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Solidarité Bretagne

François Hollande est entouré de trop de Bretons (Le Drian, Lebranchu, Le Foll, Poignant…) pour ne pas avoir entendu parler de la « Révolte du papier timbré » ! La Bretagne, terre d’harmonie, sait parfois se transformer en terrain de colère. Et ces derniers jours, on a vu salariés, agriculteurs, industriels et politiques capables d’actions communes pour le démontrer une fois encore.

Il faut dire que les sujets d’inquiétude ne manquent pas. L’industrie agroalimentaire est au centre des préoccupations, entraînant celle des agriculteurs. Le sort de l’industrie navale et de l’industrie automobile compte aussi pour beaucoup dans l’angoisse actuelle. Et pour le coup, comme un drapeau rouge agité depuis Paris dans l’arène bretonne, le projet d’écotaxe est venu cristalliser le mécontentement, en même temps qu’il servait d’exutoire.

Bretagne et Bretagnes

Pour paraphraser Hugo Pratt, l’auteur de bande dessinée, père de Corto Maltese, il y a des Bretagnes en Bretagne. Des Bretagnes dont il serait naïf et hypocrite de faire croire qu’elles sont naturellement de connivence.

Il y a évidemment, moult divergences et même de conflits d’intérêt ou de responsabilité entre les salariés de Gad, Tilly, Doux ou Marine Harvest, les éleveurs de porcs, les industriels ou les distributeurs. Mais à attiser les uns contre les autres, il n’y a rien à gagner.

Les querelles de village ont souvent gâché l’histoire de la Bretagne. Et la Bretagne n’a jamais été aussi forte que quand elle s’est exprimée, unifiée, pour réclamer la reconnaissance de sa langue, engager la modernisation de son agriculture, obtenir un réseau routier digne du principe républicain de continuité territoriale, réagir aux pollutions du Torrey Canyon, de l’Amoco Cadiz et de l’Erika, et se mobiliser contre la centrale nucléaire de Plogoff. Et ne croyez pas qu’elle ne sait parler collectivement que dans sa mauvaise humeur, elle a su s’exprimer positivement pour préserver la qualité de son littoral, de sa culture, de ses « Produits en Bretagne ».

Pour l’heure, c’est le désarroi pour nombre de familles du centre de Bretagne. L’émotion a fait parler ensemble des élus, au-delà des divisions classiques. Et le monde patronal (industrie, agriculture) comme celui des salariés, sait que l’urgence, c’est la solidarité !

Que faire ?

solidaire-bretagneSolidarité et signal d’alarme à l’égard des institutions et des pouvoirs publics : c’est ainsi qu’il faut interpréter la publicité commune signée Système U, Intermarché et E.Leclerc. C’est une première : sur le terrain, la concurrence est forte entre indépendants. Ils ne se sont jamais faits de cadeaux. Mais face à un avenir menaçant, il faut savoir prioriser et s’engager aux côtés des autres.

Il n’y aura pas que les mots. Les adhérents E.Leclerc de la SCARMOR se sont déjà discrètement manifestés en restant jusqu’au dernier moment les clients des entreprises concernées.

Parallèlement à ces initiatives locales, spontanées, émotionnelles, il faudra des gestes. Déjà les pouvoirs publics et les élus convoquent et sollicitent des entreprises le recrutement prioritaire des salariés licenciés.

Les Centres E.Leclerc de Bretagne, qui restent « employeurs nets », répondront positivement à cette attente. Ils sont prêts aussi à repasser commande ou à donner tout coup de main commercial là où il existera des plans de reprise. Ou encore quand il s’agira d’aider les PME qui reprendraient ces marchés. Pour le moment, il ne semble pas y avoir de concret. Mais nos adhérents sont prêts.

Mais quelle que soit l’expression de solidarité de filières, il y a urgence à se mobiliser pour remettre l’ensemble de l’économie bretonne sur les starting blocks de l’export et de la concurrence avec les pays voisins. C’est dans cette perspective que toute la Bretagne, citoyenne et professionnelle, se mobilise contre les coûts de transports (marchandises et personnes). Si on focalise sur l’écotaxe, ce n’est pas tant qu’elle serve d’exutoire (même si c’est aussi le cas), c’est aussi qu’elle symbolise l’absence de vision d’une élite trop technocratique et parisienne.

L’écotaxe ne peut-elle pas attendre ?

L’écotaxe, kesako ? C’est un héritage du Grenelle de l’Environnement (2007), une déclinaison du principe de « pollueur-payeur » que l’on voit très concrètement sur nos routes avec ces grands portiques bardés de caméras braquées sur les plaques minéralogiques.

