
© Out of picture "Un art venu d'ailleurs"
Quelle joyeuse bande, quelle étonnante confrérie. A l’occasion d’une
exposition à la galerie Arludik (animée par Diane Launier) et de la publication d’un premier album « Out of picture »
(éditions Paquet) qui propose une première découverte de leur œuvre, une sympathique troupe de jeunes artistes new-yorkais a fait halte à Paris, cette semaine. Oh, rien de prétentieux, pas d’esbroufe, ni de paillettes. Même si ces gens-là vivent autour et dans le monde de la production cinématographique, ces artistes cultivent encore l’ambition, l’avidité créatrice, l’humour épicurien et le travail à la tâche (quand il s’agit de produire des centaines de dédicaces !).

© "Vie de famille" de Vincent Nguyen
Dans la vie professionnelle, ce sont de formidables tacherons. Attention, je ne suis pas en train de dire qu’on a affaire à de la série industrielle. Non, ce sont d’extraordinaires inventeurs, des types extrêmement doués. La plupart travaillent anonymement pour les studios Blue Sky. « Robots », « l’Age de glace », vous connaissez certainement. Des milliers d’images, des animations, des effets visuels, des montages extrêmement complexes. Du produit final, on se souviendra du réalisateur ou peut-être du producteur. On retiendra surtout ce petit animal culte, cette icône de la nouvelle production du dessin animé américain, « Scrat », l’écureuil fou-dingue qui grimpe les falaises de glace à coups de dents et les dévale en roulant autour de ses noisettes…

© "La sirène" de Peter de Sève
Mais qui connaît Peter de Sève, l’inventeur de « Scrat ». Qui a entendu parler de l’illustrateur prolixe Michael Knapp, du dessinateur Benoît Le Pennec (un petit Français qui, un temps, s’est égaré dans les studios de Dreamworks pour travailler sur « Prince d’Egypte » et « Sinbad »), du magicien Daniel Lopez Munoz qui émarge chez Pixar Animation Studios, du coloriste Robert Mackenzie intermittent de Lucasfilm ou encore d’Andrea Blasich, un Milanais d’origine, qui se fit les crocs sur « Le Gang des Requins ».

© "Faits divers" de Michael Knapp
Sur l’instigation de l’un d’entre eux, Daisuke Tsutsumi (surnommé « Dice »), ils ont décidé de s’épauler pour faire connaître au grand public leur propre signature, autour d’un concept : « Out of Picture ».
« Out of Picture » est un terme utilisé dans l’industrie du film. A chaque fois qu’au montage, un passage de film est coupé, ce sont des centaines de dessins qui ne sont pas retenues. Frustrant, certes. Mais de cette frustration naît l’envie de pouvoir maîtriser le destin d’une œuvre et de plaider pour son propre génie !

© "Vacances Flottantes" de Benoît le Pennec
« Out of Picture » est leur signature. Au Nord de Manhattan, ils ont pris atelier et créé un collectif : chacun son style, sa production, mais tous au coude à coude pour évoluer et se faire connaître.
Ah, il faut les voir dans ce bistrot de l’île Saint-Louis. Pas un ne parle français. C’est Gérald Guerlais, un illustrateur hyper sympa mais dont je ne connais pas encore l’œuvre (un internaute qui est déjà intervenu sur ce blog) qui surfe en multilingue. Tout le monde parle un peu en même temps, dit sa passion. Ils ont rencontré, la veille, le grand Moebius. Ils rêvent d’une diffusion plus large en France, testent leur connaissance des jeunes auteurs francophones.

