
Les Echos ont publié ce matin des extraits d’un rapport de l’Inspection générale des Finances qui préconise (oserais-je écrire « elle aussi » ?) l’ouverture contrôlée du monopole de vente des médicaments sans ordonnance.
Un nouveau rapport donc, qui dénonce les mêmes dérives et recommande les mêmes solutions que l’Autorité de la Concurrence, la Commission européenne, l’OCDE, les associations de consommateurs, tout un tas de cabinets d’audit qui se sont penchés sur la question…et bien sûr les Centres E.Leclerc ! (Voilà en tous les cas une analyse partagée entre E.Leclerc et les équipes de Bercy qui vient démentir une ''pseudo zizanie'' mise en scène la semaine dernière...).
Les parapharmacies E.Leclerc vendront moins cher
Je confirme la volonté des Centres E.Leclerc de commercialiser les médicaments sans ordonnance dans leur parapharmacie et sous contrôle de leurs docteurs en pharmacie. Je confirme que les médicaments pourront y être vendus 20 à 25% moins cher.
L’indépendance des politiques : indispensable
Je publie aujourd’hui sur ce blog quelques éléments nouveaux qui permettent de tordre définitivement le cou aux arguments de lobbying maintes fois mis en avant pour faire reculer les gouvernements sur ce sujet.
Il s’agit bien de courage et je reconnais que la chose n’est pas simple pour Arnaud Montebourg, Carole Delga et Marisol Touraine. Mais qu’ils regardent leur collègue Hamon qui a eu le courage de glisser un orteil sur ce terrain de l’ouverture du monopole (test de grossesse et solutions pour lentilles de contact), et ils constateront que son audace n’a pas nui à sa carrière ministérielle !
Les sommes qui sont en jeu ne sont pas anodines : plusieurs centaines de millions d’euros en jeu pour le patient-consommateur (300 M€ selon l’UFC) et jusqu’à 1,5 milliard d’euro pour l’Assurance maladie !
La disparition des pharmaciens : c’est faux !
Non et trois fois non, une telle ouverture du monopole n’entraînera pas la disparition des pharmaciens. Je le prouve ce matin sur ce blog.
D’abord je rappelle la revendication d’E.Leclerc : pouvoir vendre des médicaments en parapharmacie (je le répète pour la énième fois, pas en supermarché !) et sous le contrôle d’un docteur en pharmacie (assurant sécurité et conseil pour le patient) qui a les mêmes diplômes et les mêmes compétences qu’un pharmacien d’officine.
J’affirme que l’ouverture du monopole n’aboutit pas à la disparition des pharmaciens, bien au contraire ! La preuve avec les pays qui ont déjà ouvert ce monopole :
• Portugal (ouverture du monopole en 2005) : il y a aujourd’hui 1.500 pharmaciens de plus qu’avant l'ouverture du monopole.
• Italie (ouverture en 2006) : il y a aujourd’hui 13.500 pharmaciens de plus qu’avant l'ouverture du monopole.


Source : OCDE, "Ressources en santé : pharmaciens"
La surconsommation de médicaments : c’est faux
Argument très souvent mis en avant, agité pour faire reculer chaque ministre ou parlementaire depuis des années : élargir le réseau de vente de médicaments, c’est encourager la surconsommation de médicaments, donc mettre en danger la sécurité des Français.
Comme si la corrélation était automatique. L’Autorité de la Concurrence ne s’est (elle) pas laissée berner par cet argument : « le marché est captif dans le sens où les consommateurs n’achètent pas davantage de médicaments parce qu’ils y ont un accès facilité, mais bien parce qu’ils sont malades et doivent se soigner ponctuellement ».
Là aussi, la réalité observée contredit cet argument de pur lobbying. Je publie donc les chiffres d’évolution des dépenses de médicaments par habitant (en termes réels) entre 2000 et 2009 :
Ces chiffres (publiés par l'UFC-Que Choisir en 2012) démontrent indiscutablement qu’il n’y a pas de surconsommation du simple fait de l’autorisation donnée aux parapharmacies de vendre des médicaments sans ordonnance. Aucun des pays qui a ouvert son monopole durant la période n’a vu exploser les dépenses de médicaments, au contraire c’est même la France qui reste au sommet de la pyramide !
