CULTURE
Actus - Débats
Dynasty : 40 artistes exposent…
A la cafétéria du Palais de Tokyo, le dimanche, c’est Pierre Cornette de Saint Cyr qui est aux manettes. Elégant, chaleureux et virevoltant, il inspecte les tables, s’assoie près de quelques convives et plaide pour qui veut l’entendre : « Nos artistes contemporains ne sont pas assez connus sur la scène mondiale, des lieux comme ceux-ci ont vocation à les faire sortir d’un ghetto trop élitiste qui fait la fine bouche. » Une exposition populaire donc…
A deux, ils s’y sont mis : l’ARC du Palais de Tokyo et le MAM (Musée d’Art Moderne), son jumeau face à la Seine. Une expo regroupant une centaine d’œuvres : certaines plébiscitées sans problème, d’autres, très nombreuses, dérangeantes, frustrantes, déroutantes.
Personne, ici, ne dira : « Ce n’est pas de l’art » ou « Si ça c’est de l’art, je n’y comprends rien ». Mais on est quand même en plein cœur du questionnement sur le statut de l’Art cher à Yasmina Reza.
Je ne peux pas montrer les photos, les peintures, les statues, les installations (droits de reproduction !) et j’invite donc à aller découvrir l’expo.
J’ai aimé l’austérité feinte de Farah Atassi : des intérieurs pauvres, des chambres, des cuisines… La peinture de Guillaume Bresson aussi : des scènes de souterrains, de parkings, des univers un peu glauques avec leurs anecdotes, leur atmosphère quasi banale (en quelque sorte des natures mortes en sous-sol !).
Ah oui, j’ai beaucoup été amusé par « Le Solitaire » de Théo Mercier. Un bonhomme de trois mètres dont la fiche signalétique assure qu’il est « en spaghettis ». Sa texture donne plutôt à voir des amoncellements de bouts de ficelle. En tout cas, c’est un fantôme attachant, une divinité errante, douce, triste.
D’autres, bien sûr…
Mais au risque de ne pas vous paraître branché, j’ose exprimer deux remarques.
Tout d’abord, je ne comprends pas comment les organisateurs et les artistes peuvent afficher autant de prétention et produire un discours aussi faussement savant, aussi pédant.
Tenez ! A l’entrée, on distribue un petit catalogue : une rapide monographie sur chaque artiste. Je puise dans le texte :
- « Leur travail explore l’espace entre la sculpture fragmentaire moderne et la contemplation promise par l’industrie du loisir » (Dewar et Gicquel).
- « L’ordinaire s’enrichit de la sublimation d’un réel assez bas » (Armand Jalut)
- «…proposent une lecture originale de recherches scientifiques sur la modulation du bourdonnement des moustiques au cours de leur accouplement. Les artistes proposent de modifier ce comportement en invitant des insectes à interférer avec un chant traditionnel indien » - sic !!!- (Robin Meier et Ali Momeni)
- « Ces moulages excluent le spectateur, le tenant à l’écart d’une œuvre mise hors d’atteinte…elle annonce une mise en chantier de l’espace d’exposition » (Masahide Otani).
- « l’artiste expose Ghost Dance, des empreintes de pas fossilisées….référence à une danse amérindienne…dont il reste aujourd’hui peu de traces » (Julien Dubuisson).
Quand je corrigeais les devoirs de philo à la fac, on appelait cela du remplissage et on biffait la page.
Et puis, dans ce genre d’exposition, on ne peut échapper à la confusion des genres. A force de blablater sur l’Art et de refuser toute pédagogie, on finit par faire jouer aux spectateurs des scènes dignes de Jacques Tati.
