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GDF-Suez : Le nationalisme économique : un tigre de papier…à défaut d’Europe politique !

img_blog_070306_europe.jpg © Communauté européenne Je ne suis pas un spécialiste du secteur de l’énergie. J’avoue avoir du mal à apprécier le bénéfice économique de cette « contre OPA ». Mais je suis sûr d’une chose : le signal donné par les autorités françaises ravive les thèses nationalistes. Il atteste de l’absence d’une politique énergétique européenne. Il confirme l’énorme déficit d’Europe politique. Après avoir joué un rôle majeur dans l’échec du projet de Constitution Européenne et alimenté toutes sortes de fantasmagories sur les conséquences de la libération des services dans l’UE, c’est encore notre pays qui se démarque de son discours historique. Il va falloir sacrément se décarcasser si l’on veut prétendre conserver un certain leadership dans les instances européennes !!! 1) L’affaire alimente une surenchère de revendications protectionnistes Quels que soient les bénéfices supposés de la contre-OPA imaginée par le tandem Villepin/Breton, le projet de fusion GDF-Suez est vécu par les autres pays comme un camouflet… De quoi alimenter les discours les plus nationalistes. a) C’est en Italie qu’on s’agite le plus. Silvio Berlusconi s’est souvenu qu’il avait déjà dû manger son chapeau en 2002, et laisser EDF racheter Edison. Il a mis ses ministres en ordre de bataille pour organiser le lobby transalpin à Bruxelles : « L’Europe doit absolument intervenir ». Ne croyez pas qu’il s’agisse d’un simple effet de manches, sans conséquence pour les entreprises françaises. C’est toute l’Italie qui est debout comme un seul homme. L’initiative du gouvernement français de bloquer Enel, le volte-face de Veolia, l’implication supposée de Jacques Chirac auprès de Proglio et de Thierry Breton…voilà ce qui nous vaut quelques belles colères ! Celle de Romano Prodi, en piste pour les élections législatives du mois prochain : « Si nous ne pouvons pas entrer en compétition dans un secteur en France, je ne vois pas pourquoi la France pourrait acheter chez nous ». Les mesures de rétorsion annoncées, ce week-end, dans tous les reality shows italiens font sourire l’éditorialiste de L’Espresso : « Faut-il réclamer aussi le rapatriement de Monica Bellucci ? ». Il n’empêche. Les Italiens ont pris la gifle. Le Parlement sera bientôt saisi d’un projet de loi pour limiter les droits de vote des étrangers dans le capital des groupes italiens. Premiers ciblés, les investisseurs français : Gaz de France qui a récemment acquis 40 % d’Italcogim, Suez, investisseur dans ACA, la régie productrice d’électricité installée à Rome. Veolia, Electrabel, EDF (Edison), et BNP Paribas (BNL)… Sur Europe 1 (03/03/06), Sandro Gozi, conseiller de Prodi, citait aussi le Crédit Agricole, Auchan et…Leclerc. Chaud pour les Français ! Dans un pays où la susceptibilité n’est pas, contrairement à la filmographie, l’apanage des femmes, il est à peu près assuré que les politiques italiens vont chercher à jouer la troisième mi-temps de prolongation de l’Euro 2000. b) En Belgique aussi, l’affaire pose problème. Les deux compères industriels étaient jusqu’ici concurrents. La fusion fait peser sur le consommateur belge des risques évidents sur les prix du gaz et de l’électricité. Les associations de consommateurs sont en alerte. Et les syndicats s’inquiètent des conséquences des inévitables restructurations sur l’emploi. c) En Espagne, enfin, l’affaire fait tâche d’huile. Le Ministre de l’Economie, Pedro Solbes, fustige le retour du protectionnisme. Mais le Chef du gouvernement, Zapatero, joue la même partition que Villepin et s’oppose à l’OPA de E.ON sur Endesa. 2) On ne peut pas faire procès à la France de saper l’Europe de l’énergie. C’est un mauvais procès L’Europe de l’énergie n’existe pas. Elle n’existe plus depuis longtemps. Il était bien seul, Jose Manuel Barroso, quand il faisait appel « au sens européen de la responsabilité politique de la part de nos Hommes d’Etat pour éviter une rhétorique nationale ou nationaliste ». La publication, cette semaine, du texte de la Commission sur les perspectives de la politique énergétique de l’UE ne fait plus illusion. A. Leparmentier (Le Monde, 03/03/06) dresse un bilan très noir. « Les états ont bloqué les propositions de Bruxelles sur la sûreté nucléaire et l’enfouissement des déchets radioactifs ; ils ont refusé la constitution de stocks stratégiques communautaires ; l’UE n’atteindra pas son objectif d’avoir, en 2010, 21 % d’électricité produite à partir des énergies renouvelables ». Il aurait pu rajouter le jeu très perso de