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Loi Lefebvre : Intermarché, Système U et E. Leclerc font front commun

Vendredi soir, les présidents des 3 enseignes françaises d’indépendants (5 000 entreprises familiales, 300 000 emplois) ont fait parvenir à Frédéric Lefebvre une lettre dans laquelle ils contestent l’objectif d’un projet de loi qui, sous prétexte d’améliorer la concurrence, fragiliserait la performance de leurs adhérents : un comble quand on sait qu’aujourd’hui, ces 3 enseignes sont les moins chères du marché. 1)   En haut lieu, on s’inquiéterait de la concentration de certains groupes de distribution. En région parisienne notamment. Pour faire baisser les prix, on aurait pu penser qu’ils favorisent l’entrée de nouvelles enseignes sur ces marchés ! Pas du tout, des magistrats et des fonctionnaires proposent, au contraire, de fragiliser E. Leclerc, Intermarché et les autres en limitant la durée des "affiliations" et en faisant fi des statuts de chacun. "5 ans", disait l’Autorité de la Concurrence ! "10 ans" concèdent les rédacteurs du projet de loi. Même pas le temps d’amortir un investissement collectif ! Ils n’hésitent pas à réclamer un plus grand turnover des commerçants entre enseignes. 2)   En fait, le projet de loi fait l’amalgame entre le statut des franchisés et des commerçants associés de groupements ou de coopératives dont les liens entre eux sont durables. On peut comprendre que les pouvoirs publics interviennent sur les contrats d’affiliation pour éviter les abus. Mais ça n’a pas de sens d’obliger les coopérateurs ou les associations de commerçants à caler leurs investissements collectifs sur la durée limitée d’un contrat de marque. 3)   Il n’y a aucun modèle de groupement européen d’indépendants qui fonctionne aujourd’hui dans la précarité. En France, Système U, Intermarché et E. Leclerc sont les seuls survivants des dizaines de groupements d’indépendants qui, faute de s’être organisés, ont peuplé les cimetières des enseignes de la distribution. Spar, Codec, Una, vous vous souvenez ? 4)   Au début, j’ai cru qu’on avait affaire à de purs dogmatiques. Personne ne peut sérieusement prétendre que la fragilisation des 3 groupements les moins chers du marché servirait utilement à la concurrence. Oserais-je d’ailleurs faire observer que même dans le commerce intégré, l’instabilité de l'actionnariat, et encore plus s’il ne s’inscrit pas dans une stratégie de long terme (Cf. Carrefour), ne favorise pas la performance prix (sic !). De toute façon, une enseigne n’en vaut pas une autre. Il y en a de chères et de pas chères. Ce n’est pas parce qu’on aura poussé un E. Leclerc ou un Intermarché dehors qu’un nouveau Casino pratiquera des prix bas à sa place. 5)   La réalité, c’est que ce texte est un super cadeau au commerce intégré type Carrefour-Casino déjà à l’affût lors des cessions de magasins. On voudrait les aider à récupérer des commerçants indépendants qu’on ne s’y prendrait pas mieux. Quelle supercherie ! Quel tour de passe-passe. Les pouvoirs publics et l’Autorité de la Concurrence dénoncent la trop grande part de marché détenue par Carrefour et Casino sur Paris, mais c’est pour qu’ils puissent mieux se servir, en France, dans le démantèlement programmé d’Intermarché, E. Leclerc et Système U. Sûr qu’on ne laissera pas faire…  

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