Consommation, travail du dimanche, fiscalité, professions protégées…c’est la rentrée !
Travail le dimanche
Tempête dans un verre d’eau : le PS et les syndicats s’offusquent que le gouvernement réformerait par ordonnance plutôt que d’avoir à se colleter à une majorité toujours turbulente. Décidément, l’action politique reste prisonnière de ces joutes de préau qui lassent désormais les Français. Car pendant ce temps-là, le débat de fond n’a pas lieu.
La position du Mouvement E.Leclerc est claire : dans ses grandes lignes, et malgré quelques difficultés d’application, la loi actuelle fonctionne. Chez E.Leclerc, salariés comme patrons ne sont pas, en tous les cas pour le moment, demandeurs de travailler plus le dimanche. Pour les autres distributeurs, qu’ils s’expriment...
A mon avis, la suppression de l’interdiction légale n’apporterait dans les hypermarchés ni surcroît de chiffre d’affaires, ni emplois supplémentaires. Probablement faut-il améliorer le dispositif pour tenir compte des flux de consommation supplémentaires en zone touristique, et peut-être aussi tenir compte des spécificités de certains métiers. Mais je n’entends pas d’arguments sérieux et convaincants pour prendre le risque, en cette période de tension, d’ouvrir cette boîte de Pandore.
La consommation, comment elle va ?
Pendant qu’on se chamaille dans la classe politique pour savoir si l’on est ou pas en politique d’austérité (nous y reviendrons), les adhérents du Mouvement E.Leclerc constatent un réel freinage de la consommation.
Après un 1er trimestre qui résiste à peine, les deuxième et troisième trimestres sont bien tristounets. Un mois de juillet maussade. Pas de hausse de chiffre d’affaires malgré la spectaculaire prise de part de marché des Centres E.Leclerc. Et un mois d’août qui n’est guère meilleur (mais attention, effet météo quand même), avec des paniers plus petits mais une fréquentation en hausse.
Une certitude : les consommateurs ont été hyper sensibles au versement de la prime de rentrée scolaire, immédiatement dépensée à partir du 18 août. Voilà qui confirme nos analyses, le moteur de la consommation c’est bien les prix bas et le pouvoir d’achat.
Fiscalité et pouvoir d’achat
Les feuilles d’impôts sont arrivées. Le gouvernement a promis des allègements pour les classes populaires et les classes moyennes en 2015 et annonce que pour 2014 les baisses déjà engagées sont supérieures aux prévisions.
Si toutes ces baisses sont avérées, alors ce qui a été observé avec la prime de rentrée devrait se retrouver dans la consommation du 4e trimestre. Dans le cas contraire, la machine va s’enrayer, c’est sûr.
Concurrence et professions protégées
Le remaniement gouvernemental aura eu raison d’Arnaud Montebourg, notamment. Le truculent ex-ministre du Redressement productif et de l’économie, qui s’était échauffé tout l’été pour affronter les puissants lobbies des professions réglementées, aura cédé sa place au moment où il s’apprêtait à présenter sa « grande loi sur le pouvoir d’achat ».
Emmanuel Macron, brillant et habile, disposera-t-il de la même assise politique que son prédécesseur pour faire accepter de profondes évolutions à des parlementaires que la presse présente comme échaudés ? Le Premier ministre l’assure. Les commentateurs politiques en doutent…
Le mieux serait d’annoncer rapidement et concrètement le détail des mesures plutôt que de laisser chaque profession fantasmer et se déchirer. Et les consommateurs pourraient juger eux-mêmes s’ils y trouvent leur compte.
Coup de com’ bovine
Ils ont été quelques dizaines à être venus manifester sous les fenêtres du siège la semaine dernière après un passage mouvementé au Centre E.Leclerc de Vitry-sur-Seine (était-il bien raisonnable, ne serait-ce que sur le plan sanitaire, de chercher à faire rentrer plusieurs dizaines de manifestants dans des frigos alors qu’on pouvait contrôler les produits en rayon !!!).
Au programme : barbecue et attaques perso décidément bien caricaturales. A commencer par ceux qui ont fait semblant de m’interpeller, un 26 août, alors qu’ils me savaient absent.
Si les éleveurs, ici manipulés, cherchaient à dénoncer les prix élevés de la viande, alors que sont-ils venus faire chez ceux dont ils dénoncent les prix bas ? Pourquoi ne sont-ils pas allés directement chez les distributeurs qui pratiquent les prix les plus élevés ?
C’est que voyez-vous, là n’a jamais été la revendication. La Fédération nationale bovine est membre de la FNSEA, signataire avec les industriels d’une lettre à Manuel Valls pour obtenir que la distribution pratique des prix plus élevés. Quoi de mieux que de s’offrir une tribune en montrant du doigt le plus médiatique ?
