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Class actions, délais de paiement, négociations tarifaires et urbanisme commercial : la loi LME échauffe les esprits
Plus d’un millier d’amendements ! Ca chauffe au Palais Bourbon. « Loi LME, Loi Michel-Edouard », disent les mauvaises langues. Pas la peine de rajouter à la polémique d’autant que pour discréditer le texte, les adversaires de la libre concurrence voudraient y lire une paternité que je ne revendique pas, même si nos campagnes en furent à l’origine, même si j’approuve l’esprit général et certaines dispositions. Faisons le point.
1) Les class actions :
Elles sont demandées par les organisations de consommateurs, UFC-Que choisir en tête. Au vu des dérives constatées aux Etats-Unis, on mesure le risque d’effets pervers (contentieux interminables, surenchère financière (racket ?) avec menace de médiatisation outrancière). Mais je partage l’avis de Luc Chatel. Il vaut mieux être proactif sur le sujet et œuvrer pour un dispositif intelligent, filtré par les associations agréées et suffisamment balisé pour en maîtriser l’exercice. Le gouvernement envisage de discuter la question d’ici la fin de l’année en mettant en perspective le dispositif des class actions dans l’ensemble du système de contrôle judiciaire. C’est une bonne initiative, n’en déplaise à la majorité des patrons réticents.
2) Les délais de paiement :
Je suis pour une réduction progressive au bénéfice des PME, fournisseurs de l’industrie, de la distribution, des collectivités locales et de l’Etat, tous secteurs d’activités confondus (produits et services). Elle offrira un horizon favorable à nos PME et à leurs banquiers. Il s’agit de re-transférer la charge de trésorerie de l’amont vers l’aval. Macroéconomiquement, ce changement peut se faire « à somme nulle ». Les libéraux s’offusqueront : « le délai de paiement est un élément du prix et doit pouvoir se négocier ». Soyons pragmatiques, les PME n’ont pas le rapport de force pour eux. L’intérêt de procéder par voie législative, c’est de limiter les discriminations entre formats et acteurs concurrents (la réduction des délais impacte indifféremment tous les comptes d’exploitation d’un même format. Tout le monde est à la même enseigne (sic)).
3) La négociabilité des tarifs :
Evidemment, je suis pour. Mon enseigne la réclame depuis toujours. Heureux de voir que, désormais, tous les distributeurs s’y rallient. Le retour à la négociabilité des tarifs, c’est le retour à la vérité des prix, c’est la vraie condition de suppression des marges arrière. Contrairement aux affirmations de l’ANIA et de l’ILEC, la répercutabilité des marges arrière (lois Dutreil et Chatel) ne suffit pas pour rendre vertueux un système qui maintient la surenchère sur les prestations de services et pousse, de ce fait, à la hausse des tarifs et des prix. (Comme me le rappelle souvent un adhérent de Lannion, mon métier c’est d’acheter et de vendre des produits, pas de louer mes linéaires !). Le droit des contrats stipule que chacun (fournisseur et distributeur) doit respecter ses obligations. C’est bien de le rappeler (amendement J.P. Charié). Mais attention ! Si on reconduit le système des tarifications de chaque prestation (revendication de l’ANIA), on maintient la fiction d’un marché de prestations déconnectées de la vente. On ne sortira jamais de la loi Galland.
4) L’urbanisme commercial :
Beaucoup d’études simplistes ou statistiquement inexactes ont été produites pour aboutir à ce constat de bon sens : les prix sont d’autant plus bas qu’il existe une saine concurrence dans chaque zone de chalandise. Et la garantie de cette concurrence, c’est la présence des enseignes les moins chères.
Le texte de loi, de ce point de vue, souffre d’une énorme contradiction. Il désigne du doigt le prix des grandes marques dans les hypers (opération Chatel à Strasbourg), mais ne libère la concurrence que pour les formats inférieurs à 1 000 m², c’est-à-dire principalement les hard-discounters qui ne vendent pratiquement pas de marques (200 références maxi chez Lidl, le mieux doté).