© "Echos Silencieux" de Daniel Lopez Munoz
Ils vont, après le déjeuner, se précipiter dans une librairie « Album », un réseau très actif pour promouvoir les comics américains. Pardon, Mr Lebel, de les avoir mis en retard. Mais pour l’heure, chacun est plongé dans son plat de cuisine régionale française. Rigolade quand l’un d’eux se risque à commander un bon vin en réclamant un cépage et non pas un vin d’origine: « What do you want, un Saint-Emilion, un Chinon ? ». « No, no, please, un Sauvignon ! ». Quand je vous dis que sur le marketing du vin, il nous faut revoir la copie…

© "Au coin de la rue" de Robert Mackenzie
Telle une joyeuse bande de touristes japonais, ils sortent leur appareil numérique pour me prendre en photo dans la chaleur moite de cette arrière-salle. Mais je rigole moins quand je m’aperçois, en fin de repas, de la supercherie. L’un me parle, les autres, l’œil sur le zoom de leur boîtier numérique, me caricaturent, mains et carnets planqués sous la nappe.

© Oui, je peux" de Andrea Blasich
J’ai laissé cette joyeuse bande rejoindre l’espace d’exposition qu’ingénieusement et avec goût Diane Launier leur a consacré. Mais en passant devant la boutique des glaces Bertillon, je surprends ceux qui ont joué les ascètes dans leur assiette, en train de s’offrir un cornet en dessert. Epicuriens, vous disais-je, et pas du tout fans des McDo.
Ils ont promis d’envoyer quelques dessins dès leur retour à New York. Je vous les ferai partager.

