
Picasso, Nicolas de Staël, Tal Coat, Dubuffet, Maeght et Aillagon au programme de l’été
La rentrée, ce sera la politique, les changements ministériels, l’actualité économique, celle de la conso et bien sûr celle de la distribution. Mais pour cette fin d’été, je vous propose un petit compte rendu de quelques belles expo. Si vous habitez près de ces lieux, si vous avez le temps, courez-y elles sont passionnantes !
Picasso à Quimper
Le Musée des Beaux-Arts de Quimper est depuis longtemps coutumier des expositions remarquables. Cet été, Guillaume Ambroise et Sophie Kervran, les conservateurs, présentent une série fort intéressante de gravures et lithographies réalisées par Picasso : des portraits cent fois revisités de femmes, aimées ou fantasmées, de face, de profil. Tour à tour Fernande, Dora, Marie-Thérèse, Jacqueline et aussi Madeleine, Eva, Olga, Sara, Geneviève…servent de modèles.
L’exposition présente d’abord des œuvres qui sont de multiples variations, comme si Picasso testait des regards différents pour mieux cerner la personnalité de ces femmes. Des variations de styles et de supports : du dur et du soft, du crayon, de la gouache, de la plume et du pinceau.
« Picasso, l’éternel féminin » (attention fin de l’expo ce week-end), présente au final une sorte de journal intime qui chercherait moins à immortaliser le temps présent qu’à nourrir une quête artistique personnelle, dont les sujets, malgré l’intensité de la relation, seraient alors comme des jalons, des balises, pour un Picasso définitivement insatiable. A voir absolument !
Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence
La Fondation créée par le génial Aimé Maeght fête ses 50 ans. L’occasion de rappeler l’importance de cette aventure artistique unique au monde. Tant de talents, de génies, révélés et accompagnés d’abord par la Galerie d’Aimé et Marguerite Maeght, puis dans ce lieu construit par l’architecte catalan Josep Lluís Sert.
Alors que Roxana Azimi, dans Le Monde du 31 juillet 2014, s’interrogeait sur l’équivoque de certaines « expositions » devenues « exhibitions », Olivier Kaeppelin offre une réponse en forme de « parcours documentaire ». Philippe Dagen (Le Monde du 28 juillet 2014) a raison de le voir ainsi. Sans cette clef, sans cette approche historique (ici pleinement légitime), il serait difficile de comprendre l’hétérogénéité des œuvres accrochées.
L’exposition « Face à l’œuvre » (jusqu’au 11 novembre 2014) permet vraiment de mesurer la singularité de Giacometti, de Miró, de Calder. Elle fait comprendre la part de risque et la passion éprouvée par Adrien Maeght pour Gérard Gasiorowski.
Enfin, en insistant sur la place des œuvres au XXIème siècle, avec Fabrice Hyber, Gloria Friedmann, Djamel Tatah, Yan Pei-Ming, Olivier Kaeppelin signe à cette occasion une exposition manifeste. Comme un désir de continuité, par-delà les orages qui perturbent la météo familiale des Maeght…un rappel utile à l’histoire et à la mission fondatrice de ce lieu.
Nicolas de Staël, Le Havre
« J’observe ces peintres et ceux qui resteront le plus seront ceux que leur vision intérieure terrasse » (Jeanne Bucher, galeriste, 28.03.1945). Nicolas de Staël est de ceux-là. A Antibes, au musée Picasso, Jean-Louis Andral lui consacre une troisième exposition (prolongée en septembre, on en reparle !). Le Musée André Malraux du Havre présente aussi des œuvres importantes. Il faut voir « Les toits » (1952) et « Le fort carré d’Antibes » (1955). Difficile de résumer. Lire l’excellent article d’Harry Bellet (Le Monde du 25.07.2014).
C’est évidemment un « cliché » que de dire qu’au-delà de l’œuvre elle-même, ce qui fascine chez Staël, c’est sa personne, ce côté « prince foudroyé » (pour reprendre le titre de l’ouvrage de Laurent Greilsamer). Mais c’est vrai, les toiles ne sont pas dissociables de l’artiste. Moi, je dois l’avouer, je suis passé souvent « à côté », je n’y voyais que les surcouches de pâte, une manière trop appliquée de peindre. Voilà pourquoi je n’aurais été ni Jeanne Bucher, ni Jean-Louis Carré. Mais en sortant du Musée Malraux, il y avait la vue : une digue, noire à contre-jour, un ciel plombé sur une mer laiteuse et devant, un carré de pelouse verte. Lumière de Staël. Il n’est pas trop tard pour s’en rendre compte.
Tal Coat à Clohars-Carnoët (Morbihan)
C’est l’expo que j’ai préférée cet été. Peu de moyens, beaucoup d’intelligence et de professionnalisme pour faire découvrir dans sa patrie, un peintre majeur du XXème siècle, ami de Miró, de Giacometti et bien sûr d’Aimé Maeght. Dans la Longère qui tient lieu de galerie, et à la Chapelle Saint-Jacques (à 200m), la ville donne à comprendre la démarche de Tal Coat, né Pierre Jacob.
Le Fonds est constitué de la formidable collection du département du Morbihan, au domaine de Kerguehennec, qu’anime avec passion Olivier Leydier Delavallade. L’expo est très complète, elle présente même des œuvres majeures, mais surtout elle est très pédagogique. Le visiteur rentre dans le questionnement de l’artiste et suit sans difficulté l’évolution du travail de Tal Coat. Bravo à l’équipe artistique.
Aillagon fait sa cuisine à Dinard
Jean-Jacques Aillagon est un habitué de nos Bretagnes. On le rencontre à Landerneau pratiquement à chacun des vernissages des Capucins, à Huelgoat (à L’Ecole des Filles), à Trégastel et bien sûr à Dinard. Il aime la région et pour beaucoup (galeristes, conservateurs ou artistes), il prodigue de bons conseils.
A Dinard, il présente le « Festin de l’Art » : malbouffe, nourriture symbolique, culte de l’abondance, recyclage…tout y passe y compris le beau ! Le mélange est étonnant, et suscite les interrogations les plus philosophiques. Je me suis mêlé à un public qui en redemandait. Un régal que ces œuvres de Philippe Cognée, Yves Barbier, Erro, Rancinan. Jamais dans le parcours la curiosité ne retombe.C‘est jusqu’au 7 septembre à la Villa des Roches Brunes et au Palais des Arts de Dinard.
Et Dubuffet toujours à Landerneau
L’exposition continue d’attirer un public enthousiaste. Beaucoup ne connaissaient pas l’artiste, si ce n’est à travers une ou deux œuvres emblématiques. L’exposition donne à découvrir toute une vie, faite de recherche sur les formes et les matières. On en reparlera encore ici !
En attendant bon week-end à vous.
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