Les transporteurs hurlent, les producteurs crient, les distributeurs râlent. Personne ne se satisfait de ce projet, qui a pour principal défaut de renforcer la distorsion de concurrence et de peser au finale sur le consommateur français.

Imaginez ! Un plat transformé en Bretagne devra peut-être payer 4 fois la taxe : quand le camion de fourrage ou de tourteaux arrive à la ferme, quand la bête repassera devant le portique en allant à l’abattoir, quand la viande partira à l’usine 300 km plus loin, et qu’elle nous reviendra en supermarché sous forme de plat cuisiné. Dans le même temps, un plat transformé en Espagne ne paiera la taxe qu’à l’occasion du transport final !

Faire front

Je ne crois pas à la fin du modèle breton. La plupart des usines ayant déposé le bilan ont été victimes de mauvaises stratégies industrielles ou financières. Les salariés de ces usines payent des erreurs et des choix stratégiques désastreux sur le plan industriel.

Pendant ce temps, malgré une conjoncture difficile, d’autres entreprises continuent avec passion et mérite de « produire en Bretagne ». Notre région, bien plus que d’autres régions françaises, a su se moderniser, et s’adapter à la nouvelle donne mondiale. Faisons attention, dans la volonté d’être solidaires, d’adresser les bonnes critiques et ne pas assombrir inconsciemment le diagnostic.

Il n’y a rien à gagner à se diviser, disais-je. Il n’y a rien à gagner non plus à noircir le tableau.

La Bretagne a des atouts par rapport aux autres régions françaises : une population plutôt diplômée, un faible taux de pauvreté, un chômage encore inférieur au niveau national, des entreprises qui ont fait leur révolution marketing, une qualité de vie qu’on nous envie de partout (malgré nos nitrates !).

La condition du rebond, c’est de maintenir l’attractivité de la Bretagne. S’il n’est pas évident aujourd’hui d’investir au pays, prenons garde de ne pas en rajouter au risque de remettre en cause notre image de dynamisme auprès des autres investisseurs et créateurs.

11 Commentaires

Magnifique ! les grandes surfaces renvoient l’ascenseur !
Salut Mel!
Dans un premier temps l'écotaxe ne devrait concerner que les camions qui roulent sans chargement pour favoriser une utilisation maximale du carburant et diminuer le nombre de camions sur les routes. Par exemple combien de camions partent vides de France pour faire le plein à Rotterdam et revenir? 50% du trajet use la route, consomme du carburant pour rien... Qu'en pensez vous?
Marrant, la BZH est la région, avec l'IdF, a avoir le plus faible taux de chômage.
D'après les gueulards manifestants (on peut les comprendre mais bon...), les autres régions n'ont pas autant besoin d'aide.
J'ai bien aimé la réaction de la Voix du Nord : http://www.lavoixdunord.fr/region/la-bretagne-va-beneficier-d-un-plan-d-aide-et-le-ia0b0n1632643
Mais les bretons gueulent plus ?
Vive la République Unie et Indivisible !
Les grandes surfaces renvoient l'ascenseur ! est-ce de l'ironie ?
Si tel est le cas c'est mal connaître le commerce, associé ou même capitalistique.
Si ces entreprises bretonnes sont devenues ce qu'elles sont, c'est en grande partie grâce au "grand commerce"; si celui-ci était le "tueur" désigné par certains, la Bretagne ressemblerait plus à un désert agricole, et les usines de transformation seraient ailleurs, en France ou à l'étranger.
Sachons reconnaître que MEL a toujours une longueur de bon sens d'avance dans ces combats, aidons-le, et partageons son optimisme !!!
choix stratégique régional, le choix politique de vouloir concilier et ménagers tous les partis et leurs entourages est aussi à réaliser dans une perspective nationale et pro européenne !
solidarité entre salariés - chômeurs citoyens patronat c'est aussi une évolution à mettre en œuvre concrètement pour mieux construire l'évolution en respectant la place t les droits de chacun pour être fonctionnel ensemble ! plus que la solidarité c'est bien aussi républicains laïque et de démocratie française et de respecter les institution et ceux qui les servent ministre comme crs, préfet, employé de mairie ... !
ce qui fait que logiquement l'obligation du développement durable fera aussi de la BRETAGNE comme tous les autres régions et départements, d'être aux normes, soit payer pour ne pas polluer et assumer les évolutions ce qui oblige à plus de résultats plus de volonté à s'organiser vis à vis des marchés des nouvelles technologies ... et avec la satisfaction de la réussite et de se prémunir des crises savoir se contenir pour plus de sécurité et pour l'intérêt général avoir de meilleurs conditions d'activités c'est le plan !
Solidarité Ordre et sécurité !
il est inadmissible de détruire des matériels et créer de l'insécurité par quelques conditions que ce soit ! ce mouvement de revendication n'a pas de légitimité et encombre autant la Bretagne comme région que les intérêts européens, et citoyens français ! une revendication non justifiée pour des actes non justifiable !
il faut une participation à la lutte contre la pollution et pour les aménagements suffisant pour une activité régionale évoluée et qualifié ! c'est une obligation indérogeable !
Relisez votre propre paragraphe :
"Imaginez ! Un plat transformé en Bretagne devra peut-être payer 4 fois la taxe : quand le camion de fourrage ou de tourteaux arrive à la ferme, quand la bête repassera devant le portique en allant à l’abattoir, quand la viande partira à l’usine 300 km plus loin, et qu’elle nous reviendra en supermarché sous forme de plat cuisiné."
N'est ce pas là justement un modèle à changer, d'où l'origine de cette écotaxe ?! Est il normal qu'un produit fasse des miles et des lieux avant d'arriver ds nos assiettes ?? Dans cette histoire d’écotaxe qui en pénalise forcément certains (les acteurs de la grande distribution en premier lieu, ne l'oublions pas !!), on en oublie l'essentiel: la réforme d'un système entier qui conduit à toujours plus de pollution, des conditions chez les agriculteurs toujours plus mauvaise, et tout ça ds un seul but: acheter moins cher !
Défendre ces salariés menacés de perdre leur emploi, ce serait pour l'enseigne Leclerc, autant conforter son chiffre d'affaire en maintenant la richesse en région que valoriser son image d'entreprise solidaire et citoyenne. Comment , en annonçant publiquement un boycott des entreprises qui délocalisent. Exit Marvin Harvest et autres des rayons
Bonsoir , je suis solidaire avec les revendications des bonnets rouges sur le fait qu'il faille arrêter la folie de ces parlementaires de tous bords qui ne comprennent rien à l'entreprise . Ils passent leur temps comme les shadocks a pomper sur le contribuable du privé et redistribuer sans efficacité si ce n'est clientéliste !

