ÉCONOMIE Actus / Débats

Steaks contaminés à E. Coli : où en est l’affaire ?

Tout le monde, dans mon enseigne, s'était interdit de communiquer sur le fond de cette affaire, par respect pour les malades, par décence, et tant que l'enquête ouverte par le Parquet n'est pas conclue. Pour ne pas influencer les victimes, nous n'avons pas cherché à rentrer directement en relation avec elles. Et les administrations ne nous tiennent pas particulièrement informés des données les plus récentes. Aussi, celles que je livre sur mon blog proviennent uniquement de mes services internes.

Etat des lieux :

(voir la note précédente sur le sujet : "Intoxication e. coli : état des lieux")

1)  Des vies sont-elles encore en danger ?

Non. Mais deux ou trois enfants (dont le petit Diego) avaient été sérieusement atteints. Malheureusement, les médecins confirment qu'ils pourraient garder des séquelles.

2)  Tous les clients ont-ils été avertis ?

On a tout fait pour cela. Tous les porteurs de carte de fidélité ont pu être contactés. Idem pour ceux qui ont payé par CB. Ils l'ont été par l'intermédiaire de nos cellules de crise, par les magasins directement, ou par les banques qui nous ont aidés (pour les porteurs de CB, il s'agit de clients communs !). Les autres, ceux qui ont payé en liquide (7 à 8 %), n'ont pu échapper aux informations longtemps et clairement diffusées en magasin, dans la presse régionale et par les médias qui ont tous largement couvert cet évènement.

3)  Combien de personnes ont été réellement contaminées ? La TV a parlé d'une trentaine de personnes, le journal Sud-Ouest de 69 victimes… ?

Nos estimations font état d'un nombre plus élevé. L'explication tient au fait que l'Institut de Veille Sanitaire ne retient que les malades déclarés à l'hôpital ou qui sont passés par un service médical.

a)  Pour notre part, nous avons invité les victimes à contacter, via les magasins qu'ils fréquentent, un cabinet spécialisé dans le traitement des situations de crise, " Equad ", basé à Toulouse. Il dispose d'experts locaux (implantés dans le Sud-Ouest) capables de régler les aspects financiers, techniques, mais surtout humains de ce type de sinistre (ils ont travaillé sur le drame d'AZF).

b)  380 dossiers ont été ouverts pour des familles qui d'elles-mêmes ont établi un lien entre des symptômes ressentis et la consommation de steaks.

c)  Après analyse, il s'avère déjà que 118 de ces dossiers ne concernent pas cette contamination. Il s'agit de personnes qui sont venues de bonne foi chercher une explication à des troubles dont ils ne connaissaient pas l'origine. Quelques dossiers un peu tordus aussi ! D'autant que des victimes vont jusqu'à réclamer des dédommagements pour un chat, deux chiens, et même un poisson exotique !!! (je ne plaisante pas !) qui aurait consommé du steak.

Vu qu'il est prioritaire de rechercher tous les malades, nous devons recueillir toutes les informations. Mais vous comprenez aussi qu'il nous faut tout passer au crible et tenir compte de la mauvaise foi, de l'erreur, et même des pièges qui peuvent nous être tendus. Certains ne s'en sont pas privés !

d)  Le cabinet " Equad " classe l'importance des dossiers selon une règle de pretium doloris en vigueur dans les sociétés d'assurance. Sur une " échelle de gravité " qui va de 1 à 7, Equad retient tous les dossiers dès le niveau 1 (déclaration d'un symptôme).

e)  40 dossiers sont unanimement jugés " graves " : une dizaine ont fait l'objet d'avances de trésorerie pour couvrir les frais d'hospitalisation engagés par les parents.

f)  Un tiers des cas fait l'objet d'expertises médiales complémentaires.

4)  Y-a-t-il des plaintes ?

Oui. Deux magasins ont été assignés au civil.

Au pénal, il y aurait un dépôt de plainte (contre X) et un autre directement contre SOVIBA, le fournisseur à l'origine de la contamination.

