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Muñoz, président : Le Festival BD d’Angoulême s’offre une belle affiche !

img_blog_munoz_120207 …Et j’aimerais rajouter : une des plus belles âmes du 9ème art, un homme généreux, un artiste au grand cœur. Lors de la soirée de remise des prix du FIBD, Lewis Trondheim n’a pu s’empêcher de conclure son année de présidence par une discrète, mais généreuse poignée de main. Elle m’était destinée. Il faut dire que le bougre n’avait eu de cesse, tout au long de l’année, de distiller son venin à l’encontre de ma personne, jugée par lui emblématique du méchant capitaliste fomentant l’autodafé des livres de littérature et de bande dessinée. C’était un peut n’importe quoi. Curieux d’ailleurs qu’il ait été aussi mal conseillé. Invoquer les combats d’il y a vingt ans contre la loi Lang (alors que la hache est enterrée depuis belle lurette !)…tout cela était incompréhensible pour la jeune génération qui s’est encore une fois précipitée au festival (200 000 visiteurs). Tout comme était complètement stupide sa demande de m’évincer du festival. C’est lui qui est parti, par la grande porte d’ailleurs, et c’est aux côtés des autres partenaires que j’accueille aujourd’hui Muñoz pour le remplacer. (Tchao Lewis, à bientôt autour d’un verre !). img_blog_120207_munoz_1 Muñoz donc : Les moins de 30 ans, les accros du manga ou des jeux vidéo ne connaissent probablement pas cette belle figure de la bande dessinée. En tout cas, j’espère que son éditeur (coucou, amis de Casterman) aura trouvé là l’occasion de mettre un éclairage supplémentaire sur une œuvre graphiquement remarquable, très personnelle, toute en intimité. Dans un premier recueil d’entretiens publié chez Flammarion, « Itinéraires dans l’univers de la Bande Dessinée », j’ai déjà décrit le bonhomme et son art. 1) Il faut le voir, chez lui, entre Italie urbaine et confins populaires du Sentier parisien. Il a la bougeotte, José Antonio. Il masque sa fébrilité derrière des cigarettes sans cesse rallumées (à moins qu’il n’ait changé de pratique). Il parle une langue mélangée de français, d’italien, de castillan et d’anglais. Dans la pure tradition de ces exilés cosmopolites, il slalome autour des difficultés de langage pour faire partager sa passion de la justice, son mépris de la spéculation, et foudroie toutes les formes d’oppression. Pas de militantisme, non vraiment, pas de harangue : « le monde est un dessein (sic) sans scénario ! ». Alors, nul besoin de justification idéologique. C’est dans les bars, les salles de danse, les rues et les assemblées populaires qu’il saisit des regards, décrit les mouvements, recrée une atmosphère et recherche « l’essentiel ». img_blog_120207_munoz_4 2) Et ça donne une œuvre toute intimiste : Le Bar à Joé, Billie Holliday, Le Train sur l’eau, et bien évidemment Les Carnets argentins. Avec Sampayo, son scénariste et ami, il a écrit les aventures d’Alack Sinner. Avec Jérôme Charyn, il a illustré Le Croc du serpent. Il a multiplié les travaux pour des périodiques (A Suivre, Charlie Mensuel, et aussi des publications portugaises, italiennes ou argentines). 3) On pourrait le croire désenchanté. Mais s’il parle de rébellion, s’il cite Che Guevara ou Don Elder Camara, c’est d’abord pour justifier l’irresponsabilité de ceux qui envoient les jeunes, armés de simples couteaux, se faire faucher par la mitraille des armes automatiques. S’il évoque Régis Debray, c’est pour s’intéresser à l’expression de ce christianisme coupable qui hante toute une population d’intellectuels progressistes. « Il faut savoir voir la vérité. Mais il y a trop de raisons de ne pas rejeter le rêve, le désir de guérir ». img_blog_120207_munoz_2 4) Passionné par la peinture expressionniste dont il emprunte souvent l’épaisseur du trait, il aime Grosz, Egon Schiele et Schmidt-Rottluff, peintre de Die Brücke. Mais, voyez-vous, c’est l’œuvre du Français Georges Rouault qui l’interpelle. De la vie de cet artiste qui a vécu plus qu’aucun autre le désarroi des Chrétiens face aux malheurs du monde, il a retenu cette leçon : « Il faut essayer de racheter le monde à partir de soi ». Bon, tout ça nous le rend sérieux, charismatique, génial à coup sûr. Mais ne vous fiez pas aux apparences de ses tenues cléricales (il aime le noir). Passé aux fourneaux, il sait s’activer sur un plat de pâtes. Au crayon, il vous campe avec passion la naissance d’un désir de femme. Et si d’aventure vous lui parlez de jazz, de tango, de musiques argentines, alors son regard pétille et le dessinateur s’efface devant le mélomane, le danseur, l’esthète. Bon vent à toi, José Antonio. Avec toi, l’édition 2008 du FIBD s’annonce passionnante. img_blog_120207_munoz_3

