Giscard, Bayrou, Badinter, Montebourg (etc.) et les institutions : peut-on vraiment parler d’une crise de régime ?
L’expression est forte. J’y adhère si l’on parle du comportement des hommes à l’égard des institutions. F. Bayrou a mille fois raison quand il stigmatise un pouvoir cherchant délibérément à instrumentaliser le droit. Mais pour autant, je trouve qu’on ne peut pas parler véritablement de crise des institutions, ni de leur inadéquation à la situation présente. Au contraire, même ! Ce sont ces institutions qui nous ont probablement préservés des ultimes dérapages.
Sur ce sujet, je n’ai évidemment aucune compétence, aucune expertise particulière. Comme tout citoyen passionné par le débat public, je m’intéresse à la vie politique en ce qu’elle conditionne notre vie quotidienne. Mais vu l’urgence à réformer notre pays, la question de la stabilité et de la crédibilité des institutions me paraît vitale (ne serait-ce que pour « faire avec » ou « se protéger de l’arbitraire » !).
1) Cette semaine donc, politiques, politologues, profs de droit, éditorialistes ont nourri l’idée qu’on avait vécu une grave crise des institutions.
a) A droite, J.M. Le Pen a été le plus virulent. Il a accusé le Président de commettre « un attentat permanent contre l’état de droit ». Giscard, lui, parle de « désorganisation des institutions…à un niveau inconnu depuis le début de la Vème République » ! F. Bayrou en rajoute : « On est arrivé à un moment où l’effondrement des institutions devient accablant ».
b) A gauche, A. Montebourg prône la 6ème République. R. Badinter considère que « si nous étions dans une démocratie où le parlement joue son rôle, le gouvernement serait tombé ». R.G. Schwartzenberg accuse carrément Chirac de dévoiement des institutions quand « dépositaire de l’autorité publique….(il prend) des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi ». G. Carcassonne dit de même.
2) Le feuilleton des annonces (intentions et dédits) est effectivement accablant.
- Le recours au 49-3, alors que le gouvernement dispose d’une vaste majorité (tout ça pour aller plus vite), puis la confiscation du vote parlementaire par le Président.
- La promulgation par J. Chirac, mais aussi l’engagement de ne pas appliquer la loi.
- La dessaisie du gouvernement au profit du parti majoritaire au parlement.
- L’appropriation par le Président des bénéfices d’une éventuelle proposition de loi (confusion des pouvoirs).
- L’annonce du remplacement du CPE, voté et promulgué, par une autre mesure législative.
Décidément, tout cela fait désordre. La leçon de P. Mazeau à nos gouvernants n’a pas eu beaucoup d’écho. Le fidèle gaulliste et défenseur de la constitution a dû avoir quelques haut-le-cœur ces dernières semaines (cf. ma note du 4/01/06).
3) Cependant, dans nos Sorbonne, aucun « publiciste » n’a vraiment parlé d’entrave à la Constitution, ce qui, pour le moins, rend excessif le titre de l’éditorial de Marianne (8/04/06), « Le putsch institutionnel », signé du non moins excessif J.F. Kahn.
Oui, il déconne un brin notre JFK quand il parle de « soviétisation institutionnelle de la France ». Il eût été plus juste (et tout aussi sévère) de parler de politique de Gribouille.
Ce à quoi nous avons assisté n’est rien d’autre qu’une crise politique, jouée de la plus médiocre façon, par des protagonistes auxquels l’initiative n’a cessé d’échapper. D’ailleurs, personne ne conteste qu’à défaut de « la sortie » présentée lundi, c’est la démission de Villepin qui aurait été envisagée. La logique constitutionnelle (comme pour A. Juppé ou, autrefois, E. Cresson) aurait fini par s’imposer.
4) La droite au pouvoir n’a d’ailleurs pas l’exclusivité de ces dérives.