La baisse des prix des médicaments : c’est vrai
L’Autorité de la Concurrence est allée enquêter en Italie pour vérifier ce que déjà l’OCDE avait établi dans l’un de ses rapports : oui, l’ouverture à la concurrence fait baisser les prix en Italie, d’environ 25% ! L’exemple portugais le démontre aussi, à hauteur de 15%.
En France, plus récemment, les choses ont été démontrées avec les tests de grossesse : sitôt la Loi Consommation publiée, les Centres E.Leclerc ont commercialisé des tests à 1€. La riposte des pharmaciens a été immédiate et les prix se sont alignés. Et le prix continue de baisser.
Et si on décidait de travailler intelligemment ?
Ce blog est régulièrement la cible d’assauts corporatistes qui viennent poster insultes et menaces dès que j’évoque le sujet des médicaments sans ordonnance.
Les nouvelles données que je publie aujourd’hui en exclusivité sur ce site (d’autres suivront en septembre) démontrent que la revendication portée par E.Leclerc n’est pas une menace pour les pharmaciens.
Les chiffres le prouvent et il n’y a pas de raison qu’il ne puisse pas se passer en France, ce que l’on constate partout ailleurs. Les risques invoqués sont purs fantasmes.
La crainte de certains pharmaciens vient du fait qu’une telle réforme les obligerait à revoir le modèle économique de leur officine. Je ne le conteste pas, les jeunes pharmaciens ont acheté des officines très cher et il leur manque des perspectives de chiffres d’affaires. Travaillons ensemble à la résolution de ce problème. Y compris sur l’accès à internet.
Reconnaissons que pas un Français ne sera convaincu qu’il est moins dangereux d’acheter des médicaments sur internet (c’est possible depuis l’année dernière) plutôt qu’auprès d’un docteur en pharmacie qui travaille dans une parapharmacie E.Leclerc.
133 Commentaires
Juste pour rectifier un docteur en pharmacie et un pharmacien c'est different :
Un docteur en pharmacie est une personne qui a suivi des études pharmaceutiques et qui a soutenu une thèse d’exercice. Etre docteur en pharmacie, c’est donc un préalable indispensable pour être pharmacien. C’est une preuve de connaissance. Mais cela ne suffit pas pour délivrer des médicaments. Plusieurs autres conditions doivent être remplies.
L’indépendance et l’inscription à l’Ordre.
Un pharmacien d’officine doit être propriétaire de l’officine dont il est titulaire. Il doit en effet pouvoir exercer son métier de façon indépendante .
Il est inscrit à l’Ordre national des pharmaciens qui surveille sa déontologie et contrôle chaque année l’actualisation de ses connaissances dans le cadre du développement professionnel continu .
L’indépendance du pharmacien et son inscription à l’Ordre sont une garantie de sécurité, d’éthique pour le patient .
En etant inscrit à l'ordre le pharmacien exerce une responsabilité penale et civile envers les patients. Alors qu'un docteur en pharmacie dans une para-pharmacie ne l'exerce pas c'est toute une difference
http://www.ordre.pharmacien.fr/Nos-missions/L-examen-de-la-capacite-a-exercer-la-pharmacie/L-inscription-au-tableau
http://www.ordre.pharmacien.fr/Le-pharmacien/Le-metier-du-pharmacien/Docteurs-en-pharmacie-pharmaciens-quelles-differences
à constater une telle bonté vis à vis du consommateur,
je suppose que votre objectif est de dégager un résultat annuel le plus proche de zéro,
je m’inquiète de la survie de votre enseigne dans ces conditions.
que ferez vous lorsque vous aurez coulés les :
pharmacies
boulangeries
charcuteries
poissonneries
boucheries
magasins de presses
traiteurs
magasins multimédias
station essence
station de lavage automobile
...laissez moi deviner, prochaine étape les opticiens, les plombiers, électriciens, podologues, médecin, greffier de tribunaux.
mais que ferez vous quand vous aurez mis la France à genou.