En fait, il est trop tôt pour avoir une idée du nombre exact de plaignants.

a)  Les victimes sont tentées d'attendre le résultat de l'enquête de gendarmerie pour savoir s'ils déposeront plainte au pénal.
b)  La plupart préfèrent d'abord essayer de régler leur problème de dédommagement civil, ce qui serait retardé s'il y avait plainte au pénal.

5)  L'enquête, comme semble le dire le Nouvel Observateur, a-t-elle fait apparaître l'existence d'une précédente contamination ?

Les enquêteurs ne communiquent pas. Et c'est normal. En fait, c'est un journaliste de " Linéaires " (mensuel spécialisé de la distribution) qui a évoqué cette possibilité. Un premier cas de contamination aurait été détecté par l'entreprise McKey, conditionneur travaillant pour McDo. Sa matière première provient de SOVIBA (qui, rappelons-le, n'est pas une petite PME, mais l'un des plus gros fournisseurs de la distribution et des chaînes de restauration). Les steaks auraient été détruits et l'entreprise McKey dédommagée.

6)  Les magasins E. Leclerc en avaient-ils été avertis ?

Evidemment, non ! Sinon nous n'en serions pas là ! C'est d'ailleurs ce que j'ai expliqué à J.J. Chiquelin (Le Nouvel Observateur) qui enquêtait récemment sur cette affaire.

L'information de " Linéaires " a été publiée trois mois après la livraison de steaks, plus d'un mois et demi après le démarrage de l'intoxication, et alors que nous avions rompu les relations commerciales avec SOVIBA. Nous n'avons jamais pu obtenir ni de SOVIBA, ni de McKey, ni de l'administration, confirmation de cette contamination précédente.

7)  " Le choix de la transparence, dès la première affaire, aurait-il pu éviter la seconde ", comme le suggère La Dépêche du Midi (24/03/06)

Assurément. Ces premiers faits, s'ils sont avérés, font porter à SOVIBA (et à McKey) une sacrée responsabilité. Pourquoi n'ont-ils pas communiqué ? Pourquoi les laboratoires où se sont déroulées les précédentes anal yses n'ont-ils pas communiqu é ? L'administration vétérinaire était-elle informée ? Et pourquoi, alors que l'Institut de Veille Sanitaire décelait E. Coli dans le Sud-Ouest, personne n'a été capable d'évoquer ce précédent, ce qui aurait évidemment permis de resserrer plus rapidement les investigations ?

Pour ma part, j'insiste : si l'enquête fait apparaître qu'une information préalable était possible et qu'on aurait pu éviter ce drame, je n'hésiterai pas à demander aux sociétés de mon groupe concernées par cette affaire de poursuivre les fauteurs en justice.

