
« L’insouciance » (Karine Tuil) : premier Prix Landerneau des lecteurs
C’est Karine Tuil (L’insouciance, Gallimard) qui a été élue lauréate du premier Prix Landerneau des lecteurs, au terme d’une compétition acharnée qui a vu trois ouvrages parfaitement ex-æquo à l’issue de la première confrontation entre le choix des lecteurs (recensé via la plateforme électronique) et celui des 16 jurés réunis à Paris ce matin.
Philippe Claudel, président du jury, fut bienveillant et attentif, soucieux de laisser chaque juré s’exprimer avant de dévoiler son choix personnel. Sa simplicité et son humanité ont su très vite mettre à l’aise les membres du jury.
Un jury très diversifié
Ils viennent de Bretagne, du Loir-et-Cher, de Bourgogne, de Corrèze ou des Landes.
Ils sont profs, psychologues, ingénieur, musicien, courtier en assurance, bibliothécaire ou employée du commerce. Ils ont lu très sérieusement les livres en compétition. Ils ont pris des notes, ils argumentent, ils échangent.
Ils décortiquent le style, le rythme, l’histoire, ils resituent dans le contexte ou donnent leur avis sur la technique de narration. Ils ont souvent découvert de nouveaux auteurs, ils parlent du plaisir qu’ils auront à offrir à Noël ce roman plutôt que celui-là.
Pas une seule fois ils n’évoquent l’éditeur, la maison d’édition ou le potentiel commercial d’un candidat, autant de domaines qui leur sont franchement étrangers.
Paroles de lecteurs
Petit verbatim qui reflète l’état d’esprit aussi bien que la qualité des échanges de nos jurés amateurs :
- « elle vous mitraille d’une virgule ou d’un point »
- « j’ai passé un très bon moment de lecture parce que je me suis évadée »
- « ceux qui s’aiment s’en sortent. Ok c’est fleur bleue mais ça fait du bien »
- « j’étais content de retrouver ce livre en rentrant le soir chez moi »
- « on est presque fusionnel avec la page » dit une lectrice en défendant le livre d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre (Le dernier des nôtres, Grasset)
Certaines des histoires touchent particulièrement nos jurés car elles font écho à leur propre vie, personnelle ou professionnelle :
A propos de Continuer (Laurent Mauvignier, éd. Minuit) : « ado en crise, père absent, mère dépressive... c’est mon quotidien professionnel et pourtant...» ou « j’ai retrouvé toutes les sensations que j’aime quand je fais de l’équitation...».
A propos du livre de Karine Tuil : « pour avoir été confrontée à des personnes victimes de chocs traumatiques post-conflit, je me suis retrouvée dans le récit...».
Et presque tous se sont projeté dans le caractère cinématographique des œuvres : « ça ferait une très bonne série américaine» disait un juré à propos d’Éclipses japonaises (Eric Faye, Le Seuil), ce à quoi Philippe Claudel a répondu : « c’est une victoire de la littérature, ces livres donnent à voir. Ces sont des livres visuels, c’est la puissance des mots et il faut que ça le reste. Ces livres ne doivent surtout pas être filmés, ils perdraient de leur force !».
Un premier prix plein d’avenir
Pour une première édition, c’était une belle réussite. Les jurés m’ont semblé ravis d’être de l’aventure et notre président satisfait de diriger des débats de bon niveau.
Je peux d’ores et déjà l’annoncer, il y aura une deuxième édition de ce prix, alors chers amis lecteurs de ce blog et de romans, surveillez l’affichage dans vos Espaces culturels, il y aura dans quelques mois un nouvel appel à candidatures !
L’insouciance, un beau roman
Le livre de Karine Tuil devrait séduire un large public. C’est un roman très ancré dans l’actualité à laquelle nous sommes confrontés, notamment à travers les médias.
Elle plonge le lecteur dans une série de problématiques contemporaines : discrimination, guerres au Moyen-Orient, terrorisme islamique...
Mêlant suspens, tragédie, psychologie et journalisme, « L’insouciance » est d’abord une histoire.
C’est aussi une fresque sociale et géopolitique captivante qui fait de chacun de nous les témoins (et pas simplement les spectateurs) des vicissitudes de notre monde.
5 Commentaires
À ce jury de lecteurs d'avoir joué le jeu passionnément, à Michel-Edouard Leclerc d'avoir pensé que ce sont les lecteurs qui font le succès des romans et que les libraires des Espaces Culturels ont pour vocation d'être des passeurs, à Philippe Claudel d'avoir dit " qu'une bonne librairie est celle qui accueille tous les livres donc tous les lecteurs"...
À Karine Tuil pour ce grand roman de société qui évoque toutes les guerres modernes : celles de pays en conflits majeurs, celles qui brisent les familles et les couples, celles qui mènent au sommet de l'état. Elle évoque comme personne des trajectoires fulgurantes dans le monde de la politique et l'unique obsession de ses acteurs : le pouvoir, ce pouvoir qui occulte toute autre préoccupation. Elle dessine des personnages forts, fragiles, contradictoires, amoureux, brisés, pleins d'espoir et de désespérance. Juste humains. Ce roman se lit d'une traite, de chapitres courts en réflexions acides et bien vues sur le déterminisme social, la précarité de la réussite, les discours de circonstance... Une nouvelle façon d'aborder -par la grâce de la littérature- notre histoire contemporaine.
Nous sommes heureux -et fiers- de vous convier à une rencontre/débat avec Karine Tuil , à l'Espace Culturel de Blois, le 15 decembre à 19:30 ! Réservez !
qui suis un lecteur ,éclectique ,lisant: du polar au roman d'amour ou de fictions ,des bd :j'ai aimé ce livre dans l'air du temps pas facile à lâcher avec une multitude de sujets à matière de réflexion je ne regrette aucunement mon choix de vote pour ce livre merci karine tuil
Et la magie de la lecture n'est-elle pas la découverte ? :)
Merci !
http://bibliza.blogspot.fr/