8 Commentaires

Amusé que voir que Lewis Trondheim a finalement mis de l'eau dans son vin...sans doute une manière de décompresser puisque tout s'est bien passé.
Je conseille la longue interview qu'il avait donné sur france5.fr avant le festival (visible en ligne).
L'art ne doit nous révéler que des idées, des essences spirituelles dégagées de toute forme. Ce qui importe par-dessus tout dans une oeuvre d'art, c'est la profondeur vitale de laquelle elle a pu jaillir.
Mon association 1901 "Nice Arts Festivals" (en cours de création) organise les 2 et 3 juin prochain, en partenariat avec la ville de Nice, qui prend en charge les frais d'affiches et de logistique, le 1er festival "Performances d'Images". L'accès à ce festival est TOTALEMENT GRATUIT. Il s'agit de rassembler dans le parc des arènes de Cimiez à Nice (celui du festival de Jazz) un grand nombre de peintres (plus d'une trentaine sont déjà d'accord, dont certains primés à New York et ailleurs, et dix peintres japonais qui se payent le voyage), des calligraphes, des auteurs et dessinateurs de BD (O. G. Boiscommun est déjà partant... c'est normal, c'est mon fils), des photographes et des imagiers numériques. Tous travaillant et réalisant une oeuvre sur place, en public. Des ateliers d'initiation sont prévus et organisés par deux écoles d'arts graphiques de Nice et par deux comités de quartier voisins, pour les visiteurs jeunes et moins jeunes. Les 10 oeuvres réalisées sur place et primées par le jury seront ensuite vendues aux enchères au profit d'une association caritative. J'ai été très surpris de l'accueil unanimement favorable réservé à mon projet, devenu une réalité en moins de trois semaines. C'est un vrai défi que de mettre en rapport les artistes avec un public qui ne peut jamais les approcher ... et très rarement s'offrir leurs oeuvres. Je craignais en particulier les ractions de gens comme certains membres de "l'école de Nice" ... vous savez, celle où l'on apprend plutôt à faire du lard qu'à faire de l'art.Tout marche à cent à l'heure.... je n'ai donc pas besoin de votre aide. Mais si vous voulez participer, vous serez le bienvenu.
Erwann 06 60 89 76 83
Nice site. Thanks!
Nice site. Thank you.
BD / TRONDHEIM / manipulation + harcèlement
ce scoop vous intéresse-t-il ??
qu'est ce à dire? Précisez votre scoop!
L'association ABD organisera les 20 et 21/09/08 le premier salon Strasbulles dédié evidemment à la bande dessinée. L'idée est d'en faire peu à peu un des principaux salons BD. Des formules nouvelles de rencontre-discussion entre les auteurs et les passionnés seront mises en oeuvre. De nombreux partenaires ( Ville de Strasbourg, FNAC, libraires régionaux, etc...)s'engagent dès à présent dans l'aventure. Il va de soit que la présence de l'enseigne LECLERC et surtout de la passion connue de MEL serait souhaitable d'autant plus que l'ouverture prochaine d'un centre Leclerc sur Strasbourg est prévue pour 2008...
Il s'agit avant tout de rassembler des passionés et de mettre en place une manifestation qui nous paraît, à nous membres de ABD absolument essentielle dans la capitale européenne. Pour toute information ou contact, merci de merépondre afin de faire suivre aux autres membres du comité de l'association. SPIP. (Trésorier adjoint)

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