
Montréal : à la rencontre des commerçants détaillants
Comme le savent déjà ceux qui me suivent sur Instagram, j’étais récemment au Canada. D’abord au sommet mondial des coopératives (ce sera mon prochain billet), puis devant l’Assemblée des commerçants détaillants québécois.
Les québécois ont beau parler français et se revendiquer de leurs attaches européennes, les univers professionnels de nos deux pays ne se ressemblent pas toujours.
En France, on n'imagine pas les unions de petits commerçants accueillir chaleureusement pour leur demander conseil, les patrons d’Amazon, de la FNAC, d'E. Leclerc ou de Décathlon.
Au Québec, j’étais pourtant invité à clôturer le conseil québecois de commerce de détail. Une belle rencontre, pour moi, et l’occasion de partager les mêmes préoccupations: comment préserver son indépendance et sa spécificité dans un environnement concurrentiel et technique en mutation accélérée.
Le président du Conseil Québécois du Commerce de Détail (CQCD), Léopold Turgeon, est un homme jovial, avec un caractère bien trempé. On sent chez lui une belle expertise, une connaissance très concrète des problèmes de métier, et une vision maîtrisée de l’avenir du commerce. Il ne s'encombre pas de préjugés corporatistes pour justifier l'inaction. Il est là pour défendre son secteur, mais il veut aussi préparer efficacement ses membres aux grandes mutations qui, de toute façon, finiront par s'imposer à eux.
A Montréal, ces commerçants détaillants se sont réunis pendant deux jours pour plancher sur les enjeux du e-commerce. Dans les allées et sur les estrades, se bousculaient consultants, experts, youtubeurs émérites…

L’ensemble des travaux était manifestement guidé par les problèmes d’adaptation au digital et au web-commerce. J'ai écouté avec attention le témoignage passionnant des propriétaires d'un magasin historique de Montréal (Lozeau), spécialisé dans la vente de produits photo/vidéo. Sans fard, ils ont raconté leur expérience de la digitalisation, leurs erreurs, une forme d’enthousiasme qui a pu leur coûter cher, avant de finalement trouver le bon axe de développement sur le web. On était dans le concret et c'était instructif.
Mais l’internet attise aussi la compétition transfrontalière (USA/Canada) et suscite des polémiques assez identiques aux nôtres. Par exemple, Léopold Turgeon se bat pour lever les discriminations fiscales entre formes de commerce: Amazon USA ne paierait pas la même TVA que les commerçants canadiens. Idem pour les disparités de charges, de normes. Si les commerçants français s’inquiètent des effets unilatéraux de l’accroissement des échanges prévus par les traités transatlantiques en cours de négociation, les commerçants canadiens sont assurément sur la même longueur d’onde.

Pour ma part, j’étais invité à raconter comment les Leclerc ont conçu leur stratégie digitale. On a donc parlé nous aussi d’une première approche défensive mais peu efficace. Puis du tournant vers l'omnicanal avec les perspectives d’atteindre d’ici 2020, 10% du chiffre d’affaires à partir du digital.
L'expérience de notre "service au volant" (là-bas le mot drive est banni!) venait illustrer le sujet : partis en retard et en tâtonnant, nous sommes aujourd'hui les leaders du secteur. J'ai senti que l'expérience en intéressait plus d'un…
Profitant de cet accueil, les dirigeants d’E. Leclerc qui m’accompagnaient ont pu nouer des contacts fructueux. Nous avons visité aussi plusieurs magasins concept. Il y avait plein de bonnes idées à prendre. Je vous en présenterai prochainement quelques images.
En attendant, et parce que le début de l'automne est aussi un beau moment au Canada, voici (histoire de vous faire bisquer…) une petite photo souvenir de l'été indien.
3 Commentaires
Un pays à visiter aussi pour ses commerçants.
PS. Oui, vous avez raison, nous sommes chanceux d'avoir un conseil aussi dynamique que le CQCD.