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Angoulême 2006 : le Festival dans l’objectif de Jean Bibard

img_blog_030206_FIBD_01 C’était le week-end dernier. Wolinski vivait ses derniers jours de Président. Trondheim l’a bruyamment détrôné. C’était aussi l’occasion de déplacer toute mon équipe (Espaces Culturels) pour pouvoir rencontrer éditeurs, auteurs, libraires. Le photographe, Jean Bibard, portraitiste des stars du foot et du 9ème Art, nous accompagnait… Jeudi 26, 7h40 : Beaucoup moins de monde, cette année, dans le train qui vient de Paris. Temps maussade annoncé pour les 3 jours suivants. Immuable arrivée sur le quai de la gare d’Angoulême, décorée modestement pour cet évènement phare du début d’année. Dans les rues, on reconnaît à peine les frères Dalton, emmitouflés et congelés. Les fanfares n’arrivent pas à dégeler l’atmosphère de cette première journée dédiée aux « scolaires ». img_blog_030206_01_bis Jeudi, au forum E. Leclerc : C’est en ce lieu, animé par des journalistes de l’excellent Bodoï, que nous recevons dessinateurs et scénaristes pour débattre avec le public. Réunion de mise au point avec les collaborateurs et Frédéric Vidal, le rédacteur en chef, pour caler le programme. Jeudi, 11h30 : Au CNBDI, le fief, là où se situe l’action. Là où il faut être pour les petits-fours. Mais aussi pour l’expo truculente de Wolinski qui a succédé à Zep (expo superbe au Jardin d’acclimatation, Paris). Ce petit monde s’agglutine autour des Huiles Municipales pour l’inauguration. Personne ne s’intéresse aux discours. Mais, élus et bédéphiles sont à la queue leu leu pour pouvoir mater la collection perso du roi Georges qui a mêlé à ses petits dessins quelques coquetteries érotiques de Pichard, fameux auteur de « Paulette » et « d’Ulysse ». Humour, sensibilité, coups de crayon et réparties : Wolinski régale. Il y a aussi ce petit enclos de bonheur, classé « X », dissimulé derrière un épais rideau : quelques délires aimablement pornographiques, mais surtout coquins, oui, coquins, car rien ne peut être trivial chez Wolinski. Il aime trop les femmes. Et il officie sous le regard de la sienne, la jolie Maryse… img_blog_030206_FIBD_02 Jeudi, 17h00 : Brasserie Paul, Arleston, Le Tendre, Aline Blondiau révèlent le nom des 3 nominés retenus par le jury de scénaristes que Frédéric Vidal (Bodoï) et moi-même avions réunis pour promouvoir le premier album d’un jeune auteur. Comme toujours, le scénariste Arleston a le mot juste, gentil, tout en étayant le propos d’arguments très professionnels. Nos jeunes dessinateurs sont comblés. (Je vous reparlerai d’eux la semaine prochaine). img_blog_030206_FIBD_03 Jeudi, 18h00 : Au Grand Théâtre d’Angoulême pour la remise des prix. Comme d’habitude, une cérémonie menée de main de maître par Jean-Marc Thévenet, Directeur du Festival. Caustique, n’aimant pas être dérangé par des projets dont il ne maîtriserait pas l’annonce (j’ai réussi à lui fourguer un petit panégyrique sur les scénaristes, perpétuels oubliés du Grand Prix d’Angoulême), il manage son petit monde avec humour. Les prix, pour une fois, correspondent assez bien aux attentes d’un large public. Un Gipi, formidable, jovial, même enthousiasme que son acolyte Roberto Benigni, celui de « La vie est belle ». img_blog_030206_04 Il y a un prix pour Gibrat (le meilleur dessin) et pour Canales et Guarnido, co-auteurs de « Blacksad » (prix de la meilleure série), le public applaudit. img_blog_030206_04_bis On pourra toujours reprocher la longueur de ces cérémonies, les discours de délégations étrangères qu’on ne comprend pas ! Les auteurs souvent peu prolixes… Mais c’est quand même un superbe rendez-vous. La centaine de personnes (parmi lesquelles des membres du jury) interdites de salle, faute de place suffisante à l’intérieur, avaient bien des raisons de manifester leur frustration, tant l’évènement reste un must. Samedi, 10h00 : Au forum, les débats vont bon train. Ici, c’est Loisel, de passage en France, alors qu’il s’est installé au Québec. Toujours généreux, toujours jovial. img_blog_030206_05 Hôtel Mercure, 12h00 : J’avais