Certes, c’est sa barque qui est la plus chargée. Mais laissez-moi rappeler deux faits :
a) Ségolène Royal, Président de la région Poitou-Charentes, respecte-t-elle la démocratie quand, pour l’obtention des subventions, elle discrimine par avance les entreprises qui auront adopté le CPE (pourtant voté au parlement) ?
b) J’écoutais B. Thibault interrogé par J.P. Elkabbach (Europe 1, 04/04/06). A quelle légalité se réfère le syndicaliste quand il conteste la légitimité d’un vote parlementaire au motif que, dans certains cas, « la démocratie doit tenir compte avant tout de l’expression du mouvement social dans la rue, les universités… ». Trois millions de manifestants, des syndicats qui représentent 7 % des salariés, peuvent-ils remettre en cause les choix parlementaires et par là même nier sa représentativité ? Si J.F. Kahn dénonce la soviétisation des institutions, au moins pourrait-il alors y inclure syndicats et partis politiques, y compris ceux de gauche.
5) Ce qui est en cause, ce ne sont donc pas nos institutions (qu’il faut, bien sûr, moderniser), c’est la pratique « de ceux qui nous gouvernent » (E.A. Seillière). J’adhère au diagnostic de F. Chérèque : « Nous vivons une crise de la représentation politique ». Ce que ressent aussi Patrick Sabatier (Libé, 10/04/06) qui parle du « discrédit » et « du rejet massif qui frappe tous les partis politiques de gauche comme de droite ».
Nous l’avons dit ici, l’erreur de Villepin a été une formidable aubaine pour des syndicats, des partis, des hommes politiques, et même des présidents d’université…dont on ne peut décemment pas dire qu’ils étaient en phase avec les attentes sociales. La crise leur a permis d’être « acteurs » plutôt que « sujets » de la contestation. On n’a toujours pas compris comment tous ceux-là envisageaient sérieusement de finir la pièce.
Dans le JDD, ce week-end, VGE écrivait : Une fois « le fonctionnement des institutions (…) rétabli, la cause de l’agitation lycéenne et étudiante disparaît du même coup ».
Eh bien, non, justement. Les lycéens réintègreront probablement leurs lycées, faute de pouvoir clouer Villepin au pilori. Mais la plaie reste ouverte et la polémique sur les institutions ne fera que l’occulter.
8 Commentaires
que croire et qui croire ???
En effet, ceux là même sensés nous représenter à l'Assemblée et au Sénat, les gouvernants comme les opposants, nos chers hommes et femmes politiques ont beau jeu de taper dans la fourmillière de la Vième après avoir abondament grenouiller dans toutes ses arcanes et tous ses couloirs !
Manoeuvre politicienne de certains opportunistes à l'approche de 2007, ou réelle désorganisation, voire chute de la Vième ? Comme MEL, je ne suis pas loin de penser que c'est justement parceque nous avons des garde fous institutionnels solides que notre pays n'a pas sombré dans la crise politique profonde après les évènements de ces derniers mois ... !
Ceci dit, il n'est pas nécessaire d'avoir un QP (quotient politique) supérieur à 120 pour comprendre que nos "dirigeants" politiques et syndicaux jouent à l'envie avec la ligne rouge ... ! Ce flirt historique est à mon avis un travers "normal" de la démocratie populaire ! Faut il pour autant, comme le survend A. Montebourg, renverser, putscher, faire disparaître cette Vième pour une VI ième ... devant invariablement aboutir, peu ou prou, aux mêmes dérives démocratiques !
Pourquoi ce fatalisme ? Parceque nous avons à faire à des hommes, avec tout ce que cela entend de forces, de convictions, ... mais aussi de faiblesses, d'orgueil, d'envie face à un pouvoir ayant toujours passionné, et surtout ayant toujours dilué les ardeurs des plus durs ...
Alors, certes, notre démocratie s'est un peu plus enfoncée dans l'absurde du politiquement humain, mais au moins, sommes nous toujours vivants dans une vraie et belle démocratie ... ! Ce qui signifie en d'autres termes que nous devons impérativement rester vigilants, alertes et bien sûr prêts à l'action ! :-))
Christophe
Les dérives ne sont pas dûes qu'aux hommes politiques (permettez moi non pas de les excuser mais de les défendre un peu) car ce ne sont pas les seuls à jouer avec les institutions. Les citoyens aussi!
Combien d'abus au quotidien de nos chers citoyens ?
Les institutions républicaines sont basées sur une gestion commune de biens et de services supposés pour le confort et le bien être de tous et je ne pense pas que seul le CPE renverse cette tendance. Le ministère de la justice aurait beaucoup à faire avec je vous le rappelle l'ouverture du "2nd procès d'Outreau". Le ministère de la santé va mal...et j'en passe...
