
Madame Isabelle Adenot a été réélue aujourd'hui Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Je lui adresse toutes mes félicitations. Cette élection nous rappelle toutefois que persiste toujours une anomalie – que dis-je, une injustice ! – qui fait des docteurs en pharmacie de la distribution une sorte de sous-citoyens de la démocratie apothicaire, des parias du serment de Galien.
Cet Ordre, qui se veut représentatif de tous les pharmaciens, continue en effet à exclure de son sein les docteurs en pharmacie qui travaillent dans les parapharmacies (et pas que les para E.Leclerc, rappelons-le).
L’Ordre est organisé en « sections », chacune regroupant différentes catégories de pharmaciens : les pharmaciens d’officine, ceux qui exercent leur métier dans les hôpitaux, ceux qui travaillent dans les laboratoires, ceux qui travaillent pour l’industrie, les pharmaciens grossistes qui approvisionnent les officines… Il existe même une section pour les pharmaciens d’Outre-mer… quelle que soit leur activité !
Mais pour les docteurs en pharmacie qui conseillent chaque jour des centaines de patients dans les parapharmacies de France… rien !
Pourtant, ils ont le même diplôme et la même formation que tous les autres pharmaciens.
Un docteur en pharmacie peut donc commencer à travailler en officine (inscription à l’Ordre) puis rejoindre une parapharmacie E.Leclerc (radiation de l’Ordre) avant de repartir en officine (réinscription à l’Ordre). Vraiment, on marche sur la tête !
Dans mes interminables débats avec des représentants de l’Ordre, certains m’objectent que l’impossibilité d’adhérer à l’Ordre se justifie par le fait que les docteurs en pharmacie exerçant en parapharmacie sont des salariés, ce qui remettrait en cause leur indépendance.
Ah… mais alors, pourquoi existe-t-il au sein de l’Ordre une section ouverte à tous les autres pharmaciens salariés (notamment en officine) ?
Comble de la tartufferie, on m’explique que les docteurs en pharmacie ne pourraient pas délivrer de médicaments sans ordonnance en cas d’ouverture du monopole…parce qu’ils ne sont pas inscrits à l’Ordre. Et comme l’Ordre milite pour ne pas les inscrire, la boucle est bouclée et le système bien tenu !
L’Ordre veille donc au statu quo (et aux rentes !) dans la chaîne du médicament, même si ce n’est pas forcément dans l’intérêt des patients… ou de l’État. Faire entrer dans ce système des acteurs prêts à contenir les prix des médicaments non remboursés ? Vous n’y pensez pas !
Je connais le professionnalisme des Docteurs en pharmacie qui mettent chaque jour leur savoir au service des patients des parapharmacies E. Leclerc. Ils méritent que leur statut et leur rôle en matière de santé publique soient reconnus.
Je demande donc au nouveau Président de l’Ordre et à la ministre de la Santé de réfléchir à la création d’une section pour les pharmaciens travaillant en parapharmacie.
On ne peut pas se cacher derrière le discours de l’absence de contrôle des docteurs en pharmacie exerçant en parapharmacie, et tout faire pour les empêcher d’être membres de l’Ordre.
Les élections ordinales sont un moment important dans la vie de toute organisation. Par-delà de la défense légitime de quelques intérêts catégoriels, c’est aussi l’occasion pour les candidats d’exprimer leur vision du rôle qu’ils entendent faire jouer à leur corporation dans la vie de la société.
Chacun a bien compris que la farce de la vente de médicaments sur internet (limitée mais pas trop… ouverte à tous, mais pas trop…) ne durerait pas, et qu’il fallait réinterroger en profondeur le système si l’on ne voulait pas qu’il s’effondre. Parmi les axes de travail fixés par Isabelle Adenot pour son nouveau mandat, il y a la volonté de "poursuivre la réforme de l'Ordre".
Chiche ? En tous les cas, les docteurs en pharmacie du Mouvement E.Leclerc sont prêts à prendre leur part dans cette réflexion et dans la conduite du changement. Pour peu qu’on veuille bien les considérer à leur juste valeur...
12 Commentaires
Monsieur Leclerc, ce qui nous intéresse vous intéresse, continuez donc de les asticoter, ils passent, pas vous, pas nous. Merci.
mes expériences la semaine dernière : chez Leclerc Tavers , l'INSECT ECRAN à 11, 90 €
alors que le que choisir de cet été l'annonce à partir de 6, 90. le lendemain je trouve le même produit dans ma petite pharmacie de campagne à 7, 90 €. où est le bénéfice client ?
Parapharmacie Auchan, je demande un savon dermatologique à utiliser en cas de mycose. La pharmacienne me répond d'aller dans une pharmacie. Dans ma pharmacie, on m'a vendu un produit en vente en parapharmacie (efficacité approuvée ensuite par mon médecin).
Je comprends la lutte de la grande distri pour vendre de tout, mais si c'est pour que le client pense que grande enseigne = pouvoir d'achat, ilfaudra être vigilent.
Pharmacien et titulaire de mon officine, j'approuve votre combat. Bien entendu, j'imagine que vous militez aussi pour que nous puissions nous battre avec les mêmes armes.
À ma connaissance, vous n'êtes pas obligé de recruter un nombre de pharmacien en fonction de votre chiffre d'affaire. Vos pharmaciens ne dépendent pas de la convention collective des officines. Enfin,vous avez le droit de faire de la publicité et autres opérations racoleuses. En résumé, il est facile de réclamer les mêmes droit tout en s'affranchissant des obligations.
Pour conclure, votre combat fera bouger les lignes, mais vous battrez vous aussi pour jouer à armes égales?
Merci pour votre réponse