réuni quelques journalistes pour un déjeuner, histoire de pouvoir causer tranquille avec quelques auteurs. Ici, c’est Tiburce Oger, dessinateur et scénariste (Le sang du ciel, La chute de l’Ogre, Le chant des Elfes, Les Yeux de Brume,…). Moment très apprécié où l’auteur commente lui-même ses planches grand format. Visite aussi de Loustal, élégant, toujours affable avec les donzelles, et Frédéric Morel, PDG de Flammarion, passionné de peinture et de dessin, qui préside aussi aux destinées de Casterman et de la revue Beaux Arts. img_blog_030206_06 Samedi, 15h00 et plus : Cette année, à cause des travaux au centre-ville, les stands des éditeurs sont éparpillés, et avec eux les auteurs qui dédicacent : Edmond Baudoin, toujours de bonne humeur, parle des femmes africaines. img_blog_030206_07 Il y a Baru aussi, séduisant professeur de dessin. Il dédicace à côté de Nicolas de Crécy, sérieux et concentré sur sa plume. img_blog_030206_08 Studio RTL, 16h30 : Débat animé par Laurent Boyer, avec Jean-Jacques Beineix. L’occasion de rappeler cette anecdote : alors que j’achevais la publication « d’Itinéraires dans l’univers de la bande dessinée » (Flammarion), l’auteur de « 37°2 » m’appelle au bureau, demande un rendez-vous, recherche un conseil. Il me présente un story-board, dit son projet de le transformer en bande dessinée. On discute, on papote, l’homme sait ce qu’il veut, son caractère est légendaire, mais il n’y a pas d’enjeu entre nous. On s’apprivoise. Je le conduis chez Glénat où officie le dessinateur Didier Convard. Voilà comment fut publiée cette BD. Une histoire courte puisque, apparemment, ils se sont disputés depuis et que JJB a changé d’éditeur. img_blog_030206_09 Samedi soir : Point presse. On commente tous les prix décernés à Angoulême. Les libraires du groupe disent leur satisfaction. Ils font leur choix avant la mise en rayon. Angoulême, c’est une fête, mais c’est aussi une formidable vitrine de la production éditoriale de l’année. L’après-Angoulême, c’est le retour au business, à la promotion des albums primés. Je ne connais aucun auteur qui cracherait sur une telle publicité. img_blog_030206_10

20 Commentaires

Wolinski, rien que ça! J'ai dû acheté une BD à une certaine époque de ma vie.
Maintenant, j'en suis à Serre. Le meilleur, selon moi, "Musiques" ou "Humour noir et Hommes en blancs". Ce ne sont que des planches de dessins, il n'y a pas d'histoire comme une BD classique, mais franchement SUBLIME!
Si vous avez des photos sur Serre ou l'occasion de le rencontrer, pensez à moi.
Tchao M.E.L.
Bonjour MEL.
Peux-t-on s'attendre à un commentaire de votre part suite aux propos du président Trondheim quant il confie au journal 20minutes* qu'il sera celui qui va "virer le sponsor Leclerc du festival" ?
* (interview parue dans le numéro du jeudi 2 février, consultable en ligne sur le site du quotidien)
Angoulême, les caricatures, tout cela et ce beau monde de créateurs c'est excellent, c'est terrible!
André Masurel
Bonjour M.E.L.!
En tant qu'employée Leclerc, passionnée de médias, j'ai trouvé un article sur wanadoo/actualité/france dont le titre 'Vers la fin des Hypermarchés et l'émergence de l'expérience shopping' me paraît d'actualité à l'heure ou Carrefour, Cora réorientent leur économie vers des supérettes (Champion, Casino, ED pour Carrefour, Match pour Cora). Si certes l'article ne parle pas du système GMS en particulier, il préconise que la clientèle serait attirée par des structures plus petites, typées avec des slogans du type 'commerce équitable' ou mode du type 'Nature et découvertes'(enfin, des petites structures avec du cachet, selon l'auteur). Il paraîtrait même, selon l'article, que Monoprix se décentralise avec la création de 'Monop Beauté'(Produits de beauté uniquement) et 'Monop' (alimentaire uniquement). Mon magasin à moi ayant été frappé d'alignement avec le TGV, tout cela fait réfléchir sur l'avenir. De même dans le site internet dristrijob, le GMS serait en perte au niveau CA au profit du discount! Et nous, on la réoriente notre économie ou pas? J'ai entendu dire Marché U ou Système U...
