Piccoli…Hollande, Borloo et d’autres : la comédie du pouvoir

Villepin/Chirac : C’est reparti, les revoilà tous les deux poussés dans le shaker médiatico-judiciaire. Après le bouquin de Péan et son lot de témoignages (dont celui de Michel de Bonnecorse, ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac), c’est l’avocat, Robert Bourgi qui se répand. Quatre pages dans le JDD, dont la Une ! Du croustillant, du sulfureux : « J’ai vu Chirac et Villepin compter les billets ». A trois jours du verdict en Appel du procès Clearstream, le « grand con » (selon l’expression attribuée au « nabot »), n’est pas près de sortir indemne de la machine à dézinguer. Les propos de Bourgi ont des airs de vraisemblance. Mais si le scénario ne nous surprend plus, le casting, lui, laisse perplexe. D’où sort-il, ce Robert Bourgi. Et qu’est-ce qui le motive vraiment ? Lever les yeux au ciel, afficher une honte très « rétrospective » et invoquer de Gaulle, voilà qui fait bien rigoler ! Car si l’ancien groupie de Foccart et de la Centrafrique fut vraiment le porteur de valise, il fut alors complice, voire l’organisateur du système. Avocat, dit-il ? Je n’aimerais pas être son client… Borloo/Morin : Théoriquement, le Centre, c’est le lieu de la sagesse. Si l’on en croit Sénèque, la tempérance est une vertu cardinale de la vie politique. Mais ce week-end, à la Grande-Motte, la querelle des ego gâchait l’ambiance. « Très bientôt, je parlerai aux Français » a dit Jean-Louis Borloo. Pas sûr que dans cette comédie qu’on nous joue depuis quelques mois, il y ait désormais place pour parler « des sujets vitaux ». Assimilant les perspectives françaises à une « traversée du désert », JC Lagarde, vice-président du Nouveau Centre, annonce qu’il nous faudra choisir entre « un chameau » et « une chèvre » (authentique !). Faudra quand même un peu montrer les crocs ! Aubry/Royal/Hollande : Dans le JDD, ce week-end, Pujadas promet : « Le débat PS sur France 2 sera « l’évènement de la rentrée ». Je ne doute pas que les militants du PS et les partisans des Primaires s’y intéressent. Pour le « grand public », faut voir. A l’audimat, Ségolène Royal a pris une sacrée avance, la semaine dernière, en flinguant tout à la fois Aubry et Hollande. Mais au concours d’idées pour sauver la France, nos protagonistes ont bien du mal à se démarquer tant l’ambiance est délétère. Boutin : Le parti chrétien-démocrate tenait, lui, meeting à Lyon. Deux cents militants, nous dit Le Figaro. Pas de risque d’altercations. Christine Boutin trouve que la France c’est « une alchimie particulière, nourrie de l’engagement des saints du christianisme et des hussards noirs de la République ». Je n’ai pas compris. « Habemus Papam » : Tout se passe en France comme si l’exercice du pouvoir devenait l’unique enjeu du débat sans qu’aucun candidat présumé ne soit vraiment interpellé en responsabilité (sur ses promesses, sa capacité d’action, etc.). Heureusement, il nous reste le cinéma. J’avais vraiment beaucoup aimé « La conquête » de Xavier Durringer. Une vraie clé de lecture pour interpréter l’actuelle comédie du pouvoir. Le film de Nanni Moretti, « Habemus Papam », nous invite à réfléchir sur l’autre versant du politique : l’écrasante charge de la responsabilité. Admirable Piccoli. Un rôle sublime. Attendu par des centaines de millions de croyants, l’élu « malgré lui » et « choisi par Dieu » s’interroge et vacille devant l’exercice. Ce qui est magnifiquement décrit dans ce film, ce n’est pas tant le refus d’assumer le pouvoir (il n’y a pas de lâcheté), mais l’interrogation portée sur la signification de celui-ci. Quand on prétend servir le peuple, il ne suffit pas de vouloir jouer le premier rôle, il faut aussi faire preuve d’abnégation et d’amour.