7 Commentaires

Bonjour MEL, bonjour à tous,
On retrouve toujours cette chappe de plomb.
A vouloir toujours tout camoufler, on se retrouve dans des situations tragiques.
Si on rajoute la méconnaissance de l'utilisation d'un produit : cuisson d'un steack qui sort du congélo.
On peut remercier les magasins Leclerc d'avoir déclanché l'alerte au plus tôt.
Mais, c'est encore une raison de plus pour m'éloigner des grandes surfaces et de leur fabriques à bouffe...
Amitiés des noix lavantes...
Bonjour les noix lavantes,
C'est mieux que de dire les
lavantes à la noix, n'est-il pas ?
Mais attention, même avec des
produits comme le vôtre, on peut
risquer des intoxication.
Souvenez-vous les talcs Morange...
Une culotte de bébé lavée avec la
noix par exemple, celle-ci n'étant pas
fraiche? Vous voyez!...
Lessiveuse.
Monsieur Leclerc,
Le 14 mars dernier je vous avais sollicité suite à un article lu dans l'Expansion.
Vous aviez eu la gentillesse de répondre, pour partie, le 22 mars suivant.
J'ai bien noté que vous étiez allé en Inde il y a peu, et je n'ai aucun mal à imaginer votre emploi du temps très chargé...
Néanmoins, je me permets de revenir à la charge tant la présentation de l'Expansion semblait simpliste.
Pour mémoire, mes questions tournaient autour de deux axes: quelle part faites-vous entre la communication et le management ; et, qui dirige chez Leclerc?
Merci par avance une nouvelle fois, si vous avez le temps...
je deplore, le fonctionnement de la carte leclerc, où chaque magasin , selon la région a des conditions differentes, avec impossibilité de beneficier des avantages obtenus. voyez chez carrefour système unique sur toute la France. autre probleme; impossible d'entrer en contact avec la direction locale, sans parler des difficultés pour se faire rembourser en cas d'erreur de prix
Bonjour,
je ne suis pas un expert en distribution. Cependant en tant que consommateur votre site ne pouvait me laisser indifférent. Je vous fait crédit de ce qui semble être vos convictions concernant la sécurité alimentaire, mais m'interroge quant à leur mise en application.
Je fréquente, depuis son ouverture, le centre de Bonneuil sur Marne. J'ai également vécu l'ouverture et le fonctionnement déplorable du centre précédent qui a eu a supporter de trop nombreux comportements inqualifiables de la part de certains clients, allant crescendo jusqu'à la fermeture définitive.
Depuis environ six mois, j'ai personnellement été témoin de faits qui me laissent à penser que la hierarchie de ce magasin privilégie "la rentabilité immédiate" au respect des normes sanitaires les plus élémentaires.
A tire d'exemple : au moment des fêtes, en matinée, j'ai constaté qu'un bac entier de produits congelés, était en phase de décongelation très avancé et que l'indicateur de température n'indiquait pas une mesure de conservation adéquatee. J'ai prévenu un employé dans le rayon de coupe le plus proche qui m'a remercié et m'a assuré prévenir un responsable. Ayant eu à revenir en soirée vu que les produits (emballages précédemment détrempés et déformés) étaient toujours en vente ...
Autre exemple : tout un bac de charcuterie dont la DLC était dépassée? depuis plus d'un mois, pour lequel j'ai alerté un employé, que j'ai retrouvé au bout d'une semaine et pour lequel je me suis senti obligé de faire la queue à l'accueil ou l'on m'a assuré que l'on prévenait le responsable ...
Et pas plus tard qu'hier après-midi, ou j'ai vu un employé chargé de réapprovisionner le rayon boucherie, incorporer, "spécialement", deux rosbeefs dont la date d'emballage datait de deux jours et qui provenaient, sans aucun doute, d'une récupération dans un rayon impropre à la conservation.
J'ai pu observé bien d'autres faits et comportements qui me semblent croître depuis quelques temps. Mais peut être suis-je subjectif ...
Bonjour
En fesant des courses hier, je me suis aperçu que le CAPRICE DES DIEUX 300g était, soit-disant en PROMO, étant une consommatrice régulière, je me suis aperçue que celui-ci était déjà au même prix le 15/02 (3,06€), comme certains autres artciles. Il se trouve aussi qu'il m'est arrivé à plusieurs reprise de voir ce PB. En + ce fromage est de mauvaise qualité (par périodes) et depuis un bon moment (ex : 1 acheté la semaine dernière et valable jusqu'au 16/03 = est sec et jaunâtre. EN CONCLUSION : LECLERC est souvent + cher que carrefour . Je suis pourtant une fidèle cliente, mais aussi souvent déçue .
Merci
J'oubliais aussi ...
J'ai acheté, il y a 2 ans environ (pour ses 18ans), un MP3 pour mon fils, qui est d'une très bonne marque et que j'ai donc payé assez cher. Or celui-ci a passé + de 6 mois en réparation pendant la garantie . Il à été réparé plusieurs fois, et remis en réparation apeine garantie finie. Il n'a donc été utilisé que très peu et la dernière remise pour dépannage à été accéeptée puis refusée . Réponse : on ne peut plus l'arranger, la garantie étant finie . Il est d'ailleurs toujours chez LECLERC, car mon fils ne veut plus le récupérer tellement il est mécontent . Trouvez-vous celà normal ?

Laisser un commentaire

Cette adresse n'apparaîtra pas à la publication
CAPTCHA
ÉCONOMIE Actus / Débats

Les vrais enjeux de la COP26

ÉCONOMIE Actus / Débats

Covid : tirer les leçons de la crise !