chaque pays face à la crise pétrolière, l’absence de volonté commune sur les énergies alternatives, le refus des Scandinaves et des British de partager leurs ressources pétrolières, et celui des Français en ce qui concerne le nucléaire. Pas d’accord donc pour opposer à Villepin la défense d’une politique énergétique commune inexistante. C’est bien par défaut d’une telle politique que s’effectuent, depuis 2002, ces fusions et regroupements. Le politique n’a que deux choix : laisser se faire les OPA sans intervenir. Ou alors, tenter de sauver les meubles, quitte à recourir aux mêmes solutions que la gauche dans les années 80 en se servant de l’emprise du secteur public. Ou à jouer les mécanos, sans autre rationalité économique ! Ironie de l’histoire, dit Nicolas Baverez (Le Point, 02/03/06), « La gauche française (il aurait dû dire Fabius), en bloquant la transformation des institutions européennes, a créé un vide politique qui transfère la dynamique d’unification du continent aux entreprises, via les fusions ». 3) C’est l’Europe politique qui fait cruellement défaut. C’est l’absence d’initiatives françaises sur ce sujet qui colore l’initiative française d’une teinte protectionniste et nationaliste, et jette le trouble. C’est là qu’est la limite de l’initiative française. Je répète, elle est peut-être commercialement judicieuse. Elle n’est pas illégale. Mais elle ne s’insère pas dans un discours offensif pour construire une Europe de l’énergie solidaire face aux initiatives de Poutine sur le gaz, ou aux surenchères internationales sur le pétrole. Pire, elle n’a l’apparence du patriotisme que l’effet d’annonce. Les « champions nationaux », ceux à qui l’Etat veut décerner maillot jaune et médaille du mérite, seront, sans autre garantie, sans autre consolidation, les proies des appétits capitalistes de demain. Voilà un bien fragile monopoly dont les constructions vont se faire et se défaire dans les années qui viennent, au gré de l’arrivée de nouveaux acteurs des pays émergents, forts du flot croissant de liquidités en circulation sur la planète. Je partage complètement l’avis de Jacques Attali (L’Express, 02/03/06). « La nationalité (des) entreprises est aujourd’hui de plus en plus illusoire. La plupart des prétendues grandes entreprises françaises ont leur siège social à l’étranger ; plus de la moitié de leur capital est entre des mains étrangères et l’essentiel de leurs dirigeants sont fiscalement résidents hors de l’hexagone ». Au fond, qu’importe la pseudo nationalité d’un capital cessible, de plus en plus anonyme, et soumis aux aléas des seules perspectives de gain à court terme. Je ne nie pas l’intérêt de garder la main sur les secteurs stratégiques. Mais, refuser de partager avec d’autres Européens le pouvoir chez Dassault ne garantit pas la survie de l’entreprise, et encore moins l’obtention des commandes (combien de Rafale vendus à l’étranger ?). Au contraire, on a fait Airbus et Ariane, capables de rivaliser avec les entreprises américaines…en partageant le capital et les emplois. En ce qui concerne les marchés non stratégiques, je suis sûr que, pour le consommateur comme pour le salarié, la nationalité de Danone ou de Nestlé importe peu. Combien de Français savent que la maîtrise du capital de L’Oréal se trouve…en Suisse ! Pour reprendre l’expression de N. Baverez, il nous faut prendre acte de « la fin du monopole des pays développés sur l’économie de marché et la disparition des rentes qui en résultaient ». Ce qui importe, c’est que les entreprises françaises et étrangères aient envie d’investir dans notre pays. Créer un environnement juridique, fiscal attractif pour les investissements étrangers, un cadre de vie qui séduise les cadres et les personnels souhaitant s’établir en France, brancher la recherche sur ces entreprises, créer des filières de formation adéquates…voilà ce qui serait, à mon sens, la meilleure arme du patriotisme ! Mieux que toutes nos lignes Maginot. Et en plus, tous les Français en bénéficieraient, pas seulement les actionnaires dont l’Etat essaie finalement de garantir la rente.

8 Commentaires

J'ai bien lu la petite note...
Alors, quand je bois un espresso,
je fais comme les ministres et
comme les centres Leclerc,
je me sucre moi-même.
L.A.A.
Salut,
Il n'y a pas qu'en matière d'énergie que l'Europe n'existe pas. Les revendications protectionnistes ont le droit d'être quand on voit que la culture française a été développée avec une forte influence américaine pendant des années (par les médias)et que brutalement, l'Europe s'ouvre à l'Est, avec en prime, et depuis 1972, une crise sur fond de chômage, de trou de sécurité sociale...!