Dans cette affaire, le gouvernement fait le service minimum. Il réplique à la Commission de Bruxelles qui lui a enjoint d’intervenir pour faciliter l’implantation des HD. Mais ce faisant, la loi n’aura aucun impact sur les prix. Les HD vendent des produits pas chers. Mais les Carrefour et autres Casino ne craignent pas vraiment cette concurrence. Les HD se développent essentiellement en centre ville d’où ils tirent leur progression de part de marché. En revanche (et c’est ce qui explique la bronca des élus de petites villes), la libre implantation de HD menace directement le commerce de proximité et de centre ville. Jean-Pierre Raffarin me le confirmait récemment (lors d’un débat pour Le Figaro). Il habite Chasseneuil du Poitou : « 3 ou 4 HD supplémentaires à Poitiers ne modifieraient pas l’attractivité de cette ville et ne pèseraient pas beaucoup sur les prix. Mais un seul HD à Chasseneuil et c’en est fini du commerce de ma ville ! ».
Vu les contradictions et les limites du projet, j’approuve la proposition de Jean-Paul Charié. Il faudra revenir devant le Parlement pour faire sauter « ces effets de seuil » et réintégrer le système d’autorisation des hypers dans le droit général de l’urbanisme. De toute façon, à l’heure d’Internet, cette histoire de mètres carrés n’a plus de sens.
Je reviendrai prochainement sur ce sujet. En attendant, le débat, même sous ses aspects polémiques et brouillon, aura deux mérites. Il permettra de s’attaquer à l’inflation à la source, dès le décret d’application. Et sur les autres sujets, il aura fait « bouger les lignes ».
23 Commentaires
Bonsoir M. Leclerc,
Je souhaiterai échanger avec vous sur le sujet des relations fournisseurs - distributeurs.
Vos marques propres se développent et représentent une part de marché croissante.
L'actualité nous montre quotidiennement des rapports tendus entre la "grande" distribution et les industriels.
Qu'en est-il?
Craignez-vous d'être dépendants vis à vis de vos fournisseurs?
Aimeriez-vous vous en débarrasser?
Je veux avoir votre avis sur ces questions... Et quelques autres.
Merci.
Matthieu Le Rossignol
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vous en remerciant d'avance
Si j'apprécie vos interventions télévisuelles, j'apprécies beaucoup moins la réalité des prix pratiqués dans certaines de vos grandes surfaces. Il n'est de voire par exemple les rayons de votre magasin de CAUFFRY (60) qui sont toujours vides, les articles non suivies, et les prix que je qualifie de"Fochon du pauvre!" Il serait grand temps que quelqu'un intervienne pour limiter les abus de cette direction, date périmées, impontétence totale sur le maintient du personnel, approvisionnement aléatoire, etc......
le comparatif des prix des carburants est obligatoire et organisé sur internet :
www.prix-carburants.gouv.fr
super pratique pour faire son choix près de chez soi !
Je ne comprends pas tous vos efforts dans la campagne pour le pouvoir d achat . Sachant qu entre différents magasins Leclerc les prix fluctuent. Je n'ai pas la chance d'habiter prés d'un centre leclerc témoin des prix bas que vous êtes sensés pratiquer. Je vis dans le lot, et je dois bien avouer que le leclerc de saint laurent les tours est loin de répondre aux exigences que vous affichez...
Cordialement,
bon a part ça Mel, se plante un peu et la répartition géographique dans le sud pour les HD est strategiquement tres bien placée.
bien a part ça
Comment se déroule la procédure de demande d'autorisation d'implantation d'une grande surface ?
Le dépôt du dossier
Le dossier de demande d'autorisation doit être adressé au Préfet en 12 exemplaires sous pli recommandé avec accusé de réception ou contre décharge au secrétariat de la CDEC en Préfecture.
