
Xavier Niel (Free), Jean-Paul Agon (L’Oréal) et Georges Plassat (Carrefour) : les leçons de la crise
A l’orée des vacances d’été, petite lecture de la presse du 1er août. Ceux qui s’attarderont sur les chroniques de politique intérieure et internationale trouveront matière à se désespérer. Ceux qui auront lu les interviews de Xavier Niel, Jean-Paul Agon et Georges Plassat trouveront au contraire des raisons de rester optimistes.
Xavier Niel, il a tout compris
Voilà que le français part à la conquête du marché US en voulant acheter (excusez du peu !) le 4e opérateur de télécommunication américain, agissant sur le deuxième plus gros marché des télécoms au monde après la Chine, nous précisent Les Echos.
Free n’a pas peur de s’attaquer à un gros morceau. Il faut avoir de l’audace, et Xavier Niel n’en manque pas !
Voilà en tous les cas une belle illustration qui montre que le low-cost, tant décrié, est une stratégie d’entreprise comme une autre, qui crée de la valeur et qui permet de partir à l’assaut de marchés étrangers.
A l’heure où nos politiques (de tous bords) renâclent à mettre en œuvre des politiques de concurrence et ploient sous la pression des corporatismes, Free dénote, investit et vise le long terme.
Jean-Paul Agon, parce qu’il le vaut bien
Conquérant, Jean-Paul Agon ne l’est pas moins même s’il préfère le luxe de la discrétion aux sorties médiatiques du patron de Free.
Dans Les Echos ce matin, le PDG de L’Oréal annonce très simplement que cette année, « L’Oréal a enregistré une rentabilité record malgré l’environnement monétaire ». Respect.
Ce n’est pas tant l’annonce financière qu’on saluera que la vision stratégique et le volontarisme.
Là où d’autres disent (en forme d’excuse) leur angoisse face aux mutations démographiques, technologiques et économiques, le boss de L’Oréal y voit au contraire des motifs de foncer et des raisons d’accélérer son déploiement.
La mondialisation ? Une opportunité. L’Oréal veut aller conquérir des millions de nouveaux consommateurs des classes moyennes dans les pays émergents. Il y voit une source considérable de débouchés pour ses marques.
Le vieillissement démographique ? Super, les plus de 65 ans vont doubler en 20 ans « dans chaque catégorie de produit, nous préparons une gamme à haute valeur ajoutée pour ces populations ».
L’internet ? « Avec l’avènement du digital, nous avons aussi réduit certains coûts très importants, comme la publicité ou les frais de commercialisation pour une efficacité identique ».
La destruction de valeur ? Agon répond par la montée en gamme : « Les lancements de nouveaux produits contribuent à eux seuls pour 15 % à notre chiffre d’affaires ».
Belle prouesse, arguments imparables, une leçon que ne je saurais mieux dire.
Quant à Georges Plassat, il (re)positive
Oui oui, vous avez bien lu… Le troisième patron dont les propos me réjouissent ce matin, c’est le patron de Carrefour qui s’exprime dans les colonnes du Figaro. Ses annonces sont intéressantes pour les professionnels de la distribution : il réinvestit dans les galeries, il développe ses drives, et mise sur les différents formats de magasins…
Au passage, il épingle les industriels qui pleurnichent, en rappelant que le résultat des 10 plus grands groupes mondiaux de l’agroalimentaire a doublé en 10 ans.
Bien sûr, son propos se démarque du mien s’agissant des prix bas. Normal.
Mais bien que nos enseignes aient des organisations et des stratégies différentes, je partage l’analyse sur les risques encourus par notre économie. Et tous les chefs d’entreprise devraient se reconnaître dans ce diagnostic de bon sens : « la France doit s’adapter à la réalité économique ».
Ces trois témoignages sont salutaires. Alors que les Français n’osent plus croire dans leurs représentants, et que dans le monde de l’entreprise les plaintes et les revendications font le buzz, ces modèles (il y en a beaucoup, y compris dans les PME) sont des raisons d’espérer dans notre économie.
Je vous souhaite de bonnes vacances et un bel été !
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