Quant à la VIième république, si c'est pour avoir comme départ la même mentalité qu'aujourd'hui, ça ne devrait pas changer grand chose. Mais bon, si ce n'est qu'une question de procédure (une de plus ou une de moins)...
Tchao M.E.L.
Bonjour.
Je suis écrivain et je viens de publier aux éditions Bénévent un roman de politique fiction qui s'appelle "IL PRESIDERA". Je pense que certaines analyses devraient vous être assez proches.
Vous êtes cité dans ce livre.
Comment puis-je vous le faire parvenir ?
Avec mes meilleures saluations
Charles DUCHÊNE
Découvrez l'actualité en vers et contre tout sur http://poactu.canalblog.com/
Vous n'êtes pas cité dedans, M.Mel,
cependant vous pouvez consulter
les sites.
Un admirateur anonyme.
Quant à la politique, on laisse
ça à ceux qui sont payés pour
en faire. Chacun sa route, chacun
son chemin...
En politique, on pourrait traduire:
"Chacun son prout, chacun son crottin."
quand je vais au Leclerc pour acheter des produits de qualité et en sécurité, avec le rmi,j'ai une formation d'"ingénieur d'affaire" la qualité est réelle !
si vous parler de politque ! autant dire que la grandes distribution comme beaucoup d'entreprise se passe de décideurs politique de régime de lois de droit moribonds rebelle à la démocratie civilisée et d'ingérance criminelle voir pire !
la politique est donc inutile et encombrante en état !
arrêtons de tourner autour du SUJET ! en ce temps arême ! La sociét ne peut vivre avec des attache nuisible il lui faut la liberté et les politique non rien à décider ni pour la grande distribution ni pour le citoyen ni pour la nation libre honnête forte et puissante ! je proposait sur un forum de l'aasemblée nationale de leur faire un devoir de proposition de loi pour résoudre le déficit des comptes de la "FRANCE" devoir corriger d'une heure en français et en allemand her major si le daficité n'atait pas ressolu en fin du 05.04.2006 ! finalement le prof sans cpe les a certainement viré tous ! mais il faut résoudre les compte comme ceux qui ddoivent agir ne font rien ! ... ! liberté décision !
on ne peut garder un système aussi nuisible avec des secteurs d'activité aussi important industrie ... sans responsable réel au commande et tableau de bord et ce sans les politiques actuels !les papiers les chiffres l'argent ! la démocratie et la valorisations des intérêts par une sociét moderne civilisée organisée responsable et honnête !
la politique centriste est néante ! la gauche s'est fièrement fait remarquer par son anti démocratie , la droite est résiduelle les extrèmes plongent et périssent dans leur chaos !
Apolitique non ! puissance politique moderne MONDIALE et civilisé oui ! la démocratie est souvent compris de laisser nuire les intérêt personnel ce n'est pas le cas ! tout n'est pas permis surtout le mal !
le mal chronique de politique corrompues ! et à non recycler !
Là encore, le sujet est épineux. François Bayrou relance le sujet sur la VIième République pour donner 50 % de pouvoir au Président de la République en politique intérieure. Sur le fond, rien à dire, coordonner la politique extérieure à celle de l'intérieure semble logique.
Ah bon!!!??? parce qu'ils ne le faisaient pas avant? (Pardonnez moi mon méchant humour!). Là-dessus, on attendait un programme plus complet. Eh ça, ça descrédite.
Quand aux grandes chaînes médiatiques nationales, ils ont zappé la politique de Bayrou pour largement mettre en avant celle de Sarkozy.
Où alors, on commence à lancer l'idée de la VIième République histoire de préparer l'opinion publique.
Tchao M.E.L.
Sur un tout autre registre et face aux fluctuations incéssantes du brent, je souhaite vous demander s'il serait possible de mettre les tarifs des carburants sur les sites web de vos magasins.
En effet, aucun site n'indique les tarifs des carburants car c'est aux particuliers de renseigner les sites et de les mettre à jour...bref, personne ne le fait.
Par conséquent, cette action permettrait un véritable levier pour la fréquentation et le CA des magasins et par la même occasion d'être le précurseur de cette démarche et d'inciter les autres distributeurs à s'engager dans cette démarche...
En vous remerçiant par avance pour votre lecture, je vous prie de bien vouloir accepter mes meilleures salutations.
Cordialement