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Y aura-t-il une guerre du halal ?
Que pensent les organisations de consommateurs sur le sujet du halal ? On aurait besoin de les entendre tant la confusion s'installe, au mépris me semble-t-il des 5 millions de musulmans dont la confiance à l'égard des acteurs de ce marché est aujourd'hui ébranlée. Et peut-on espérer des organismes représentatifs de cette communauté qu'ils précisent les exigences qu'ils entendent faire respecter par tout producteur et distributeur de produits halal ?
« Piteuse sortie de Nestlé ». C’est ainsi que j’ai d’abord réagi à l’annonce par Nestlé de l’arrêt de la commercialisation des saucisses halal Herta (sa filiale). S’il y avait, comme le prétendaient ses accusateurs, ne serait-ce que des « traces de porc » sur une chaîne de fabrication destinée à des produits halal, c’est qu’il y avait un problème professionnel. On pouvait y remédier autrement qu’en déclarant que ces productions « ne sont pas compatibles avec une industrialisation en grande série » (Le Parisien du 2/02).
Mais passé cette « primo-réaction », et après avoir fureté sur le Net pour voir comment tout cela avait été géré par le groupe de Vevey, j’ai finalement été très déstabilisé par le contenu des polémiques que cette affaire a suscitées. Et dans celle-ci comme les précédentes, c’est toute la dimension religieuse et politique de ces querelles qui saute aux yeux.
Pas étonnant qu’elles déstabilisent nos équipes acquises à l’idée qu’il y a « un combat E. Leclerc » à mener pour permettre à nos clients musulmans d’acheter moins cher.
Il y a évidemment des gens qui ne souhaitent pas qu'on s'y investisse. Ils ne sont pas tout à fait désintéressés (sic). Je ne suis pas naïf et les pièges, comme les coups, je les vois bien arriver. Par exemple, il a suffi qu’on annonce notre intention de développer des gammes halal pour que, déjà, de pseudo gardiens du temple (re-sic) ne voient, dans notre initiative, qu’une "OPA de la grande distribution sur un gratifiant marché" de 5 millions de consommateurs ! Réflexe somme toute très franchouillard si l'on veut bien considérer qu'en Malaisie, en Indonésie, en Inde et plus près de nous, aux Pays-Bas et en Grande Bretagne, la place d'une distribution organisée (supérettes, supermarchés, etc) et même les marques de distributeur ne sont pas ainsi contestées.
Qu’importe : à la demande des clients musulmans, nous avons décidé une politique de référencement plus volontariste de fournisseurs halal dont les marques sont devenues incontournables et appréciées.
Mais ça reste relativement cher pour un foyer modeste. Et du point de vue des salariés musulmans qui travaillent dans nos magasins, les gammes, finalement, sont assez peu diversifiées. Il y a beaucoup à faire pour faire bénéficier les consommateurs musulmans de produits intégrant aussi les préoccupations de développement durable, de consommation responsable et de qualité nutritionnelle.
Seulement, voilà, l’enjeu dépasse aujourd'hui les professionnels, même nourris des intentions les plus louables.
Dans le stream agité des querelles consécutives aux affaires Quick ou Herta, « la guerre des certificateurs » est engagée. Les uns se réfèrent à la mosquée de Lyon pour mieux s'opposer à celle de Paris. Pour le moment, quelques sociétés privées trouvent encore grâce (AVS)... Au total une quarantaine d'organismes de certification ! Il y a des fondements religieux à ces prises de position. Il y a des enjeux et des circuits financiers. Et même des rivalités politiques, y compris dans la communauté musulmane.
Et ces rivalités dépassent aujourd’hui les frontières religieuses quand, derrière les campagnes d’affichage dénonçant les modes rituels, on sent poindre l’exploitation politique. On passe d’une interrogation sur le mode d’abattage, le respect des animaux…à l’invective et à la stigmatisation d’une communauté dont les simples croyants sont instrumentalisés.
Tous ces dérapages (dont on peut imaginer l’exploitation croissante d’ici les Présidentielles) nécessitent que, producteurs ou distributeurs, redoublent d’exigence en garantissant un strict respect des cahiers des charges. Nos consommateurs méritent ce respect. C’est en tout cas une première réponse qu’on leur doit.
Une autre, c’est d’être complètement transparent. Et puisqu’il n’y a pas unanimité (c’est le moins qu’on puisse dire) sur l’appréciation des certificateurs, le mieux, à notre stade, c’est d’être clair sur l’origine et la filière afin que chacun se détermine selon son choix, ses convictions.
Pour le reste, comme je le disais dans mon introduction, il me semble que c’est à la communauté musulmane de se mettre d’accord sur ses exigences.
65 Commentaires
Votre enseigne référence tout et n'importe quoi en matière de produits dits halal. Pourquoi n'êtes vous pas plus exigents avec vos fournisseurs? Pourquoi n'embauchez vous pas un Monsieur "halal" qui serait chargé de se renseigner sur les produits que vos fournisseurs vous proposent et vérifier leur conformité aux préceptes de l'Islam avant de les référencer? Vous avancez un chiffre de 5 millions de musulmans (chiffre faux d'ailleurs) et vous n'êtes même pas capable d'embaucher un seul individu pour satisfaire aux aspirations de 5 millions de consommateurs. On voit bien là le peu de considération que vous avez pour les musulmans. Des sous-consommateurs en quelque sorte.
tous les pretextes sont bons pour critiquer!
mettre une personne "spéciale halal" est impossible à se jour. le halal (même s'il se démocratise) reste une niche.
Premièrement on écrit halal et non pas hallal comme vous le faîtes maladroitement. Je ne vois pas où vous constatez de l'agressivité mais passons.