Le cheminement de la demande d'autorisation
Si le dossier est complet : le Préfet fait connaître au demandeur la date d'enregistrement et la date à laquelle la décision de la CDEC doit être notifiée. Le délai d'instruction court à compter de la date de l'avis de la décharge ou la réception du dossier complet.
Si le dossier est incomplet : le Préfet invite dans les 15 jours, par lettre recommandée avec accusé de réception, l'intéressé à le compléter. Le délai d'instruction court à compter de la date de réception par le Préfet de la dernière pièce.
Un exemplaire du dossier de demande est transmis par le secrétariat de la CDEC :
à chaque membre de la CDEC
au Directeur Départemental de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes qui assure l'instruction du dossier
au Directeur Départemental du Travail, de l'Emploi et de la Formation Professionnelle qui évalue l'impact du projet en terme d'emploi
au Directeur départemental de l'Equipement qui fournit un avis sur l'impact du projet au regard notamment de l'aménagement du territoire et de l'équilibre des agglomérations
à la Chambre de Commerce et d'industrie et à la Chambre de Métiers qui communiquent leurs observations sur l'étude d'impact.
je me demande pourquoi on demande pas également l'avis du Clergé, c'est vrai apres tout, les CCI et CM ont leurs ouailles....
essayez de vendre à Manosque du jambon de
qualité à un prix égal ou inférieur mais non
au prix doublé de celui de Carrefour Montesson
J'ai lu un article qui cite de nombreuses marques de produits alimentaires vendues dans vos magasins, dont la composition serait à base d'huile frelatée.
Qu'en est-il et quelle mesure comptez- vous prendre pour protéger les consommateurs ?
Merci de votre prochaine réponse.
Gérard Dubos
yoopi
Nous serions intéressés par la création d'un centre auto dans l'herault, pouvez m'indiquer à quelle adresse émail je pourrais vous soumettre
notre projet.
Salutations
X.Dugué
Bravo pour vos engagements continuez et nous avons besoin de vous surtout pour la pharmacie. J'ai payé 7,5 € (nono remboursé)un produit pour la conjonctivite et j'apprends 1 semaine après par une amie employée dans une pharmacie que j'aurais pu trouver le même remoursé par la SS, c'est scandaleux ! Je suis trèz fidèle cliente Leclerc j'apprécie votre rapport qualité-prix même pour les voyages et vacances. Vous devriez vous attaquer aux taxis !
Cordialement
Nathalie Rolland
Merci pour ta réponse du mois de mars.
Tu vois habituellement juste.
Notre "Petit Producteur" (idée que tu sembles bien aimer sur le principe)avance à grande vitesse dans tes linéaires avec une attention toute particulière de tes équipes F&L. (qui l'eut cru ?!...Tu as poussé ?)
On se bouge le cul comme tu dis...rien n'est plus vrai...mais les gens de chez toi aussi...(les sca sont auj les plus diffusueuses de notre gamme qualité équitable "Le Petit Producteur")...
Pour enfoncer le clou nous préparons ensemble l'arrivée dans vos rayons d'un espace dédié aux produits "Le Petit Producteur".
C'est nouveau et c'est quoi ?
C'est un espace ultra soutenu par les chefs de rayon qui veulent faire chanter la démarche...
- tous les produits qui y prennnent place sont sélectionnés directement par les producteurs au jour le jour, ce qui systématise cette promesse qualité en affichant sur les produits leur nom et leur photo.
- la PLV affiche clairement que les magasins soutiennent la démarche en rémunérant mieux le producteur (+30% en moyenne)
- ...et grosse nouveauté qui booste tout : l'entrée en scène d'une vidéo diffusée en permanence au milieu des produits qui présente la démarche en continu... elle montre de façon "sexy et buzzy" comment les producteurs dans leurs terres organisent cette sélection au jour le jour, pourquoi c'est bon et pourquoi c'est plus équitable...
+ témoignages de clients, témoignages de chefs de rayon, extraits des JT et reportages TV etc. etc.