Je raconte : dans une grande pièce, des monceaux de matières sont proposés, les uns suspendus (amas de poussière grise agglomérée, façon sac d’aspirateur), d’autres au sol, caisson percé d’alvéoles comme pour recevoir des culs de bouteille. Facile, c’est spectaculaire, c’est signé. Donc, de l’Art. Au milieu d’une autre pièce, l’échafaudage est incontournable. Je pense que c’est une « installation », même s’il n’y a pas d’indication spécifique. Ailleurs, voici des volets fermés accrochés au mur (sans doute pour dire un truc comme « exclusion »). Je crois que je comprends. Mais plus loin, une porte est simplement ouverte, avec une lumière intérieure qui attire. Je rentre en respectant le caractère sacré (supposé) du lieu et, à ma suite, d’autres curieux. Effectivement, contre le mur, des chaises empilées intriguent et aussi des objets domestiques rangés sur une échelle façon Ikéa ! On cherche l’auteur. Mais c’est une voix qui interpelle : « Désolé, vous n’avez rien à faire dans ce débarras ». Je n’aurai pas pu l’inventer !
Je ne veux pas sortir de cette expo définitivement perdu pour l’art contemporain.
Je reviens dans le hall du MAM. Gigantesque, l’accrochage est d’une grande sérénité. Les peintures aux murs sont puissantes. Mais là, à gauche, me fait face une hyène (ou un lycaon) empaillée. J’observe la scène. L’éclairage englobe à la fois la bestiole et un gardien assis sur sa chaise près de laquelle est posée une bombe anti-incendie. Eh bien, je m’interroge toujours, figurez-vous, je ne suis plus tout à fait sûr de savoir lequel de ces « trois objets » est l’Oeuvre. Courez-y et dites-le moi.
4 Commentaires
Helas,je n´ai pas la possibilite pour le moment de venir sur Paris,neanmoins je pense que cette exposition fait suite au palmares de cet ars nouveau qui pour pas moins se veut etre reinvente a chaque fois.
Les recits ci-dessus Mr MEL,faut´il que je retourne a l´ecole,car je n´y trouve pas de sens!!!Est-ce la le nouvel ars?
Ce qui me parait etre la meme chose,dans des lieux differents ,c´est ce public hyper branche qui trouve sans aucun scrupule,en un clin d´oeil,l´idee de l´artiste.Ups...a voir meme ces interpretes en donner un sens et violer l´oeuvre.
Malgres tout,L´ARS est et reste un patrimoine indispensable.
L´ars comique en fait parti,sans en oublier ses presieuses ridicules.
Merci
Eric
Sa passion pour la B.D.,j'en fus le témoin,ne date pas d'aujourd'hui.Comme sa passion pour la littérature et la philosophie.Mais la critique à propos de l'art contemporain mériterai plus d'acuité à notre avis.Même si l'on peut partager un certain agacement devant un art devenu une bulle spéculative et qui se dégonfle au même diapason que la bulle financière.A bientôt
Helas,je n´ai pas la possibilite pour le moment de venir sur Paris,neanmoins je pense que cette exposition fait suite au palmares de cet ars nouveau qui pour pas moins se veut etre reinvente a chaque fois.
Les recits ci-dessus Mr MEL,faut´il que je retourne a l´ecole,car je n´y trouve pas de sens!!!Est-ce la le nouvel ars?
Ce qui me parait etre la meme chose,dans des lieux differents ,c´est ce public hyper branche qui trouve sans aucun scrupule,en un clin d´oeil,l´idee de l´artiste.Ups...a voir meme ces interpretes en donner un sens et violer l´oeuvre.
Malgres tout,L´ARS est et reste un patrimoine indispensable.
L´ars comique en fait parti,sans en oublier ses presieuses ridicules.
Merci
Eric
Sa passion pour la B.D.,j'en fus le témoin,ne date pas d'aujourd'hui.Comme sa passion pour la littérature et la philosophie.Mais la critique à propos de l'art contemporain mériterai plus d'acuité à notre avis.Même si l'on peut partager un certain agacement devant un art devenu une bulle spéculative et qui se dégonfle au même diapason que la bulle financière.A bientôt