© "Le cadeau de mariage" de David Gordon
10 Commentaires
A.
Pour ma part j'organise un festival sur Lille et nous aimerions avoir une reconnaissance, pour le travail que nous faisons et qui est de longue haleine.
Tout mécénat, partenariat ou sponsoring serait le bienvenue de votre part.
Je sais que vous vous investissez sur Angoûlème mais ce festival est devenu une véritable industrie où la place des petits n'y est plus souhaitée.
Il faudrait que certains s'ouvrent vers un public plus jeune et plus demandeur toujours à l'affût de bande dessinée véritablement inovante et créatrice. Le comics est aujourd'hui ce média de l'avenir.
Merci de écoute.
J'avais aussi par l'entremise de votre blog, essayé de vous contacter,mais cela est il me semble très dur.
J'espère que les quelques lignes cités plus haut et le lien vers notre site vous donnera envie de nous contacter.
Merci.
L'exposition doit être agréable à visiter... ah si j'étais sur Paris !
J'étais présente le jour de l'inauguration de cette expo et j'ai complétement craqué sur les dessins d'Andrea Blasich. Ils m'ont inspiré une histoire. Les premières phrases se reportées sur mon blog avec votre lien.
Avant toute chose, et sans tomber dans la flagornerie, permettez moi de vous féliciter pour la couverture presse de la confrérie américaine d' Out of Picture. Ils n'auraient pas rêvé meilleur ambassadeur de leur ouvrage dans l'exigu hexagone.
Nous avons fait connaissance à cette occasion : je suis le piètre traducteur français (remember l'île st Louis), illustrateur illustre inconnu accompagnateur du bataillon qui, comme vous, toute proportion gardée,
est un fervent défenseur de la cause illustrée. Nos amis New-Yorkais gardent d'ailleurs un souvenir ému de votre rencontre et attendent l'ouverture d'un E.THECLERCK sur Manhattan avant Thanksgiving, prix exorbitant de la dinde oblige...
Qu'en est-il des initiatives gauloises à caractère international ? hé bien j'ai le plaisir de vous annoncer que le projet SKETCHTRAVEL disponible sur
www.sketchtravel.com clame haut et fort la fraternité des illustrateurs au delà des frontières géographiques et créatives. Quel est donc la nature de ce projet ? Un solide carnet de croquis de 60 pages (papier haute qualité) circule de la main à la main d'artistes en artistes autour du globe engloutissant au passage des visions délirantes et autres virtuosités de mes confrères et consoeurs. Chacun à le droit à une page, pas une de plus, et peut ainsi voir ce qu'a dessiné son prédécesseur. S'en inspirer ou pas. S'exprimer librement, dans tous les cas, le concept du carnet voyageur faisant à lui tout seul office de thématique fédératrice. Tout est expliqué sur le site (enfin j'espère) en anglais pour l'instant (universalité oblige) et la liste est presque complète. Figurent déjà au menu de ce banquet visuel des noms inconnus mais qui méritent un coup de projecteur, d'autres qui font rêver : François Roca, Rebecca Dautremer, William Trebutien, Daisuke Tsutsumi, Peter de Sève, et j'en oublie (le début de la liste figure sur le site)
L'ouvrage unique sera vendu aux enchères dans environ 1 an (trajet oblige) à la galerie Arludik (indispensable couple Launier) et au profit d'associations caritatives sélectionnées par les auteurs. Si un éditeur est intéressé, nous publierons, sous contrôle de l'ensemble des artistes sollicités des copies conformes de l'ouvrage original.
Les aventures turbulentes de ce carnet peuvent déjà être suivie en temps réel sur le site (avec un blog en guise de témoin) Il a déjà quitté Paris pour San Francisco grâce à Rebecca Dautremer jeudi dernier, il repassera par là, sous le crayon de Pierre Alary et de Dominique Bertail et encore d'autres. Le bâtiment des nations des dessinateurs unis n'existe pas encore mais un joli rêve est déjà en marche, relayé par les meilleures volontés. L'addition d'individualités au profit d'un collectif exponentiel qui fait fi des égos.
Le défi de ce carnet au format A4 ? réussir son voyage, exister, survivre même. A l'heure où l'on peut d'un coup de mail réunir des dessins scannérisés , isolés sur une même adresse virtuelle, sans même rencontrer son voisin, ce carnet subit déjà les décalages horaires, la sueur, le temps, les humeurs. Il supporte sur son papier tendu la force d'artistes aussi divers que variés. Va-t-on le perdre , l'abîmer, l'égarer ? cela fait aussi parti du challenge.
Et puis à l'heure où nombreux pessimistes (ils pullulent sur la toile) hurlent à la compétitivité permanentes, aux guerres économiques entres pays, aux formes négatives de la mondialisation, ouvrir un espace créatif commun, dépourvu d'ambitions lucratives ça fait simplement du bien.
A très bientôt pour la suite de ses aventures sur www.sketchtravel.com
Très cordialement,
Gérald Guerlais.
J'aimerais bien avoir ta position sur Angoulême 2007, sans langue de bois... (mais là je sais que tu dis toujours les choses) histoire de décrypter ce que tu penses TOI de la chronique d'un naufrage annoncé...
Ton avis sur les manoeuvres "politiques" de l'organisation, sur les éditeurs qui se tâtent encore pour venir s'enterrer en Charentes, loin d'un public déjà passablement désorienté et échaudé l'an passé. Encore heureux que les élus se soient rendus compte qu'on nous offrait un terrain inondable pour parquer les bulles... Bref, je ne t'entends pas sur le sujet. Va-t'on assister à la mort de ce festival une bonne fois?
J'espère te croiser au petit déjeuner néanmoins, comme d'hab fin janvier. Bien à toi
E.
Bon oki c'est confus! Mais franchement je vous assure, des postes où on peut exprimer franchement sa créativité ne sont que très rarement ouvert aux femmes miiiiiiiinerve
Tout d'abord, bravo pour votre blog!
Je suis un ami d'enfance de Benoit Le Pennec.
Il m'a envoyé cet hivers, le tome deux de la parution
"out of picture" réalisé par une vingtaine d'artistes issus des studios d'animations d'outre atlantique.
Une pure merveille que j'aimerai faire partager.
Il ne semble pas que ces deux recueils soient disponibles chez un éditeur français. Auriez vous des informations à ce sujet?
Cordialement
Alain Baillon
J'ai écris dernièrement sur ce blog qu'avant même d'écrire je préférais vivre et c'est par la vie que je pouvais esperer écrire, preuve à l'appui. il y a de cela quelques semaines, j'ai été invitée à l'inauguration d'une exposit...