Ou alors faites les études pour, c'est à dire les 6 ans et la thèse qui va avec, et après vous pourrez vendre des médicaments.
Cela dit...bonne soirée quand même!
Paul
avec tout le respect que j'ai pour vous, et en imaginant que votre argumentaire détaillé plus haut tienne la route , je me dois d'apporter quelques remarques (je précise que je suis pharmacien, jeune installé et donc concerné par ce projet) :
1°) comment votre docteur en pharmacie, salarié et donc à 35h , pourra assurer la couverture horaire d'une parapharmacie (environ 60h) , et assurer un conseil de qualité à lui tout seul, alors que je suis entouré d'une équipe de 3 préparateurs et d'un pharmacien pour prodiguer des conseils à nos patients (personnellement, je préfère dire patient à client). Sans vouloir faire offense aux salariés de parapharmacie, je reste dubitatif sur la qualité du conseil....
2°) le problème de la libéralisation n'est pas pour moi un problème de surconsommation , mais un problème de mauvais usage du médicament : savez-vous au moins que la iatrogénie médicamenteuse tue plus que sur la route ?
3°) Vous parlez de dérives de prix entre pharmacies : un peu osé , non ? Si une petite officine de quartier ne peut pratiquer les mêmes prix qu'une officine de centre commercial, et vous le savez très bien comme moi, c'est parce que ses volumes ne lui permettent pas d'acheter au même prix que sa concurrente; si j'osais une comparaison, c'est comme si vous crachiez sur le petit Vival de quartier qui est bien plus cher que l'hyper du coin ! Cet honnête commerçant qui bosse 70h par semaine mérite tout autant le respect qu'un dirigeant de supermarché...
4°) Pour finir, je dois vous avouer mon optimisme dans l'avenir , car après avoir parlé plus de haut d'économies , de gain pour le patient, voire pour l'assurance-maladie , je crois qu'il n'y a qu'une chose que les centres Leclerc ne pourront capter : la fidélité que nous accordent les 4 millions de français qui poussent la porte d'une officine chaque jour. Et cela , çà n'a pas de prix !
Un jeune pharmacien
Je suis pour un prix bas des produits sans ordonnance. Vous avez raison. Maintenant je suis pour que les pharmacies soient ouvertes le dimanche. Pour des questions de commodités mais aussi parce que le service des urgences est souvent saturé. Même si un pharmacien n'est pas un urgentiste, il est capable de donner un traitement contre par exemple les piqûres d'insectes.
Tout d'abord moi c'est Spam sans particule. En ce moment j'en respire assez à Paris pour ne pas en rajouter dans mes écrits J'ai conscience du savoir faire des pharmaciens. C'est un beau métier à exercer dans le beau pays qu'est la France qui peut aider l'état à faire des économies et sauver des vies. Ce que je suggère dans mon propos c'est d'autoriser les pharmaciens à ouvrir le dimanche pour compenser la perte de marge sur les fameux médicaments vendus sans ordonnance. On peut espérer ainsi vendre plus et apporter un service à la population qui peut aller acheter des clous et des marteaux tous les jours mais pas les pansements. Compenser par le volume la baisse du prix de vente unitaire est devenu le théorème de Leclerc!
Il ne faut pas confondre les bénéfices de l'industrie pharmaceutique et ceux des pharmaciens d'officine. De plus, les uns et les autres sont nécessaires à condition de ne pas être exorbitants. Ceux de l'industrie pour l'investissement dans la recherche, et ceux des officines pour en assurer la survie. Je trouve dans ces conditions la proposition d'E. Leclerc très raisonnable et mesurée ; et je ne vois pas en quoi elle met en péril l'existence des officines traditionnelles. Qaunt à "mettre la France à genou", ceci est particulièrement excessif. Les passions déchaînées chez certains par la demande de Leclerc sont le symptôme d'un autre malaise, qui se joue sur ce terrain "par accident", avec des arguments de mauvaise foi comme souvent quand la passion s'en mêle.