Soyons raisonnables. Les Français consomment déjà moins de viande mais de meilleure qualité. Le produit est devenu plus cher. Augmenter les prix n’apporterait certainement pas de nouveaux débouchés pour nos producteurs.
Au passage, les collaborateurs qui travaillaient au siège ce jour-là ont constaté que les manifestants avaient loué leurs minibus...chez Système U ! Le commerce profite décidément à tous :-)
Retour au bercail pour Système U
A propos de U, justement… Serge Papin vient d’annoncer que son enseigne retourne à la FCD, la Fédération du Commerce et de la Distribution (qui défend déjà les intérêts d’Auchan, Carrefour et Casino).
Enfin…« re-retourne » devrais-je écrire, car l’enseigne avait déjà quitté la FCD en 2004 avant d’y retourner, pour en ressortir en 2012 et y « re-rentrer » en 2014 (vous suivez toujours ?).
Pourtant, quand il l’a quittée en décembre 2012, Serge Papin avait établi à l’encontre de la FCD une liste de reproches assez sévères et difficilement surmontables en un coup de baguette magique : «des écarts de position entre notre enseigne et la FCD sur des sujets comme la LME ; les relations avec le monde agricole, les relations aux PME qui sont devenus complexes à gérer tant dans les discussions avec les Pouvoirs Publics, les parties prenantes et en communication externe ; et une moindre prise en compte des intérêts de SYSTEME U au sein de la Fédération consécutive à un durcissement de la concurrence ».
Jacques Creyssel (Secrétaire général de la FCD) est un homme aimable, il sait certainement être convaincant, mais ce n’est pas lui qui dans cette histoire d’amour a dû faire le plus de contorsions. Entendez : les cotisations sont bonnes à prendre, surtout à ce niveau !
A moins que le retour de l’enfant prodigue chez les intégrés ne cache une vraie conversion idéologique des membres de la FCD eux-mêmes !
Imaginez un instant Jean-Charles Naouri qui militerait pour la suppression de la LME et l’arrêt de la guerre des prix qu’il a initiée. Georges Plassat qui se lancerait dans l’apologie de la hausse de 15 points du seuil de revente à perte. Enfin, Vianney Mulliez, touché par la grâce du « papinisme redistributif », proposerait la rétrocession de son CICE à l’Etat…
Pour sûr, ça swinguerait à la Bourse de Paris :-)
Allez, il était temps de rentrer…
8 Commentaires
Concernant le travail du Dimanche , vous avez un très bon raisonnement . BRAVO.
J'ai moi même été salariée et j'ai toujours apprécié le DIMANCHE dominicale , un jour repère et qui permet aux familles de se réunir.
C'est pourquoi ,ayant une famille , mon pouvoir d'achat étant le même et par respect de vos employés , je n'irai jamais acheter le Dimanche .
Je suis tout à fait d'accord avec vous concernant le travail dominical.
La dérogation de plein droit prévue par la Convention Collective et qui permet de recourir à du personnel salarié le dimanche jusqu'à 13h est un dispositif qui fonctionne.
On peut même supposer qu'il repose sur la concertation entre des entrepreneurs qui pour des raisons conjoncturelles ou permanentes ont besoin d'aller chercher du chiffre d'affaire, ET des salariés, qui pour les mêmes raisons, ont besoin d'aller chercher un complément salarial.
Cela fonctionne, et cela devrait fonctionner ainsi pour TOUTES les formes de commerce qui le souhaitent, pas uniquement l'alimentaire. Cela éviterait peut-être à certaines enseignes d'autres formes de commerce de développer des dispositifs automatisés qui permettent de retirer des commandes 24h/24h (personne n'a besoin d'une perceuse à 3h du matin, en revanche le dimanche...), dispositif qui vont nécessairement à terme, altérer l'emploi courant ; pour continuer de faire semblant de protéger un repos hebdomadaire qui ne pourrait avoir lieu que le dimanche!!! C'est Marx au secours du goupillon...
Mais ça, un élu qui n'a jamais travaillé dans une entreprise...
Bon courage et continuez!
André
En effet, il était temps de rentrer, vous avez mille fois raison!!!
La question agricole est assez triste. Les éleveurs -mais pas uniquement eux dans ce secteur- sont pour la très grande majorité d'entre eux modelés dans une double logique assassine par les temps qui courent : une logique productiviste et une logique de revenu! Et la consommation dans tout cela? Le consommateur, que veut-il acheter?
Hélas, la plupart des éleveurs est conforté dans cette spirale sans issue par des organisations représentatives -les "politiques" hélas inévitablement présent dans chaque profession- qui semblent avoir besoin de ce cahot pour exister. Finalement, il n'y a pas beaucoup de problèmes qu'un politique aurait résolu qui n'aurait été préalablement posé par un politique : le mouvement perpétuel enfin inventé, hélas pour l'inutile...
