Le lait est à la Une de l’actualité depuis plusieurs jours. Chacun est interpellé et les distributeurs sont - comme à chaque fin de négociation commerciale - pointés du doigt pour n’avoir pas concédé de hausses aux industriels qui du coup expliquent aux producteurs qu’ils ne pourront pas les rémunérer à la hauteur de leurs attentes. Le jeu est connu.
Il ne s’agit pas de nier la difficulté des producteurs de lait. Je l’ai déjà écrit dans une précédente note et je le réécris ici. En revanche, je souhaite faire une petite mise au point car je vois beaucoup de choses s’écrire, et je veux rétablir quelques vérités concernant l’enseigne E.Leclerc.
1. Je rappelle en préalable que nous n’achetons pas le lait à la ferme. Nous n’avons pas de rapport direct et financier avec les producteurs. Il y a en effet un intermédiaire entre producteurs et distributeurs, c’est le transformateur. Et nous ne connaissons pas à l’avance, la part des prix d’achat qui est rétrocédée aux producteurs.
2. La plupart des produits laitiers négociés par nous auprès des fournisseurs sont des produits transformés (yaourts, crèmes dessert, fromage, beurre, etc.). La part de composant laitier dans ces produits est très variable. Dans la justification des demandes d’augmentation tarifaires, il y a des coûts sociaux, du packaging, du marketing, du transport, etc. Plus le produit est élaboré, moins son prix est dépendant du cours du lait. Plus les coopératives ou les sociétés de fabrication transforment, plus elles gagnent de l’argent. C’est ce qui fait que les actionnaires de Danone ou Nestlé ont des bénéfices supérieurs à des industries de faible transformation, et ce malgré le fait qu’elles achètent le lait au même cours. S’il y a bien un problème général du lait, les négociations sont évidemment très différenciées selon non seulement la puissance mais aussi le savoir-faire des industriels. Il n’y a pas LA distribution face aux « laitiers ». Il y a la négociation entre DES distributeurs et DES industriels qui ont chacun des politiques tarifaires différenciées, selon la richesse de leurs gammes. Faut arrêter de faire simpliste.
3. Le lait de consommation en France ne représente donc que 10% des volumes totaux de lait produit. J’ignore pourquoi les médias et les éleveurs ne se focalisent que sur ces 10% du marché, c’est évidemment réducteur…mais j’en prends acte.
4. Contrairement aux allégations parues ces dix derniers jours, j’affirme qu’au niveau national, les centres E.Leclerc se sont engagés à payer le lait en moyenne 2,17% plus cher qu’en 2012. Concrètement, sur une brique de lait et selon les catégories (car ça dépend de beaucoup de choses : conditionnement, lait – écrémé ou demi-écrémé, marque nationale, MDD, etc.) cela représente entre 1 et 2 centimes par litre en plus par rapport à l’année dernière.
Très clairement la question-clé est de savoir si les industriels (à qui nous achetons donc le lait plus cher en 2013 qu’en 2012) vont faire bénéficier les éleveurs de ces hausses. Moi je ne peux pas le savoir. Comme je le dis, chaque fournisseur a ses contrats avec ses éleveurs, c’est leur cuisine interne. On ne peut pas nous reprocher de ne pas nous immiscer dans leurs négociations. Ca s’appellerait d’ailleurs une entente, et c’est prohibé.
Pour autant j’ai bien compris que les producteurs ne sont pas satisfaits du prix que les transformateurs leur annoncent. Ils demandent une hausse de 3 centimes par litre.
Nous sommes évidemment en position de vouloir faire preuve de bonne volonté, mais vous avez compris, ça suppose que les transformateurs nous donnent des garanties sur ce qu’ils reversent aux éleveurs. J’ai demandé à nos équipes d’étudier différents scenarios.
Je ferai des propositions dans les prochains jours visant à apporter une réponse commune aux problèmes de la filière.
62 Commentaires
Le raisonnement de filière invite à que chaque niveau rémunéré son travail et son capital .
Si nous ne changeons pas les relations ,J'ACCUSERAIS les distributeurs de fossoyeurs des agriculteurs .
Faudra t il que le consommateur est faim pour que l'on s'intéresse à la problématique de la répartition des marges ?
les paysans et non les industriels sont la population la plus pauvre de la planete et ceux qui souffrent le plus de malnutrition
je ne comprend pas qu'ils continuent leur metier avec tous le sinvestissements financiers humains, ecologiques et plus qu'ils ne peuvent meme pas facturer a leur juste prix .
bosser et fermer sa gueule pour que le sacro saint "panier de la menagere" soit le moins cher possible et profite a tous sauf a eux
une utopie oui car c'est deja trop tard pour beaucoup je le crains!
"La complainte de l'innocent vertueux (MEL) face aux forces du mal (les producteurs)"
tout est dit dans cette simple phrase
à prendre au 2ème degré bien sûr
Voilà un peu de soleil!!
Si Mel était un innocent virtueux il serait premier de la classe. Pour l'instant il n'est que second.
Avec des phrases comme celle-ci, on se demande si le journaliste sait qu'il y a un point sur le i de "pitre".
Avec ça au moins il y a de quoi amuser la galerie! Il manque le point à pitre!! On remarquera qu'il ne manque pas de pitres au Point! A prendre au deuxième degré bien sûr
bon courage
cout de production 1€80-(1€45+0€15)prix cadran + plus-value =20 centimes
c'est plus tenable,il y a urgence.
merci de votre attention.
Je m'aperçois que même les éleveurs de chèvres sont pris pour des vaches à lait...
L'info est importante car elle accuse ceux qui ponctionne chaque semaine dans notre porte monnaie, ils sont donc facile à identifier.
Vous même producteurs(trices) êtes obliger d'en passer par là!
Pourtant c'est un raccourci un peu facile,
je vois comment cela ce passe en achat et je peut vous garantir que le monopole des coopérative est TRÈS RÉEL.
Et le résultat sur le ticket de caisse ne profite pas à ceux que l'on croit.
Les résultats des coopérative affiche des progressions à trois chiffres.
Un peu d'honnêteté dans les informations et qu'enfin une tripartite se mette en place sur le sujet.