Quand aux autres pays Européens, ils étaient, avant la chute du mur de Berlin, franchement sous domination russe.
Je pense que tous les pays, les uns parce qu'ils ont atteint les limites du libéralisme, les autres parce qu'ils ont atteint les limites du communiste, ont cru sauver leur système en constituant l'Europe. Mais très sincèrement, je pense que personne ne souhaite payer pour les autres et qu'effectivement GDF/suez ne peut qu'ennuyer les autres pays membres.
Je suis tout à fait d'accord avec vous quand vous mentionnez le fait que la plupart des grandes entreprises françaises ont leur siège dans d'autres pays Européens et que la moitié de leur capital est entre des mains étrangères. Mais, il me semble que tout l'enjeu européen était d'en arrivé là. D'une part, la main d'oeuvre est moins chère à l'étranger (profitable en apparence au patronnat), d'autre part ça a permis aux autres grands patrons européens de racheter des capitaux français. Etait-ce profitable au patronnat français? Oui et non. Je pense qu'à long terme, et je récidive sur le sujet, les grandes entreprises qui avaient pris modèles sur les grands trusts américains, vont se disloquer petit à petit. Le protectionnisme renforcé par l'union européenne aura pour seul effet sur la population française de bouder les grands ensembles ( je récidive encore) comme la GD, par exemple, au détriment de structures plus petites, départementalisées (car je crois que vous aimez ce terme lorsque vous parlez notamment du manège à bijoux, de l'espace culturel...) et éclatées sur le plan européen, voir national.
La population française commence à regarder à travers le regard européen les problèmes de pollution des grands complexes industriels français ; elle prend conscience d'un certain nombre de mesure (sac plastique Leclerc à 1 franc et recyclable) prise par l'Europe.
Le regard des autres pays européens doivent également changer puisque lorsqu'ils souhaitent entrer dans l'Europe, ils sont obligés à leur tour de se mettre à niveau eux-aussi...
Alors, ce serait peut-être une europe intermédiaire entre le libéralisme et le socialisme?
Tchao M.E.L.
salut
Connaissant les résultats catastrophique de la Politique Agricole Commune, seule vraie politique commune conduite en europe à ce jour, peut-être vaudrait-il mieux arrêter là les frais et se réjouir de l'absence de vrai politique européenne dans les autres secteurs d'activité.
Bonjour,
ancien poissonnier de métier, je tiens tout d'abord a vous féliciter sur le matériel qui est mis en place dans les nouveaux magasin.
aujourd'hui nous sommes a l'air de l'hygiene et de la qualité, une chose qui me choc a chaque fois que je me déplace en grande surface c'est l'odeur que dégage le rayon poisson, en arrivant a l'entrèe du magasin vous savez si il y a un rayon poisson ou pas, c'est normal?
l'hygième des produits: on met en place un suivit ( la traçabilité mais une fois sur le rayon la préoccupations du maintien de la chaine du froid n'est pas respecté ( soit trop de glacage le produit est brulé ou pas assez de glaçage le produit prend des coups de chaud)
Il me semble que si on prenait au sérieux la vente des produits de la mer les ventes seraient beaucoup plus importante et dans certaines régions comme le centre et le sud est nous pourrions vendre autre chose que des filets.
Pour ce faire les responsables de magasins devraient être concient que les produits de la mer sont les produits les plus fraigiles du magasin et qu'ils mérittent toutes leurs attention dans le choix du matériel et surtout du personnel (a la boucherie on ne met pas le cremier pour gerer le rayon et bien la poissonnerie il faud un priffessionnel pour le gerer ce rayon quelqu'un qui connait le produit sa provenant son lieu de vie la profondeur ou il vie sa methode de pêche tout sa pour connaitre son temps de conservation),
Combien de vendeur ou vendeuse ne savent pas repondre aux clients sur la preparation culinaire du poisson?
Monsieur LECLERC je suis a votre diposition pour vous presenter mes idées marketing pour le rayon marée: l'utilisation des outils informatique pour le conseil
les emballages conservateur.
Merci de mettre a notre disposition ce moyen de parole.
Brillante analyse MEL que je partage complètement.
Je ne suis aucunement surpris que la puissance financière des grandes entreprises soit le moteur de l'union européenne, économique plus que politique (de gré ou de force...) encore une fois.
Bonne ou mauvaise chose ? La question est caduque car après tout si l'on regarde derrière nous pour ces fusions lorsque la France fût active (Pernod Ricard - Allied Domecq, Renault - Nissan, EDF - Edison, etc...) les cotations boursières attestent plutôt du positif de ces dernières.
