour l'Assurance maladie. Et donc c’est un tarif  « plein pot » pour ceux qui ne sont pas ou peu remboursés.

Voilà qui est cher en effet. On est effrayé par avance par les conséquences d’une discrimination à hauteur du porte-monnaie et du coup, chacun aimerait mieux connaître les critères de sélection, s’agissant de désigner ceux qui seront remboursés ou non, tout ou partiellement…

J’ai déjà assisté à des entretiens médicaux, où le personnel hospitalier évoque à demi-mot l’âge et la couverture sociale du patient pour déterminer la durée d’un traitement et sa densité. Je mesure le désarroi des personnes dont le "profil" n’est pas retenu.

2/ Ensuite, il y a le système de détermination du prix lui-même, qui résulte d'une négo entre le laboratoire et le CEPS, le Comité Economique des Produits de Santé.

Le système français de régulation reçoit beaucoup de critiques mais il a certainement ses vertus pour être finalement recherché par les patients du monde entier. Et les laboratoires eux-mêmes, si souvent critiques semblent reconnaître qu’ils en retirent une bonne visibilité sur le marché français.

Mais alors que la DGCCRF exige de chaque acteur économique une transparence totale sur toute facture, on doit s’interroger sur l’opacité dans laquelle s’effectuent ces négociations. L'Etat peut-il en effet faire l'économie d'une transparence qu'il exige pourtant des distributeurs ?

Le secteur pharmaceutique est de toute évidence très concurrentiel, en tout cas sur le marché mondial, mais le monopole de détention de certains brevets et molécules conduit à des situations d’exclusivité, de rente et de toute-puissance dans la fixation du prix.

La prise de parole du collectif d’associations d’usagers CISS me paraît justifiée à ce titre.

La campagne publicitaire de Médecins du Monde, qu'il signe en solo est aussi très interpellative et très provocatrice. Elle vise la "profitabilité" du médicament pour les labos, mais curieusement, elle épargne l'Etat.

3/ La réponse ce matin de l’ensemble des laboratoires à Médecins du Monde est bien faite, bien argumentée. Mais ils ont tort, me semble-t-il, de répondre collectivement (erreur de communication) et surtout de se désigner ainsi comme la cible principale des interpellations.

Car enfin, un laboratoire fonctionne comme toute entreprise privée, et on ne saurait leur reprocher leur amoralisme ou la défense de leurs intérêts. En revanche, on reste estomaqué par le silence du Ministère de la Santé. Car c'est l'autorité politique qui arbitre et régule. De la puissance publique dépend l'accessibilité de tous à la santé.

Au fond, la question posée par les associations est celle de la légitimité des choix politiques et de la transparence des pratiques. Qu'en pense Marisol Touraine qui, il y a deux ans, se mobilisait contre les prix du traitement de l'hépatite C ? Quelles sont les garanties, et à défaut les innovations, qui seront proposées ?

Beaux devoirs pour les candidats à la présidentielle !

 

PS : on pourrait suggérer aux parlementaires d'amender la loi Sapin 2 pour que les laboratoires, cette fois, rendent eux aussi des comptes à Philippe Chalmin et à son Observatoire des Prix et des Marges ! :-)

3 Commentaires

Presque un combat E.Leclerc en effet et vous avez eu raison de relayer ce dossier. Merci.
Mais je me demande comment le politique va traiter cette demande de mettre le nez dans les affaires de ceux qui passent pour de gros financeurs de campagnes électorales?!?! Alors on n'aura pas fini d'en entendre parler...si jamais on commence!?!?!
Bonne journée à vous et bravo pour le relooking de votre blog.
Gus
moi je suis abasourdie jai travaillée toute ma vie jusqu'a l'age de mes 60 ans je ne me suis jamais arreter mais las a 60 ans je suis tombée avec un cancer du sein pas besoin de vous dire que ma vie etait fichue ensuite il y a eue une passe ou je tombais sans arret opération sur opération jusqu'a ce que l'on me dise qu j'avais la maladie charcot marie thouls
quand je penses que ne tenant difficilement debout j'ai demander de l'aide pour mon ménage les docteurs sont formels toute seule je ne reste pas a la maison eh bien pour mes heures d'aide a domicile on m'a répondu vous avez la chance d'avoir votre mari ne croyez vous pas qu'a 82 ans il aurait bien gagné le temps de se reposé un peu
a mon avis certaine personne ont des aides plus que nécessaire et d'autre qui aurait besoin ne touche rien par mon courrier je vous ai donné mon ressenti sans compter qu'apres 13 ans de rémission mon cancer se rappelle a moi j'ai commencer mes ecxamens vendredi deja la prise de sang montre une infection je suis sous piques et cachets et je retourne chez le medecin demain
Pour Claudine
Eh oui vous avez la chance d'avoir votre mari - les services sociaux ne se soucieront même pas de vérifier s'il est suffisamment valide pour vous aider. C'est un aidant point barre alors que d'autres pourraient très bien faire leurs courses et se font dorloter aux frais de la collectivité locale ou nationale.
Bon courage,

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