Des marques pure players annoncent l’ouverture de magasins physiques
Retour au "mortar" ? Ou simplement adhésion au "multicanal" ? Avec quel modèle économique ?
De plus en plus, forts de leur notoriété sur la toile, des pure players du web proclament qu’ils vont ouvrir de nouvelles chaînes de magasins. Zalando, Spartoo, Birchbox, Missguided, Sensee, Evioo, Made.com… ont annoncé outre-Atlantique des initiatives en ce sens. Et Amazon vient d’ouvrir à New-York sa deuxième librairie après avoir lancé un premier supermarché à Seattle.
Je relaye ici l’ironie et les doutes d’Alain et Simon Boutigny (père et fils), co-directeurs de La Correspondance de l’Enseigne.
Ironie ? Oui, car la plupart des promoteurs de ces marques sur Internet ont, pendant toute une période de leur vie, cherché à ringardiser le modèle qu’ils prétendent redécouvrir aujourd’hui.
Doute ? Oui, parce que la plupart de ces pionniers de l’internet n’ont pas bâti leur développement sur la rentabilité d’un compte d’exploitation classique (publicité, Big Data… plutôt que marge commerciale) et n’ont donc ni l’expérience, ni l'organisation pour gérer les unités de vente.
Alors, avec sarcasme, les Boutigny s’amusent à prédire : "Le gars arrive d’un point H, n’a jamais géré le moindre bouclard, s’y connaît dans la vente à distance aussi bien qu’autrefois la Redoute ou les 3 Suisses qui n’ont jamais réussi à construire un réseau (internet)… et personne ne se demande une seule seconde s’il va s’en sortir !"
On s’étonne effectivement de l’absence de commentaire critique, quand Amazon annonce l’ouverture d'une chaîne de 450 supérettes.
Personnellement, je les en crois capable. La question est moins celle de leur compétence à créer un réseau que celle de savoir rivaliser sur ce terrain avec les enseignes existantes.
Pas plus qu’un réseau sur le net, un magasin physique n’est facile à tenir. Les Bata, MIM, Vivarte, La Cure Gourmande, Tati et hier encore La Redoute en ont payé le prix et les Boutigny ont raison de rappeler l’échec de Lars Olofsson, obligé de battre piteusement en retraite après avoir annoncé la création de 400 Carrefour Planète, leur magasin phare.
A l’heure où les distributeurs classiques multiplient les investissements et font avec abnégation une couteuse révolution culturelle pour devenir multicanaux, les opérateurs successful du web seraient bien inspirés de tenir compte des erreurs des premiers (transparentes) pour ne pas se perdre dans un "mortar" qu’ils disaient eux-mêmes mortel.
Référence : La Correspondance de l’enseigne – Edito du 5 juin 2017
5 Commentaires
que signifie : "Pure players" ???
Je partage votre point de vue. En revanche, dans un environnement où tout change, peut-être que plutôt que créer un réseau, ces pure players rachèteront des magasins et/ou développeront des partenariats gagnant-gagnant, pour à la fois animer une ville/région et en tirer des avantages financiers.
La veille est très importante car ce sont les plus agiles et rapides qui survivront dans la "jungle" du retail qui va aussi se digitaliser, avec des impacts rapides.
Je suis très heureux de pouvoir échanger avec vous.
Je pense qu'ils ont les reins assez solides pour entreprendre.
Oui,c'est la concurrence, mais parfois déloyale et sauvage;
Amazon n'a pas les mêmes charges que le libraire du coin.
Ce n'est qu'un avis amateur,
Au plaisir de vous rencontrer,
Cher Michel-Édouard,
Cordialement
Réservé également sur l'exemple de La Redoute, certes je souscris au fait que La Redoute est effectivement une exemple de difficulté à prendre le virage du e-commerce. Mais les nouveaux dirigeants ont réussi dans un temps record à redresser l'entreprise grâce à la transformation digitale, et je suis prêt à prendre le pari que le groupe reviendra dans une approche omnicanal à l'envoi de catalogues physiques. J'échange actuellement avec une startup capable de générer autant de catalogues papier différents qu'une entreprise à de clients et ce à partir des données e-commerce.