En fait, il n'y a que vous qui pourriez le dire...
Tchao M.E.L.!
Nous n'avons pas vécu le même festival,
Nous étions plus dans la foule que dans la lumière mais c'était pas mal quand même ;-)
Voir un petit compte-rendu à http://jn.saintrapt.free.fr/index.php?2006/01/29/12-angouleme-2006-il-a-pas-un-peu-neige
Pour ce qui est de "virer Leclerc du festival", on comprend que cela géne certains festivaliers que la BD soit un art populaire et donc qu'elle ait sa place dans les supermarchés,
Peut-être vaudrait-il mieux pour eux ne vendre que quelques exemplaires bien chers à une élite qui pourrait les "comprendre"... à moins que personne n'ait envie de payer bien cher une de leurs "oeuvres"..
Peut-etre est-ce pour cela qu'ils sont au rayon Bd et pas à la FIAC ?
Alors que la Bande dessinée évolue et que le festival d'Angouleme est la reconnaissance de cette ouverture, faudrait pas la re-enfermer dans un cercle élitiste...
Les BD présentées sont formidables, et faites pour le plus grand nombre.
Je ne vois pas M. Leclerc retiré du festival, ce serait injuste!
JULIEN
Certains considèrent que les supermarchés sont fantastiques car ils permettent de squatter pendant des heures les rayons BD pour y lire gratuitement...
Mais franchement, pensez-vous que les grandes surfaces culturelles (lorsqu'elles auront tué les petits libraires) seront à même d'animer le marché du livre ???
Franchement, moi ce qui me déplaît dans les supermarchés c'est l'absence de contact humain, de conseil...
MEL projette-t-il de remettre en cause - au nom du sacro-saint principe de sauvegarde du porte-monnaie de la ménagère - le prix unique du livre ??
Ce décision serait à mon sens catastrophique...comment fera-t-on quand il n'y aura plus de librairies dans les centres ville (déjà qu'il n'y a plus de disquaire...) ??
Squatter des livres?... Ils préféreraient avoir les moyens de les acheter, et je ne suis pas sûr que les petits libraires aient plus de culture que M.Leclerc, souvent c'est le contraire.
Il ne suffit pas d'affirmer, il faut le prouver!
François Morel
Etant donné la suppression des sacs plastique, les BD pourront servir dans un prochain temps.
JACQUES ADIT
Pour le moment, le prix unique du livre n'est pas remis en cause... Qui a dit que MEL ferait en sorte que ça saute ?
Au passage, si le prix unique du livre saute, ce n'est pas Leclerc et ses Espaces Culturels ou Auchan et ses Cultura qui gagneront mais plutôt la FNAC...
Je trouve l'engagement d'un patron comme vous dans la BD tout à fait admirable, remarquable, enthousiasmant...! Je m'intéresse dans le cadre de mon mémoire (je suis étudiante à Sciences-Po Grenoble) à l'action de personnes qui apportent leur contribution au monde culturel au travers de leur entreprise. Je serais très intéressée si vous pouviez me mettre en contact avec un membre de votre entreprise (faute de pouvoir vous contacter personnellement) qui puisse me renseigner sur toutes les formes prises par votre engagement, leurs raisons, etc...
Avec mes remercielents,
Marie-Sophie E.
Réponse à Marie-Sophie E. (10/02/2006)
Communiquez moi votre adresse postale et je vous ferai parvenir une plaquette d’information sur nos différentes interventions.
Réponse à Draky (07/02/2006)
Je persiste à penser que pour toute une catégorie de la population dont les moyens financiers sont modestes, le prix du livre reste cher. Pas dans l’absolu, bien sûr. Mais par rapport à leur priorité d’achats. C’est d’ailleurs l’explication de la formidable réussite des livres au format de poche.
Le débat législatif ayant été tranché et même conclu au niveau européen, je ne vais pas jouer les Don Quichotte contre les moulins à vent.
Au fait, avez-vous remarqué que la plupart des éditeurs ne respectent pas l’une des dispositions de la loi Lang. La plupart n’affiche plus le prix des livres sur le dos des ouvrages.