Pour répondre à ton dernier mail, et ton interrogation finale, la normalisation, le gencode etc. sont bien là, sur un coin des barquettes...On fait avec l'existant. Pas d'usine à gaz.
L'étiquette (avec photo+ nom + adresse de production) est en fait un plus qui rassure et trace...
Pour le cahier des charges gd confrontés à la qualité et son prix que tu poses en interrogation, les produits bénéficiant de cette promesse producteur directe font en moy 25 % par catégories...(on attendait 5 pour tout te dire....)
En bref, ça nous montre que les F&L sont trop chers, c'est vrai, mais alors mille fois trop chers pour les consommateurs quand en plus ils ne sont pas bons !...
Par ex, notre melon 100% garanti à 0,80 c de plus a fait chez un de tes confrères 30% des ventes en moy l'an passé parcequ'il était sur d'être bon...
Témoignage d'une dame à la retraite qui nous dit la chose suivante...."dans quel cas ça me coûte plus cher ?...quand j'achète un melon à 2€99 100% garanti qui me fait me régaler à coup sûr où quand j'en achète 2 en promo que trop souvent je jette ou mange à reculons...(100% garanti = le nouveau scan qui garanti individuellement chaque melon en sucre et intégrité de la chair)
A méditer...
En tout cas, si tu es pour quelque chose dans cet engouement lecleriste autour du buzz qui booste notre initiative aux quatre coins de la France... merci.
Les Petits Producteurs
"Le Petit Producteur"
assciation loi 1901
www.lepetitproducteur.com
PROBLEME DE DIRECTION?Ou si vous possèder le "CONSOMMATEUR" comme VOS CONFRERES?
ce n'est pas Mel qui t'as répondu, mais un internaute banal, vaguement dans la profession, en ce qui concerne le gencode et la normalisation.
pour ton melon ajoute donc en plus le °brix et fais une démo vidéo sur comment il est pratiqué, precise les valeurs parcellaires et la nature du terrain ou il doit etre cultivé terrain fort ou coteaux ensolleillés etc... plus tu fournira de competances et de savoir faire au client final plus tu sera crédible, vois aussi pour une IGP, dote toi d'un systeme CQ départ perforamnt et ce sera tout bénef !
Merci pour vos luttes et particulierement pour la lutte contre la vie chère.
j'aimerai rentrer en contact avec vous, pour vous faire une proposition, sur un nouveau service dans l'ensemble de vos enseignes et qui correspondrai tout à fait à l'esprit de votre lutte.
Dans cette attente.
Cordialement
Jean Claude BRET jclaudebret@yahoo.fr
Pourtant, les points de vue sur la LME emanant de ces deux societes divergent: voir a ce sujet l'article publié sur le blog de Yoplait (http://www.bravolapetitefleur.com/2008/06/11/implantation-des-grandes-surfaces-il-faut-aller-encore-plus-loin/).
Comment peut-on concilier les deux approches?
Client Leclerc depuis très longtemps, je suis de plus en plus déçu
-par les prix, de moins en moins compétitif
- la qualité ???
- Le comportement des caissières. Être obligées de subir la pression d'une hiérarchie digne d'une autre époque.
Donner des leçons dans les médiats pourquoi pas mais Monsieur Leclerc les droits syndicaux existent même pour les grandes surfaces et surtout le respect des travailleurs
Et pourquoi ne pas se lancer dans les services à la personne?
Je souhaiterai en discuter avec vous, j'ai plein d'idées à ce sujet...
A bientôt j'espère
Cordialement
Nathalie Poirier
Cela aura pour conséquence une arrivée massive de distributeur dans les centres-villes, ainsi "Daily Monop'", "U Express" et "Auchan Little Extra", "Carrefour City" ont emboité le pas à cette opportunité stratégique de conquête des espaces urbains, qu'en est-il des futurs espaces "Leclerc" adapté au modèle urbain ?