
Houellebecq et Depardieu, des enfants de Bohême ?
On les a opposés, mais sont-ils si opposés ? Pas inutile de les lire dans le texte. Télérama et Lui nous offrent la possibilité de comparer...
Gérard Depardieu : Que n’a-t-on entendu à son sujet ! Quand il a manifesté son ras-le-bol à l’égard des charges fiscales qui pèsent sur le pays, une grande partie des artistes engagés à gauche (quelques-autres aussi) lui sont tombés dessus. Tout y est passé : jalousie et rancœur, exhortation moralisatrice et rappel aux valeurs patriotiques appliquées aux artistes…aussi !
Michel Houellebecq : A la même époque, Michel Houellebecq s’était déjà « exilé » en Irlande. Très prosaïquement…parce qu’on y paie moins d’impôts. C’est lui qui le dit : « Le niveau d’imposition en Irlande, extrêmement bas pour les revenus d’origine artistique, est de toute façon en général bas, presque personne dans ce pays ne paie beaucoup d’impôts, c’est une autre conception de l’Etat » (Michel Houellebecq/Bernard-Henri Lévy - Ennemis publics – Flammarion 2008).
Houellebecq/Depardieu : Quand l’écrivain chouchou de Bernard Pivot est revenu d’Irlande, les bien-pensants, qui avaient fait la peau de Depardieu ne se sont pas contentés de le féliciter en lui attribuant des vertus qu’il n’avait même pas exprimées. La scène médiatico-politique a cherché à opposer le fils prodigue et le mauvais larron.
A la lumière de l’actualité très récente de nos deux artistes, on mesure combien pourtant la distance n’est pas grande entre les deux.
Michel Houellebecq : Sous la plume de Beigbeder le portrait de Houellebecq publié dans Lui (édition de mai) ne laisse aucun doute. Avec une gueule d’Ankou à la Xavier Grall, défoncé mais terriblement poignant, l’auteur des Particules élémentaires n’émet rétrospectivement aucun regret, et encore moins un quelconque soutien politique à la cause « Hollandaise » : « Je me sens extrêmement mal en France. Il y a eu plusieurs tours de vis supplémentaires depuis que je suis parti. C’est incroyable comme le gouvernement semble vouloir augmenter le malheur des gens… Je suis triste de l’état de mon pays…etc. ». Avouez, on dirait du pur Depardieu.
Gérard Depardieu : Via Cannes, il nous revient d’un Sofitel New Yorkais version Abel Ferrara, ce qui lui valait, la semaine dernière, d’être en tête de gondole dans Télérama. Excellente interview, dans laquelle Gégé dit avec des mots simples, son parcours de mauvais élève, d’amoureux des livres, son addiction aux œuvres d’art, et au théâtre. Et il redit son exécration de la fiscalité française : « Je ne tourne plus volontiers en France où il y a bien trop de charges à payer. Je les acquitte déjà pour les 92 employés que je fais travailler… » (vous connaissez la suite !).
Au fond, d’un point de vue purement économique, ces deux artistes ne disent rien d’autre que les milliers de chefs d’entreprise, propriétaires de presse, créateurs, de cadres supérieurs qui font aujourd’hui le procès d’une fiscalité excessive.
On a fait procès au premier et accueilli l’autre avec la volonté de se servir de leur exemple pour plaider la cause patriotique et ériger la citoyenneté comme valeur morale.J’adhère bien évidemment à ces deux objectifs. Mais ceux qui ont cru à une opposition Depardieu/Houellebecq seront certainement douchés, en lisant dans les deux interviews précitées, le bulletin de citoyenneté de nos deux compères :
Gérard Depardieu : « Sept mois hors de France. A Saransk, en Mordovie, à Moscou, en Belgique, en Italie… Mon foyer est là où les gens m’aiment et là où j’aime les artistes. Je peux vivre n’importe où. Partir n’importe quand. »
Michel Houellebecq : « D’une part, j’ai voulu revenir en France sans avoir l’impression d’être en France. D’autre part, étant proche de l’autoroute, je peux quitter le pays très rapidement. »
Apatrides ou citoyens du monde, on ne le saura pas, mais avouez-le, quelles que soient les polémiques, il y a fort à parier que les noms de ces deux-là figureront malgré tout, dans le dictionnaire des artistes et auteurs français.
2 Commentaires
Vous "tournez autour" mais de plus en plus près, et les deux apatrides ou citoyens du monde dont vous nous parlez figureront peut-être dans les dictionnaires, mais avant cela, dans leur mal-être à l'égard du poids fiscal français, ils sont tout d'abord particulièrement proches d'une immense majorité de foyers ici, notamment les classes populaires et moyennes!
Oui vraiment, j'aime beaucoup votre blog, particulièrement d'aujourd'hui.
Vous "tournez autour", vraiment, de plus en plus près ;-)))...
Marc
La France est un beau pays. Aujourd'hui aux journées parlementaires il a été question de l'hépatite B. Un nouveau traitement va permettre aux personnes atteintes par ce virus d'éviter de passer par la case greffe ou décès avec un taux de guérison de 95%. Le prix de ce traitement est de 60 000 EUROS PAR MALADE. Faut il payer des impôts pour soigner les gens? Pour éviter d'en payer plus je suggère à chacun de se faire vacciner contre l'hépatite B car non seulement vous serez immunisé contre la maladie mais vous protégerez votre organe contre le cancer. C'est un moyen simple pour éviter la hausse de l'impôt.