Réponse à Tibo (06/02/2006)
Même réponse qu’à Draky. Mais pas d’accord avec vous sur l’impact des espaces culturels. Avec une offre de livres quelquefois supérieure à 80 000 titres, 25 000 références de CD et 6 ou 7 000 DVD, oui, j’affirme, nous animons le marché du livre…en tout cas, dans les villes moyennes dont vous parlez.
Et comment expliquez-vous ce fait : les libraires sont protégés par la loi Lang depuis 1981 (depuis 25 ans déjà !), et malgré cette protection à l’époque jugée imparable, on continue à attribuer aux grandes surfaces la disparition des libraires. N’est-ce pas incongru ? N’y-a-t-il pas d’autres raisons, propres à la vétusté ou à l’inorganisation du réseau du livre ?
Réponse à Paul, à Julien, Jean-Noël (03 et 06/02/2006)
Trondheim a effectivement dit, à plusieurs reprises, qu’il voulait virer Leclerc du Festival d’Angoulême. Je crois que c’est sa manière, toute adolescente et un brin provocatrice, de nous remercier d’avoir sauvé le Festival (ce que personne ne nous conteste) et d’être l’un des premiers distributeurs de ses propres ouvrages ! Sacré Trondheim. Il ne loupe pas une occasion de nous faire de la publicité. Je ne lui en demandais pas tant. En tout cas, si ça lui fait plaisir, qu’il en profite vite. Dans neuf mois, déjà, il ne sera plus président d’Angoulême. On l’aura viré, lui, en tout cas (joke).
Réponse à Florence (05/02/2006)
Il ne faut pas croire tout ce qu’on lit. Ca fait 10 ans que les analystes et certains médias promettent la mort de l’hypermarché. A terme, ce concept n’aura probablement plus la place qu’il occupe aujourd’hui. Ne serait-ce qu’avec le développement d’Internet et du cybermarché.
Mais dans votre commentaire, il y a une idée juste. Face à la trop grande standardisation de l’offre et à la monotonie éprouvée lors des achats en hypermarché, pratiquement toutes les enseignes de distribution commencent à départementaliser leurs gammes. C’est le cas des Centres E. Leclerc à l’intérieur des hypers (rénovation de l’espace textile, de celui consacré aux produits techniques, rénovation et plus grande spécialisation du rayon fruits et légumes, confinement de l’espace Manège à Bijoux, etc…). Et puis, c’est la raison d’être de nos développements dans ce qu’on appelle la diversification en galerie marchande (espace culturel, parapharmacie, bijouterie, etc…).
Bonjour! J'aimerais vous faire parvenir un album de dessins humoristiques "Les pensées de l'Âne noir - ETATS d'ÂNE" que j'ai édité à compte d'auteur et tiré à 1000 ex dont 700 ont été vendus en 3 mois, malgré une distribution locale.
Cher Michel-Edouard Leclerc
je suis écrivain, auteur de 7 livres publiés chez divers éditeurs.
Un "petit" éditeur (GD éditions, à St Malo) va bientôt publier un beau livre de photographies en noir et blanc sur l'Inde et le Bengale de Caroline Abitbol, livre pour lequel j'ai écrit des poèmes.
Photographies en noir et blanc + poésie + Bengale + petit éditeur : c'est un pari risqué, mais aussi un livre conçu en dehors de toute recherche immédiate de bénéfice…
Le livre est actuellement prêt à être imprimé, mais notre éditeur (GD éditions) recherche des partenaires ou sponsors pour amortir un peu ses frais importants d'impression (un coup de pouce de 5000 à 10000 € serait suffisant).
Seriez-vous intéressé de voir notre projet ou rencontrer notre éditeur ?
Merci de porter un moment attention à notre proposition…
Le livre s'intitule
L'AUTRE MIROIR (AUX SOURCES DE L'INDE)
Il montre des moments d'éternité pris dans l'étoffe-même du quotidien, dans les gestes les plus simples, histoire de rappeler que "la pauvreté" n'est pas une question seulement de pouvoir d'achat, mais aussi de rapport à sa propre dignité…
Merci pour vos actions
Thierry Cazals
12 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Email : thc@o-oo.com
bonjour M.E.L
je me présente laetitia Duplay de Roanne en classe de ere je fais un TPE avec pour problématique E.Leclerc: un combat pour la culture à portée de tous ...
et j'aimerais vous posez une question en guise d'une conclusion de mon TPE.
En quoi avez-vous continuer le combat de votre père en ce qui concerne les produits culturaux ???
merci
oupsssssssss escusez-moi
*1ere
* produits culturels
: (

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