je vous propose pour la fin de l'année si ce n'est pour le printemps quand la plupart des conseil généraux vont voter leurs budgets de mettre à la disposition de votre clientèle le produit bonnet rouge au prix de 5 euros afin que chaque français intéressé puisse s'en servir pour afficher son ras le bol du toujours plus de taxes et d'assistés !!!
CONCERTEZ VOUS AVEC ARMOR lux
un jeune retraité ardé chois.
si la participation au prix réel de l'environnement face aux exigences sociales de société reste crucial et impératif déjà dans l'urgence et à court terme, il est impossible de ne pas faire de véritable contrôle sur l'ensemble des filières, des secteurs, en incluant tous les coûts de fonctionnement. C'est bien une cohérence générale et adaptée avec expertise pour favoriser une activité puissante réactive et responsable.
Produire c'est manager, et la politique est le reflet des intentions calculés de tous, il parait donc logique de ne pas dissocier l'intérêt général, celui des citoyens consommateurs, celui des entreprises, et personnels comme les intervenants spécifiques de ceux qui "sont en charge" des impératifs de l'import export, des négociation de marchés et des impératifs qui incombent sur l'activité, prévisionnels investissements ... !
ce n'est pas le principe pollueur payeur qui reste le plus juste et équitable, c'est une obligation de cohérence d'engagement et d'intérêts que seul au delà des conflits de concurrence même entre collègues que réside le fait de correctement répartir les charges de fonctionnement pour une meilleur qualité, productivité efficacité vers les résultats pour tous ! tous d'accord pour une société civilisée responsable mais aussi réaliste t pragmatique dans ses finalités moyens et applications !
portique ou satellite il faut impérativement calculer le nombre de légumes de fruits de marchandises de techniques d'emballages pour ne pas faire "n'importe quo"i de dangereux directement et en conséquences ! portiques ou satellites ou char de combats la technique peut différer, pour obliger avec ou sans écotaxes à faire appliquer le développement durable et c'est un droit locale régional national européen international universel ... !
"Solidarité, Bretagne"? ? . . .Monsieur Leclerc, quand vous parlez de la Bretagne, sachez qu'elle couvre 5 départements.
Merci de rectifier. D'ailleurs, c'est ce qui est défendu à Locarn !

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