Il n'y a pas de problème, ni de débouchés pour les produits de qualité, il n'y a pas de problème de revenus pour ceux qui les produisent : la consommation repose sur cela depuis des siècles.
Que l'on écoute le consommateur pour ce qui relève de la consommation!!!! Pas les organisations de consommateurs, LE consommateur. Celui qui une à 3 fois par semaine se rend dans un magasin pour faire ses courses et quelque fois même, y pousser un grand coup de gueule quand quelque chose ne lui plait pas ; et, sauf à risquer de le perdre, le commerçant réagit vite, vite, très vite. Pas en louant des monospaces -à prix préférentiels???- chez un autre commerçant pour aller beugler plus ou moins sympathiquement dans la rue, non, en écoutant, et, le plus souvent en changeant quelque chose, en essayant de trouver ce que le consommateur peut vouloir...
Une logique de consommation...
Bravo pour ce blog.
continuez ou pas à aller faire mes courses à Leclerc?????
est ce dans tous les Leclerc pareils????
j'explique:
dans tous les rayons une petite étiquette ( momentané ce produit indisponible veuillez nous excuser )
sauf que quelques jours plus tard ( identique )
des trous dans les rayons et pratiquement dans tous les rayons ( je pense prendre des photos ) ce manque de produit est inadmissible dans un grand hypermarché
est ce un nouveau système de vente de Leclerc si oui et bien allons dans un autre hypermarché car c'est lassant de ne pas trouver ce que l'on veut.
j'espère avoir une réponse Monsieur Michel Edouard Leclerc
Cordialement
je me renseigne dans mon magasin cela me rassure que vous l'ignoriez
cdt
Les paysans au siège de Leclerc, c'est un nouveau Horse Gate (Des bourrins !!!) Excuses c'est la rentrée pour tout le monde.
Tout est dit dans les commentaires ci-dessus, de la qualité, une adéquation avec le marché et tout le monde s'y retrouve. Dans quelques jours, les éleveurs de cochons bretons ou d'ailleurs vont couiner fort car les cours dégringolent en raison de l'embargo russe, et de bien d'autres éléments aussi; vont ils aller manifester au Kremlin? Ce serait très fort et très courageux. Chiche !!!
Quant aux ruptures en magasin, effectivement c'est assez énervant; mais il y a deux sortes de ruptures, la "punition" d'un fournisseur mis au pain sec comme on dit, et la vraie rupture, qui souvent n'est pas signalée, généralement plutôt "planquée" (retrait de l'étiquette, remplissage de l'espace vide par les produits voisins), et ça c'est très désagréable. Malheureusement, MEL n'y peut rien et effectivement, "réclamer" à l'accueil du magasin, déposer un petit écrit dans la boite à idées ou s'adresser à la personne "défendeuse" du client, ça marche plutôt bien.
Allez, bonne rentrée, avec l'espoir de quelques mesures pour "aider" la consommation (pas la hausse de TVA, ont vraiment de drôles d'idées nos politiques!)
Kenavo.
La rentrée se passe des habituels marronniers. C'est un signe, la crise est là. Il y a bien les bruits de bottes et le virus de l'année mais la préoccupation c'est le frigo. Cela fait quelques temps que je tire la sonnette d'alarme en disant attention le système ne tourne pas bien. Aujourd'hui le système me semble en danger. Il a besoin d'une révision complète pour le bien de tous. Je n'imagine pas un instant la catastrophe d'élections anticipées. Je n'imagine pas non plus la dissolution du parlement comme le rejet du gouvernement Valls. Ce serait le suicide en direct du parti socialiste. Nous sommes donc appelés tous à lutter contre des aberrations que chaque jour nous constatons. Il nous faut revenir aux fondamentaux: Liberté, Egalité, Fraternité. Voyez comme votre conclusion se rapproche de mon analyse. Les prés carrés de chacun paralysent le système et le pouvoir d'achat. Après l'échec de la "confiance" puis de m"innovation" aujourd'hui on met en avant l'"entreprise". On oublie que beaucoup ne tiennent pas 3 ans! On ne peut nier la révolution du numérique qui a fait tourner l'économie en proposant un doublon des services: magasin et drive par exemple.Nous nous sommes écartés de nos réels besoins de sécurité des biens et des personnes sans parler de la qualité de vie et de l'écologie. Voilà les 4 axes qui sont porteurs de croissance, de développement durable, d'emplois et de pouvoir d'achat. C'est toujours la faute des autres. Nous sommes tous responsables si nous n'agissons pas ensemble maintenant. Alors nous allons tous perdre l'envie de vivre au nom du fatalisme et l'acceptation des décisions prises contre nous. L' heure est grave mais nous vivons dans un pays qui permet de rectifier les erreurs par le combat républicain! Je pense que la France a besoin d'un homme comme vous pour lutter contre la technocratie.