Personnellement, j'entre désormais avec beaucoup de réticence dans une pharmacie aujourd'hui, car je vois bien que sous l'étandard du "professionnel de la santé", c'est une logique purement commerciale qui y règne (y compris d'ailleurs dans l'aménagement matériel des officines, qui s'inspire des linéaires de supermarchés et des parcours imposés).
L'exemple le plus flagrant de cette dérive commerciale au sein du monde pharmaceutique est le numéro d'appel payant pour connaître la pharmacie de garde quand on en a besoin (généralement dans l'urgence) : c'est un moyen odieux de gagner de l'argent sur le dos des patients ; il serait très simple de fournir cette information gratuitement par l'apposition d'une affiche ou la communication de l'information aux gendarmeries.
Cette pratique odieuse et mercantile illustre bien les dérives d'un monopole que la proposition d'E. Leclerc vient heureusement remettre en question, et c'est pour moi une raison suffisante pour la soutenir. Il ne faudrait pas bien entendu qu'un autre monopole se substitue à celui-ci, mais a priori ce n'est pas le cas, bien au contraire : il est logique que des "médicaments" non remboursés soient soumis quant à leur prix aux régles du marché, et que ceux qui ont la capacité de négocier des prix bas auprès des fabricants puissent les proposer au consommateur avec un prix plus bas.
si la vôtre ne vous donne pas satisfaction, je vous invite à en changer !!
J'affiche gratuitement sur la devanture de ma pharmacie quelle est la Pharmacie de garde de mon secteur.
Ne généralisez pas les pratiques de certains ; dans toute profession il y a des moutons noirs !
sachez que les pharmacies de garde sont soumises à un calendrier fixé par la préfecture de chaque département, et que ce calendrier est fourni à chaque commissariat et gendarmerie de chaque ville ou village. Votre propos est donc complètement erroné, puisqu'il vous suffis donc de téléphoner à votre commissariat le plus proche pour connaitre la pharmacie de garde dont vous dépendez. De plus, la plupart du temps il est apposé un affichage sur les pharmacies indiquant les pharmacies de garde du weekend dans les environs.
Et concernant ce sois disant numéro payant, il n'en existe aucun à ma connaissance puisqu'il suffis d'appeler la police pour connaitre la pharmacie de garde.
D'ailleurs bon courage pour que votre centre E.Leclerc le plus proche assure un service de garde la nuit et se déplace sur demande.
@ClemPharma : le problème est que je ne vais pas traverser la France pour trouver votre officine ! J'habite dans le Var. Apparamment, d'après ce que vous dites, la pratique que je dénonce serait donc une spécificité locale... mais néanmoins départementale ! Je veux dire par là que ce n'est pas le fait de quelques "moutons noirs" isolés hélas. Aucune pharmacie n'affiche celle qui est d'astreinte ; TOUTES n'affichent que le numéro "Pharmagarde", qui est un numéro payant. En outre, ce numéro demande à indiquer le code postal de l'endroit où on est (parfois je l'ignore quand de nuit ou le dimanche j'ai déjà parcouru plusieurs dizaines de km dans l'espoir de tomber par hasard sur la pharmacie d'astreinte) ; puis on annonce les coordonnées mais il m'est arrivé souvent de devoir faire le numéro plusieurs fois (et payant à chaque fois) soit parce que j'avais entré un mauvais code postal, soit parce que le nom donné à la fin du message était inaudible.
Certains pharmaciens sur ce blog reconnaissent la nécessité de remettre en question certaines pratiques, ou plus simplement se différencier et se préparer à la concurrence que leur feront les parapharmacies Leclerc, et je pense que c'est l'option la plus raisonnable. La plus déraisonnable étant celle de ceux qui se liguent pour défendre un monopole sans se remettre en question et en donnant de leur pratique une image très idéalisée...
Je pourrais citer un exemple à l'appui de ce que je viens de dire : je connais une officine qui a décidé d'ouvrir 7j/7 (et grâce à elle, je me passe désormais du pseudo service "pharmagarde") et en discutant avec son gérant, j'ai appris qu'il était l'objet de l'hostilité de tous ces confrères des environs, lesquels s'employaient seulement à lui mettre des batons dans les roues. Il ne s'agit pas de M.E.L. pourtant ;) , mais que de ressemblances avec ce qui se passe ici et qui est très instructif pour un observateur extérieur...
