
E.Leclerc confirme son engagement à soutenir la filière porcine
Je sors à l'instant d'une réunion organisée par Stéphane Le Foll au ministère de l'agriculture. Et devant les représentants de la distribution et de l'industrie agroalimentaire, j'ai confirmé qu'à l'instar du groupement Intermarché qui l'a annoncé hier soir, l'enseigne E.Leclerc allait donner un gros coup de collier pour booster la filière porcine française, répondant ainsi favorablement aux sollicitations des éleveurs et des pouvoirs publics.
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Conscient des difficultés des éleveurs, j’avais demandé il y a quelques mois à un groupe d’adhérents E.Leclerc et de techniciens, de prendre contact avec les professionnels du secteur de la filière porcine. J’ai moi-même rencontré, outre le président de la FNSEA, Xavier Beulin, le président de Coop de France, Philippe Mangin, le président de la Fédération Porcine, Paul Auffray, des abatteurs, des producteurs et notamment le président et le délégué d’Uniporc.
Nos interlocuteurs expriment à la fois des demandes de court terme (comment revaloriser les cours, donc la rémunération des éleveurs ?), et des solutions durables (comment permettre aux exploitants de relever financièrement le défi des énormes investissements à réaliser pour leur permettre d’être à niveau dans la compétition européenne ?).
Bien évidemment, c’est aux pouvoirs publics qu’il revient d’exiger des partenaires européens qu’ils fassent respecter les législations sociales et environnementales qu’on impose à nos propres agriculteurs. De même, seul l’Etat peut imposer une régulation de la fréquence, de la durée, du montant des promotions. Les dernières sanctions prises par l’Autorité de la concurrence à l’égard des pratiques de prix sur le marché du lait ou même du porc démontrent que les initiatives privées ne peuvent qu’être cautionnées par l’Etat.
Personnellement, j’ai été plus sensible à la demande de professionnels d’impliquer tous les acteurs du secteur (éleveurs, fournisseurs de céréales, transformateurs et distributeurs) dans un fonds de soutien à la modernisation de la filière. Et comme eux, je pense qu’un tel organisme devrait pouvoir être abondé par tous les acteurs de la profession mais aussi pouvoir bénéficier des financements publics dans le cadre du projet de soutien à l'innovation et à la croissance française (Investissement d’Avenir) et même des financements prévus dans le cadre du Plan Juncker.
Ce dispositif aurait le mérite d’inciter toute la profession à viser la production de gammes plus qualitatives, et à moderniser les exploitations pour tenir compte des enjeux écologiques et concurrentiels.
Malheureusement, parce qu'ils ont à gérer tous les problèmes à la fois, mes interlocuteurs de la filière porc n'arrivent pas à isoler les demandes de court terme et les besoins de long terme. Les pouvoirs publics ont raison de dire qu'on ne va tout de même pas combler des besoins de trésorerie avec du financement d'investissement. Et un tel système est complexe à monter pour pouvoir être compatible avec les exigences européennes.
Je soutiens néanmoins la création d'un fonds structurel. Xavier Beulin, il y a deux ou trois ans, en avait évoqué l'idée. Je ne sais pas si le ministre reprendra à son compte un tel projet. Il me semble qu'à défaut, on ne va s'attaquer qu'aux effets de la conjoncture.
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Pour l'heure, on est aujourd’hui obligé de travailler sur des mesures urgentes.
Le Mouvement E.Leclerc confirme qu’en attendant des réformes structurelles incontournables, il répond favorablement aux demandes des éleveurs et des pouvoirs publics. Il s'agit principalement de booster les achats sur le marché coté qui établit le prix directeur pour toutes les autres ventes. Et quitte à pratiquer des marges plus faibles, d'accroître les ventes hors promotion pour développer la demande et résorber les stocks.
Si les modalités sont encore à affiner et s'il reste à obtenir l'aval de la puissance publique sur les questions de droit de la concurrence, l'initiative est celle-ci :
1- Les outils industriels d’E.Leclerc (dont l’abattoir de Kermené dans les Côtes d’Armor) continueront d’acheter exclusivement français (et évidemment breton !). C’est un choix qui continuera d’être complètement assumé, quels que soient les écarts de prix avec les autres marchés européens.
2- Les abattoirs de Kermené privilégieront leur approvisionnement sur le marché au cadran par rapport aux approvisionnements directs. Ils invitent tous les autres professionnels à procéder de la sorte, de manière à ce que les cours du marché de Plérin soient plus représentatifs des transactions sur le marché du porc.
3- Les centres E.Leclerc confirment qu’à la demande des pouvoirs publics, ils organiseront leurs opération d’achat et de vente de manière à soutenir le marché français dans la perspective d’atteindre un prix du porc au cadran proche de 1,40€ le kg.