Y compris pour les "passives opéabilisées" !
Débat très intéressant. Oui le patriotisme économique est une forme atténuée de chauvinisme.
Ceci dit l'état-nation mettra des générations à s'estomper dans la conscience collective et l'identité nationale des entreprises est bien présente pour beaucoup de consommateurs, donc impossible à ignorer pour le politique.
En pratique, il faut savoir que seulement 30% des fusions de grande envergure créent de la valeur pour leurs actionnaires, que la plupart coutent des emplois et une insatisfaction des salariés fusionnés (complexe des salariés de l'achetés...).
Economiquement et socialement, ce type de fusion est (statistiquement) absurde. Mais les entreprises cherchent forcément à grossir donc il y en aura toujours. Alors ???
Pragmatiquement parlant, et en tant que patron également, je vois beaucoup plus de valeur à créer pour l'actionnaire dans une fusion avec GDF, qu'avec ENEL (maitrise et mutualisation du lien client, meilleure résistance à la concurrence par une offre globale versus simple addition de territoires...).
Sur le reste, je suis d'accord sur le fait que l'intervention de Matignon est totalement déplacée.
Consulter mon commentaire exhaustif sur mon blog manager.over-blog.org
Energie ! la grande distributionest aussi une proie facile aux opea douteuse !si comme la grippe aviaire toute la filière est à mettre "au norme" à moderniser oragniser, le concept de grande entreprise avec un pseudo directoire hors des véritable préoccupation terrain de la clientèle dde la sécurité et des direction, ne semble pas d'ailleur faire broncher une EUROPE peut soucieuse d'éradiquer la prise d'intarêt nuisible voir de défendre les intérêts de société et pas seulement des consommateurs ! le phénomèneme de société implique une gestion des flux des masses mais aussi les principe de sécurité contre les dangers les plus grave suez est où a été une filière du ca, le ca c'est l'agriculture et son émergenace fincnières c'est aussi une communication mondiale avec des sociét qui n'ont strictement rien à voir avec le respect minimum du droit ! attention edf gave au impôt et abbattu comme religieusement pour le sacrifice des Français ! IL FAUT SAVOIR DIRE NON ! et pas seulement en contrôlant l'import export et en développant les nouveaux réseaux consommateurs/Distributeurs/producteurs, consommateurs d'energies comme pour " les nouveaux centres leclerc" !
il faut partir d'un constat pragmatique de société, des programmes indispensables de gestion conjoncturelle et évènementiels mais aussi mettre en évidence que seul une contrôle " total " sans corruption, menant à la guerre, au chomage à la bassedu pouvoirs d'achat, à la délinquance et criminalité, donc comme la crise des pétro dollar fléeau existentiel d'intérêts mettre des limites des limites logicielle pour ces hyperstructures positives et favorable à la réussite et pour assurer comme une vitesse de croiière, les bons caps, militaire pour ce défendre et civilo- militaire en assurant aussi les production, toute l'energie dont celle de l'engagement, et l'organisation des sociétés ! les différences de société et d'intérêts,appliquer, justement l'expertise et l'ingenierie là où elle est indispensable ! comme votre message sur la grippe aviaire, avnt les comptages de fin de mois on étudie aussi les variables périphériques pour réussir !
trop important l'Europe à les atouts pour réussir, la préoccupation est le droit et la démocratie, la paix la sécurité, la qualité,la construction de l'europen, du monde "surtout contre les ennemis de la démocratie moderne" il faut aussi dire non aux gouvernements quand il manque à leurs devoirs et donc s'en passer et faire mieux ! vérifier la finalité de l'activité est comme votre message sur les décs en nombre " assimilmé à une et plusieurs extermination " il faut assui contrôlé la finalité pour sa solvabilité gage de bonne procédure et de qualité d'activité !
Pour la Saint-Joseph Surement grand protecteur de la grande distribution et que l'on prie toujours ! la grande distribution doit se défendre aussi des valeurs de bases nuisibles, du monde et ses évolutions nuisibles et les éliminer comme l'artisanat " Grande Entreprise de France" bon courage et réussite MEL pour l'Enseigne de Qualité ! il faut aussi des bons professionnels comme vous pour des équations d'Opea à faire correctement ! " pour que la mafia ne rachete pas le tout ... " moi consommateur, Fort, Professionnel, dévoué ... , l'Hotesse de l'hyper où la sécurité, il vaut mieux envoyer la sécurité, les trois comme les trois mousquetaires, vos amis fidèles, où les trois le premier prend la boule et la lance le deuxième prend la lance et la boule et le troisième ... l'opea ? !
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