@Robin : oui, je connais le principe de l'astreinte, mais je répète qu'aucun commissariat et aucune gendarmerie ne donne l'indication de la pharmacie de garde dans ma région mais uniquement le numéro de "pharmagarde". Ce sont des faits. Vous ne pouvez pas dire que mon propos est erroné ni parler d'un "soit disant numéro payant" qui n'existe pas à votre connaissance : je viens de vous citer précisément le nom de ce service et le département où il fonctionne. Je me doute bien d'autre part que je ne vais pas trouver un service de garde dans une parapharmacie du centre E.Leclerc le plus proche et, sans vouloir répondre à la place de M.E.L sur ce point, il est néanmoins clair que vous faites un amalgame et que la conclusion de votre post est totalement hors sujet. J'ai donné l'exemple de ce numéro payant uniquement pour illustrer l'affirmation initiale que les officines sont déjà dans une logique commerciale et que l'argument de la santé et celui de la déontologie a parfois bon dos... Mais mon propos était nuancé aussi : car j'ai reconnu la nécessité pour ces officines de dégager des bénéfices, ne serait-ce que pour faire face à leurs charges. Cela étant dit, l'évolution logique d'une telle logique commerciale est l'acceptation de la concurrence et si M.E.L. prétend pouvoir vendre du Spasfond 20 à 25% moins cher qu'en officine, vous ne pouvez pas vous y opposer autrement que par des arguments hors sujet, sauf à réclamer que ce médicament ne soit délivré que sur ordonnance et à obtenir son remboursement et un encadrement de son prix.
mais si mais si
il vous faudra bientôt chercher une GMS ouverte le dimanche pour la garde,
c'est comme les pompistes...
Si vous pensez que les pharmaciens vont continuer ainsi..
Au fait travaillez vous 7 jours sur
Pourquoi embaucher uniquement des Docteurs en Pharmacie?
Qu'en est-t-il des Préparateurs en Pharmacie qui travaillent sous la responsabilité des pharmaciens ?
Après tout il est aussi apte à dispenser des médicaments notamment grâce à ses connaissances en biologie, biochimie, botanique mais surtout en pharmacologie ! Il a le sens du contact & est capable également de conseiller des produits cosmétiques de parapharmacie. Bonne journée
Manon
je suis un peu étonné par vos arguments.
Vous dites que vous vendrez 25% moins cher. Bien. Alors pourquoi ne l'avez-vous pas déjà fait en Italie ou même en France sur la Para (je benchmark régulièrement vos prix et suis très étonné de voir que vous ne proposez, somme toute, rien de réellement différenciant quand on enlève la beauté du merchandising).
Vous me rétorquerez que si, en prenant un panier qui vous arrangera (c'est votre expertise). D'autres études montrent bien le contraire.
Vous êtes sans aucun doute un excellent homme d'affaires. Donc vous ne pouvez ignorer qu'une pharmacie, généralement (je ne parle pas des grosses structures) , ne peut vivre économiquement que de la vente de médicaments prescrits : les marges sur ces produits s'affaissent (elles sont décidées par l'état). Les officines se "rattrappent" donc un peu sur les produits OTC et la Para, qui ne touchent pas au déficit de la sécu.
Donc pourquoi ne pas demander les médicaments prescrits? Serez-vous réellement capable d'aider la sécu en les vendant moins cher que ce qu'elle demande?
Parce qu'in fine, ce qui coûte cher au particulier (mais indirectement, donc vous n'intégrez pas cela dans votre discours), c'est bien la sécu, non?
Bref, j'ai pas mal vécu à l'étranger, et je suis très étonné quand je vois des comprimés d'aspirine Hello Kitty (pour ne citer que cela) vendus une fortune.
Votre technique de casser une forme d'équilibre pour n'attirer à vous que la partie de l'équation qui vous intéresse est facile, certes, mais insultante pour votre intelligence (mais pas votre portefeuille).