J'aimerai bien vous répondre mais qu'entendez-vous par "politique de consommation halal unique". Je persiste et signe concernant le fait que Leclerc considère les consommateurs de produits halal comme des sous-consommateurs sinon cette enseigne mettrait en place des dispositifs visant à garantir que les produits déclarés halal le sont bel et bien.Concernant le nombre de musulmans, il n' y a pas de chiffres exacts mais des estimations(dois-je vous rappeller que le recensement d'individus sur la base d'une appartenance religieuse peut vous conduire à avoir quelques soucis en république française?) et il y a tout au plus quelques centaines de milliers de musulmans en France. De plus, contrairement à ce que fait monsieur Leclerc il faut établir une distinction entre musulmans et consommateurs de produits halal. De nombreux non-musulmans achètent des produits halal notamment. Donc ce marché ne se limitent pas aux simples musulmans. Vous ne me connaissez même pas et vous prétendez que j'ai la science infuse. Je crois que votre cas relève de la médecine car en quelques lignes je n'ai rien dit qui allait dans ce sens. A moins que vous ne soyez un troll.
Et avant de critiquer, relisez le post de MEL qui évoque justement la difficulté de trouver la juste certification halal, ou le "monsieur halal" idéal -comme vous l'appelez.
Un troll peut-être, mais un troll qui sait lire... Lighten up!
Au lieu de parler de "mensongé éhonté" il faudrait peut-être connaître la véritable définition d'un musulman. Quelle est la vôtre?
Pardon, mais j'ai beau être d'accord avec vous sur le fond -voir mon post précédent-, vous dites me semble t'il des bêtises concernant l'abattage généralisé en mode "halal". Vos sources ???
Entre nous, cela me rappelle la contre-productive sortie de Marine Le Pen sur le Halal.
- d'une part, n'ayant pas de clergé structuré et centralisateur au contraire du catholicisme, il se définit par rapport au Coran "texte divin" et une "acceptation totale de la foi par le cœur" (avec l'infaillibilité du Coran et de ses préceptes comme corolaire), donc par nature sujette à l'affectif. Une lecture "à la lettre" pouvant être mise en parallèle avec certaines religions chrétiennes par rapport à la Bible;
- d'autre part, porté par une culture orale (Mahomet est qualifié de "ummî", c'est-à-dire "illettré", dans le coran) et des populations où l’illettrisme est courant, le recours aux dogmes et préceptes est un moyen de divulgation. Même quand ils maîtrisent l'arabe, rares sont ceux qui sont capables de lire le texte initial du Coran et moins encore de le comprendre (les érudits expliquent cela par l'essence divine du Coran : "nous ne comprenons pas parce-qu'il est divin").
Ce préambule pour éclairer le fait que le Coran qui est un texte religieux mais aussi politique et stratégique, est émaillé de règles pratiques (cf. la Charia). Saigner les animaux (halal) a deux explications : les rites sacrificiels et une meilleure conservation, elle-même difficile pour le porc dans les pays chauds L'alcool fut interdit par Mahomet après une beuverie de ses troupes (plus facile par temps chaud). Toutes les religions ont, ou ont eu, des règles sanitaires. Certaines ont évoluées avec leur temps (jeûne avant la communion, poisson du vendredi, condamnation du divorce, etc. chez les catholiques où les dogmes sont essentiellement spirituels à l'instar de la Trinité). D'autres non, et ces règles sont devenues des dogmes. Il en est ainsi des règles inscrites dans le Coran, difficiles à changer sans remettre celui-ci en cause, d'où la difficulté à le faire évoluer, même dans ses lois médiévales.
Et vous éviter toute polémique à ce sujet. Tous les abattoirs devraient cesser de tuer les animaux dans des conditions pitoyables pour le bon vouloir de ces commununautés qui n'a pas à imposer ses rituels chez nous en FRANCE.
Je suis obligée à chaque fois que je vais chez mon boucher, y compris dans les grandes surfaces de E. LECLERC de demander de la viande de boeuf non halal, c'est à dire qui provient d'animaux tués sans souffrance.
Par contre, je ne suis pas absolument pas sûre de ce qu'il me donne.
JE N AI PLUS CONFIANCE DANS QUI QUE CE SOIT et bientôt, je vais finir par devenir végétarienne.
CESSER M. LECLERC de vous plier devant eux.
Merci de m'avoir lu.
Bien à vous.
Je découvre assez tardivement votre blog, et je suis heureux que quelqu'un comme vous, commerçant, explique enfin la réalité du monde caché des certificateurs halal.
Je suis musulman, je fais fabriqué, pour le compte de mes clients des produits à base de viande;
On travaille avec des abattoirs qui respectent un cahier des charges spécifique, ou intervient des certificateurs privés.
Ils prennent déjà une belle pièce, moi je demande toujours, exemple des cuisses de poulet.
Voilà que ce monsieur m'explique que pour garantir le halal de mon produit il serait préférable voir souhaitable qu'il viennent contrôlé, plutôt prendre une nouvelle pièce qui devient un billet.
Pire pour que mon produit soit lisible des consommateurs musulmans, un petit Stickers à son effigie, donc à la fin de chaîne pour environ 6 cts de plus par paquet estampillé.
Faites le calcul il ronge la petite marge, alors on achète de la VSM.
Bref l'opération coûte cher, obligé d'acheter autre chose que des cuisses de poulet, alors vous savez quoi, avoir une certification ne veut rien dire que du racket organisé,
Pire, ils sont pas bêtes les types, tu fais pas trop de chiffre avec ton abattoir, ben c'est simple , vous savez tous comme moi qui sont les mastodontes les grands groupe puis qu’après tout c'est que du business.
Je ne fais pas certifié mes produits et j'en vend bien, je suis musulman et je n'égarerais personne à des fins financiers.