
Nutrition: le sens des choses, discussion avec Jacques Attali
Se nourrir, mieux manger, mais aussi donner aux autres la capacité de se nourrir...
Si nos sociétés occidentales remettent en cause, à juste titre, l’hyper-productivisme de leur industrie alimentaire, il ne faudrait pas systématiquement jeter le bébé avec l’eau du bain. La nutrition n’est pas qu’une affaire biologique pour population globalement aisée, c’est aussi un enjeu économique et social, parce que démographique et écologique. C’est à travers ce prisme, très large, au niveau de la demande mondiale, que sur France Culture, hier, nous avons discuté avec Jacques Attali.
En France, professionnels, pouvoirs publics et ONG ont mis sur orbite les Etats généraux de l’alimentation. On va y dire la volonté des Français de mieux manger et de mieux être. Et sans risque de se tromper, on y cherchera à valoriser le local, le circuit court, le naturel, le bio… Et c’est bien.
Les E. Leclerc y participeront, comme leurs collègues, avec un esprit constructif, quitte d’ailleurs à savoir se remettre en cause.
Mais comme le fait remarquer Jacques Attali (responsable de l'ONG Positive Planet, ex Planet Finance), à l’échelle planétaire, les approches sont forcément différentes et dominées par les problèmes démographiques et les évolutions climatiques. L’eau est une ressource rare, tout comme la terre agricole... Sans parler du pouvoir d’achat. Nos certifications, nos labels, nos meilleures allégations nutritionnelles, sont des objets inaccessibles pour les populations soudanaises, celles de l’Afrique péri-sahélienne, en Asie centrale et même au Bangladesh ou en en Chine intérieure.
L’espèce de rejet de toute forme d’industrialisation sur lequel s’appuie le contre-modèle écologique occidental ne doit pas faire oublier qu’à l’échelle 2030/2040, ce sont 9 milliards d’humains qu’il faudra nourrir. Arrêtons de faire la fine bouche sur l’élevage, sur l’industrie de la transformation protéinique (nourriture à base d’insectes, de plancton, de caséine de lait, etc) et la multiplication de zones de culture hors-sol, y compris urbaines ! La politique du « small, local, plus cher mais friendly » ne sera pas, à court terme, une solution généralisable à l’ensemble de la planète. Si ce modèle est souhaitable et fait figure de pionnier, il faut aussi accepter d’autres modèles et ne pas opposer systématiquement les critères d’un confort rendu possible par une géographie favorable à un besoin impérieux, en zone pauvre, de production en mode artificiel.
Personnellement, je milite pour une politique alimentaire bien plus diversifiée qu’aujourd'hui nourrissant « nos aspirations occidentales à mieux être », mais restant fortement mobilisée et investie sur les marchés à faible capacité agricole. C’est un mythe que celui d'une autosubsistance accessible à tous les pays, à de bonnes conditions. Les pays mal dotés en terre et en eau devront investir sur une industrie alimentaire très coûteuse à construire, sauf à bénéficier de nos exportations.
L’indépendance alimentaire, comme l’indépendance énergétique, a un coût. Elle suscitera des arbitrages et des alliances. Pour la France agricole, une production tournée vers ce type de besoins reste une sacrée opportunité, quoi que l’on en dise.
9 Commentaires
J'ai récemment participé à un concours de start-up - Concours d'idées digital. Mon projet concerne un mode de consommation différent : comment manger mieux, sans gaspiller, et surtout en fonction d'un budget défini.
Je cherche aujourd'hui à développer cette application qui gère intelligemment la consommation alimentaire pour les familles. Je souhaiterai ainsi pouvoir vous exposer avec mes mots ce projet innovant et nécessaire pour l’avenir de notre façon de consommer
Charline Ysard
13 ans x
Charline Ysard
Charline
Vous pouvez contacter Maud Finaro de ma part : Maud.finaro@e-leclerc.com
Bonne journée.
MEL.
Cordialement