4- Enfin, les centres E.Leclerc appliqueront scrupuleusement, le cas échéant, un arrêté encadrant les promotions si tel était le projet ministériel. Les syndicats d’éleveurs étaient demandeurs. Qu’il en soit ainsi. On me permettra tout de même ici d’émettre des réserves sur les effets pervers que ce dispositif risque d’engendrer sur la consommation, tant il est vrai que le consommateur conditionne fortement ses achats à cette intensité promotionnelle. Il ne faudrait pas qu’on se retrouve avec des stocks supplémentaires qui repèseraient à la baisse sur les prix.
5 - Quel que soit l'effort réalisé par les centres E.Leclerc et ceux annoncés par le groupe Intermarché, de telles initiatives ne produiront d'effets positifs que si les autres opérateurs s'engagent à leur tour. Ce midi, l'ensemble des distributeurs français semblent vouloir soutenir le processus. A les entendre ! Je demande cependant à Stéphane Le Foll de tenir le même discours aux hard-discounters allemands. Après avoir fait beaucoup de promesses aux éleveurs lors du dernier salon de l'agriculture à Paris, on attend de nos collègues hard-discounters, des initiatives en ce sens.
6 - Le dispositif de solidarité lancé ce midi autour de Stéphane Le Foll doit, pour être efficace, être accompagné d'un engagement de soutien des grandes marques industrielles type Herta, Fleury Michon, etc. Ce midi, l'ANIA n'avait pas encore bouclé son tour de table. Soit, mais demain, il ne faudrait pas, profitant de l'écart de cours avec les marchés espagnol et allemand, qu'elle nous "dumpe" le marché français. Au fond, le meilleur moyen de s'assurer de leur contribution, c'est qu'elle garantisse aux éleveurs un pourcentage d'achat plus raisonnable sur le marché français.
9 Commentaires
Pour l'occasion je vais reprendre et donc mettre en guillemets l'une des expressions favorites d'un de mes copains : "C'EST DU BON BOULOT!!!!"
Merci pour ce soutien à la filière, soutien continu, continuez!
Paul
Nous avons été “Frugivores”....puis “Carnivores”.....certes cette évolution a sans aucun doute développé notre “boite crânienne”..ne serait-il pas grand temps “d’amabiliser” son contenu..???....”La Barbarie” ne commence-t-elle pas dans nos assiettes ???....En apprenant à respecter L’ensemble du Monde du Vivant, n’est-ce-pas apprendre à nous respecter nous mêmes ainsi que nos semblables... ???.....En avant...PLUS DE PROGRES....POUR TOUS....DANS TOUS LES DOMAINES......POUR AVANCER DIGNEMENT VERS NOTRE FUTUR........Cher M.E.L....”Think Different”....s’il vous plait...”There is another way”.......!!!....alice
Reste à l'autorité publique de montrer qu'elle en a... de l'autorité!
Bonne soirée à vous.
Moi il fait beau ce soir, je vais préparer quelques grillades de porc au BBQ, et pour ceux que cela intéresse, le filet mignon au BBQ est également qq chose de succulent!!! Et pour endre cela encore plus lucullus, une fois cuit aur les braises, j'enveloppe tout de papier d'aluminium et je laisse reposer au four préchauffé à 95 ou 100 degrés, un temps égal à celui de la cuisson sur le BBQ. Ca viande se détend, la chaleur se diffuse à coeur et devient juteuse... "Miam" les grillades de porc ce soir.
bien à vous MB
Avant tout, merci de vos billets d'humeur qui permettent un autre regard sur la distribution.
Ma question est la suivante, si le cours du porc augmente, Leclerc est prêt à acheter plus cher et à réduire ses marges sur la matière "brute". En revanche, le prix augmentera pour tous les acteurs, y compris les industriels qui commercialisent avec vous leurs produits manufacturés (sous les marques que vous citez dans le dernier paragraphe de votre post), est ce que Leclerc acceptera une évolution de son prix d'achat à la hausse si les mouvements sont significatifs ? Ou quelle sera le message ?
Merci de votre réponse,
Bien cordialement,
Etienne D.
Pour mémoire nous avons conversé à Concarneau il y a quelques temps autour de l'ouvrage "Coeurs de Breizh" (dont je suis l'auteur), pour lequel les centre Leclerc en Bretagne ont participé à la diffusion. L'engagement des Centre E.Leclerc est très intéressant, mais je ne trouve pas de rubrique sur le site concernant la politique des Leclerc sur un soutien à la production des producteurs locaux (hormis la filière porcine en Bretagne). Ma question est : existe t-il une politique de commercialisation et de mise en valeur entre les producteurs du Bergeracois et les Centres E.Leclerc (Blonde d'Aquitaine-vins-fraises etc...) ? Merci. Cordialement.