Vous parlez de courage, alors ne rentrez pas dans des discours démagogiques et intellectuellement peu honnêtes. Selon le vieil adage, la base de la pédagogie est la "répétition". Chez vous cela prend plutôt l'apparence de la propagande.
je vous félicite pour vos qualités de communication et de manipulation. Vous êtes vraiment excellent. Vous savez tourner les chiffres comme ils vous arrangent. Pour avoir fréquenter divers para leclerc, la présence CONSTANTE (c'est à dire 60h/sem) d'un pharmacien n'est pas respectée.
L'exemple que vous citez de 1.5 pharmacien/para démontre bien cette volonté de manipuler les chiffres.
Une pharmacie c'est une équipe de pharmaciens et de préparateurs. Dans les para leclerc, il est courant de voir des non diplomés issus du supermarché compléter l'effectif.
- l'enjeu serait de 1.5 milliard pour l'assurance maladie. Or la proposition concerne les médicaments non remboursés. Comment l'expliquez-vous ?
- Je veux bien croire que les pharmaciens ne disparaîtront pas mais on est en droit de se poser la question de la disparition des officines physiques sur le territoire français. Or les premières affectées seront les officines situées en zone rurale; là où votre présence est largement moindre. Il en résultera l'émergence certaine de déserts pharmaceutiques. Vous êtes prêt à travailler intelligemment : que proposez-vous alors pour éviter une déstabilisation du maillage territorial ?
- Votre tableau relatif à l'évolution de la consommation ne démontre en rien votre assertion. Il aurait fallu prendre l'exemple de chaque Etat et comparer l'évolution de la consommation avant et après la libéralisation. On ne peut comparer que deux choses équivalentes. A la rigueur, on pourrait accepter le cas du Danemark mais il ne permet nullement d'affirmer qu'il n'y aurait pas d'augmentation de la consommation.
- La baisse de 20 à 25 % attendue me paraît largement optimiste : pourquoi ne pas prendre une baisse supposée de 15 % comme le cas du Portugal. La prudence me paraît être de mise sachant que l'exemple italien me paraît trop récent pour être pris en considération. De plus, les modalités de mise en place d'une parapharmacie Leclerc avec pharmacien ne me semblent pas être un élément permettant d'optimiser ce chiffre.
- Que proposez-vous aux jeunes officinaux titulaires pour sortir du désarroi psychologique et économique dans lequel ils se trouvent ? Car il leur faudra davantage qu'un simple groupement d'achat pour affronter les groupes pharmaceutiques et autre chaîne de distribution parapharmacie Leclerc pour sortir la tête de l'eau. Il faut savoir aussi que l'expertise d'un pharmacien repose essentiellement sur une reconnaissance sociale. Ainsi, les demandes de libéralisation successives détériorent l'image de ce professionnel de santé très fortement.
Cher MEL vous indiquez qu'en moyenne, il y a 1,5 pharmacien par para Leclerc. Donc, si je réalise un calcul que j'étends à l'ensemble des centres portant votre enseigne, dans les para Leclerc, il y a un pharmacien présent 35*1,5= 52h30 par semaine pour des para accueillant les clients au moins 70 h par semaine (ce doit être une amplitude moyenne assez correcte). Si j'abandonne un raisonnement où l'on fait travailler des moitiés d'être humains, il se trouve donc des para Leclerc où la (quasi)totalité de l'amplitude voit un pharmacien présent, et d'autres où il n'y a un pharmacien qu'une partie du temps d'ouverture, et au minimum, 35h sur 70.
Dans l'hypothèse où la vente de médicaments sans ordonnances vous serait autorisée, êtes vous prêt à prendre l'engagement ferme que l'ensemble de vos coopérateurs emploieront le nombre de pharmaciens nécessaires dans chaque para pour qu'il y ait au moins un pharmacien présent depuis l'ouverture jusqu'à la fermeture de celles ci ?
Cordialement,
Rémi Dufourcq-Lagelouse
Pharmacien de banlieue