Mulliez et les JC : le choc des titans

Un coup de chapeau à Gérard Mulliez qui a eu la bonne initiative de réagir à une campagne d’affichage des Jeunesses communistes (JC) du Nord-Pas de Calais. A l’heure où trop de chefs d’entreprise rasent les murs dès qu’il s’agit de répondre aux politiques, ou se planquent derrière les discours girouettes de Pierre Gattaz, Mulliez, lui n’hésite pas à monter au front.

Le voilà donc qui déboule bon pied bon œil samedi 21 février 2015 en pleine AG des JC pour exprimer sa colère d’être ainsi personnellement et grossièrement visé. Quand un jeune militant se contente de lui asséner « vous êtes un exploiteur », Gérard rétorque : « A votre âge, j’avais déjà monté mon magasin ».

L’épisode aura fait rire les éditorialistes que j’écoutais ce matin. Moi je trouve ça bien que du haut de ses 83 ans, ce jeune PDG sache encore rappeler qu’à défaut qu’on lui dise merci, l’entrepreneur a aussi le droit à certains égards.

Issu d’une famille d’industriels (Phildar) il y a fait ses classes avant de choisir l’aventure de la distribution, un territoire nouveau où il pourrait laissait libre cours à ses aspirations et à son talent.

De cinq ans plus jeune que mon père, je me souviens de ses venues à Landerneau au tout début des aventures des deux enseignes. Il avait entendu parler de cet épicier breton qui ferraillait contre les grosses marges et les prix salés…il voulait venir voir sur place en quoi tout cela consistait.

A l’époque déjà, mon père avait été impressionné par sa détermination. Il lui avait dit en riant, « avec les yeux que tu as, personne ne te résistera. Avec un type comme toi, peut-être que même dans ta famille et dans ce Nord industriel d’où tu viens, tu arriveras à faire comprendre l’utilité de la fonction commerciale ».

Mon père lui avait ouvert ses carnets de fournisseurs, donné ses conditions d’achat (si, si !!), expliqué les grandes lignes de sa stratégie du prix bas. Et Mulliez qui a adapté le concept à sa propre vision avant de partir à la conquête de l’Europe et du monde, est revenu plusieurs fois à la maison, jusqu’à d’ailleurs, un jour, demander à mes parents s’ils ne prendraient pas pour une attaque personnelle l’arrivée d’un Auchan à Brest. Du côté d’Immochan, l’affaire ne s’est pas faite, mais jamais la qualité de cette relation ne fut altérée, tant les hommes se vouaient une admiration réciproque.

On peut penser ce que l'on veut d'Auchan, il n'en reste pas moins que cette entreprise a contribué à populariser l'actionnariat salarié, la participation, qu'elle est un acteur économique important de notre pays et que cette marque contribue indéniablement au rayonnement de la France (et du Nord !) à l'étranger.